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*Amandine charroyait son fardeau jusqu'au Golgotha du sixi<78>me. SOS Bon Samaritain sonnait occupŽ et le sac Prizu prenait de la cellulite ˆ chaque marche. De quoi vous fusiller ce crŽtin de bon sens populaire qui voudrait que l'attraction terrestre s'amoindrisse proportionnellement au nombre d'Žtages. Des fois, on en maudirait Newton.
*.
*La voisine d'Amandine Žtait une sorte de femme des bois, tout juste dŽgrossie de l'‰ge des cavernes. Mais discr<63>te, elle montrait rarement le bout de son tubercule.
*La presse fŽminine Žtait une antith<74>se de la rŽalitŽ. Plus les courbes du dŽficit commercial faisaient grise mine, plus les cover-greluches irradiaient de bien-<2D>tre. Le papier glacŽ sentait bon l'amour, le bonheur, la laque et le blush rose nacrŽ.
*Le chat dormait, recroquevillŽ, un rictus de bŽatitude rivŽ sur le visage. Parfois, sa queue se trouvait prise de convulsions subites et semblait retourner ˆ l'Žtat sauvage. A quoi ce stupide mammif<69>re pouvait-il bien r<>ver?
*Amandine alluma la tŽlŽ. Un dr™le d'engin en formica, le genre albanais rŽcupŽrŽ qu'il fallait mieux mettre en branle ˆ 16H pour esp<73>rer obtenir le journal du soir.
*Amandine agrippa le chat par la peau du cou. L'animal -pourtant r™dŽ ˆ ces mani<6E>res expŽditives- cržt sa fin proche, sans doute une rŽminiscence d'une vie antŽrieure o<> il fžt lapin d'Žlevage ou prisonnier politique en Turquie. "Tu vas choper un mŽga-surplus d'hydrates de carbone! a sert ˆ rien que j'Žquilibre ton alimentation si t'y mets pas un peu du tien! Allez, on va t'oxygŽner les moustaches."
*Amandine dŽcida d'en Žcraser un peu. Rien de tel qu'une ronflette pour se refaire une santŽ. Elle s'emmitoufla dans de beaux draps et laissa son inconscient se faire la malle.
*L'amoncellement de linge en concurren<65>ait l'Anapurna. Cette population bafouŽe -torchons ˆ l'agonie, sous-tif' affriolants mortifiŽs- s'unissait comme un seul homme pour implorer sa dose d'enzymes. "Va encore falloir aller gal<61>rer au Lavotronic" dit-elle au chat, qui s'en foutait.
*Amandine empoigna l'espagnolette et son courage ˆ deux mains. Elle soupesa la goutti<74>re qui Žpousait la fa<66>ade de l'immeuble en lui faisant, <20>a et lˆ, quelques grin<69>antes infidelitŽs. Ses ballerines, qui pourtant avaient foulŽ toutes les pistes du Palace au Balajo, glissaient sur la t™le humide du toit parisien.
*.
*"La drogue est le flŽau des temps modernes! Elle enrichit des puissances Žtrang<6E>res, elle propage le sida si la seringue est utilisŽe sans prŽservatif, elle ruine la sŽcuritŽ sociale!"
*"La drogue cožte cher! En shoot, en ligne ou en joint, la lessive est le nouveau trip francais, branchŽ et Ž-co-no-mique! Pour tous budgets, pour tous publics! Amis droguŽs, mourez blanchis, pas ruinŽs! La prochaine fois, d”tes oui ˆ la lessive!"
*Tous ces gadgets japonais, c'Žtait comme un ordinateur chez soi: de l'attrape-zozo. Sensible aux chutes de pression en donnŽes corrigŽes des variations saisoni<6E>res, la tŽlŽ zappait toute seule. Une fois, elle avait embrayŽ sur un programme pirate vietnamien en surimpression avec la RTBF. Le rŽparateur communiste avait d'ailleurs pleinement apprŽciŽ l'objectivitŽ du tube cathodique.
*.
*L'antenne semblait remonter ˆ une Žpoque o<> la tŽlŽ n'avait pas encore vu le jour. Amandine sais”t l'engin et le dirigea vers la tour Eiffel, avec le curieux sentiment de profaner une relique carolingienne.
*Amandine avait oubliŽ sa doublure aux vestiaires. Elle trŽbucha et se vit dŽjˆ rŽciter trois pater noster pendant sa chute. Le peuple aurait retrouvŽ le corps encore ti<74>de d'une jeune rouquine, Žtendu sur le pavŽ de la Butte, en se disant que c'Žtait bien malheureux de mourir ˆ cet ‰ge lˆ. On aurait dissertŽ sur cette chienne de vie pendant que le chat aurait hurlŽ ˆ la mort pour rŽclamer son graillon.
*Amandine voulut regagner la terre ferme de son studio et envoya un orteil en reconnaissance. La goutti<74>re tenait bon. Comme quoi, le matŽriel fran<61>ais...
*.
*Le combinŽ coincŽ dans l'Žpaule, Amandine compulsa son calepin en tirant la langue. Elle passa en revue m<>re, exs et vieilles copines avant de tomber sur le numŽro de son jules du moment, nichŽ parmi les centres anti-poison, džment repertoriŽs depuis que le chat avait avalŽ la bombe de dŽodorant fraicheur sauvage. Mario: 49 84 25.
*-Allo Mario, l'amour t'appelle!
*-Non? Tu veux dire que tu plaques ta m<>re ce soir?
*-Et en plus j'ai faim comme un ch™meur en fin de droits, profites-en...
*"La cha”ne du Bonheur, bonsoir". On sentait que la dŽgaine s'essoufflait du tire-larigaud matinal ˆ la rŽsignation difforme du soleil couchant. Un condensŽ d'existence en huit heures chrono. MŽtro, bonjour galvaudŽ, navet du soir ˆ la tŽlŽ. La godiche du tŽlŽphone remettrait le couvert le lendemain matin, le temps de s'offrir un smile rechappŽ durant la nuit. "Tr<54>s bien Mademoiselle, toute l'Žquipe de B comme Bonheur compte sur votre prŽsence!"
*"Et merde. Personne."
*.
*Un objet souriant et fŽminin envahit bient™t l'Žcran. 625 lignes de joie de vivre. "Vous dŽsirez participer ˆ notre grand jeu "B comme Bonheur" et repartir avec un merveilleux voyage? TŽlŽphonez des maintenant au 40 23 08!".
*Assez de communication moderne pour aujourd'hui. Amandine coupa le sifflet de la tŽlŽ, qui hoqueta (d'habitude elle ne faisait que grincer). Et si c'Žtait la fin? Un pressentiment morbide lui tenailla soudain les maxillaires, un peu comme quand on laisse avec inquiŽtude s'endormir une grand-m<>re tremblotante.
*.
*-Allo?
*-Amandine c'est toi? Que deviens-tu?
*-Amandine Palmer, bonjour!
*-C'est toi Maman?
*.
*-Mais oui Maman, c'est moi! Qui veux tu que ce soit d'autre?
*-Ah on ne sait jamais! Puis-je te rappeler que c'est parfois une voix masculine qui rŽpond ˆ ta place...
*-Mais oui, c'est un copain.
*-Je me doute bien que ce n'est pas une copine, encore que maintenant. Et comment s'appelle t'il ton... ton copain?
*-Mario.
*-Il n'y a pas assez de gar<61>ons comme il faut en France pour toi? Maintenant tu vas les chercher ˆ l'Žtranger!
*-Etranger? Je te rappelle que Papa Žtait canadien et qu'en plus t'as jamais voulu te remarier.
*-Justement, si ton p<>re Žtait encore lˆ pour te voir, il se retournerait dans sa tombe pour mourir de chagrin!
*-Bon j'te quitte, Rachid et Mamadou vont s'impatienter.
*.
*.
*-Amandine, tu es inconsciente!
*-Bin quoi?
*-Voilˆ bient™t deux semaines que je n'ai pas de nouvelles de toi! Alors comme <20>a, je ne compte pas, le monde peut bien s'Žcrouler, on ne prend pas une minute pour rassurer sa vieille m<>re!
*-Allez maman, m'enl<6E>ve pas l'envie de me reproduire.
*-Ne dis pas de grossieretŽs devant moi, veux-tu? Je sais bien que les temps ont changŽ et que les jeunes s'imaginent ne plus avoir besoin de leurs parents, mais ce n'est pas une raison pour ne pas surveiller ton langage! Je crois t'avoir donnŽ une Žducation catholique et convenable!
*-Surtout catholique.
*-Traite moi de m<>re juive pendant que tu y es!
*-Je voudrais pas heurter tes convictions religieuses, ˆ plus tard...
*.
*.
*.
*-On fait aller la routine couci-cou<6F>a...
*-Oh toi tu me couves quelque chose! Est-ce que tu manges bien au moins?
*-Mais Maman, si je t'Žcoutais je m'empiffrerais de galettes bretonnes estampillŽes 100% Finist<73>re.
*-Quand m<>me, ˆ ton age, on a bon appŽtit! Au lieu de <20>a, Mademoiselle va dans les restaurants japonais manger des poissons vivants avec du riz jaune!
*-J'ai vŽcu mon sevrage aussi bien que ta mŽnopause! Je tiens pas ˆ reprendre la culotte de cheval aprŽs toute une croissance mitonnŽe au bouillon gras.
*-A propos de cuisine, les jeunes d'aujourd'hui prŽtendent ne plus avoir besoin de leur m<>re, pourtant j'en connais une qui ne se fait pas prier quand il y a du lapin ˆ la moutarde ˆ la maison!
*-Maman, t'es pas raisonnable. Bon je file, le chat doit avoir fini de r™tir.
*.
*.
*-Tu attendais sans doute quelqu'un d'autre! Merci pour moi!
*-Maman, commence pas ˆ piquer ta crise, j'attendais personne.
*-Allons! Une grande fille comme toi, tu penses quand m<>me aux gar<61>ons, non?
*-Qui <20>a, moi? Non... Sauf qu'ˆ chaque fois que je sors, je dŽclenche des Žmeutes.
*-Tu ne songerais pas ˆ faire ta vie avec avec un futur dŽputŽ par hasard? Je peux te prŽsenter un Žtudiant de l'ENA qui te plairait beaucoup!
*-Je prŽf<C5BD>re juger sur pi<70>ce. J'ai jamais aimŽ la vente par correspondance.
*-C'est le fils d'une amie qui frŽquente le m<>me club de Scrabble que moi, il a encore un peu d'acnŽ mais tu gagnerais beaucoup ˆ le conna”tre!
*-Maman! Plut™t Žpouser un dŽveloppeur de logiciels existentiels! D'ailleurs j'en connais un ou deux que je te prŽsenterai un autre jour, ciao!
*.
*.
*<2A>tait-ce du sommeil des justes? Amandine dormait en chien de fusil. Elle avait la lŽthargie dŽcidŽe, fÏtale, mais aimable et lŽg<C5BD>re, parfois accompagnŽe d'un ronflement modulŽ. Une imperceptible mŽlopŽe soprano ˆ travers un nez en trompette.
*.
*.
*.
*"La rŽcolte va <20>tre bonne cette annŽe! Quelle jouissance saine et rustique de retrouver le gožt du vŽritable chat sans colorant ni conservateurs, comme savaient si bien le prŽparer nos grand-m<>res, dans le respect d'une tradition perdue dans la nuit des temps!"
*"Apr<70>s tout, les bŽbŽs naissent bien dans les choux!"
*Chaque chat Žtait ˆ point, gorgŽ d'ultra-violets, la peau tendue, le poil dru et luisant. Quand le zŽphir du sud se prenait d'une toquade passag<61>re, ils s'entrechoquaient mollement, fragilement accrochŽs ˆ leur branche. Autre chose que ces chats industriels pour citadins, ces matous computerisŽs et momifiŽs sous cellophane.
*.
*"Malheureux! Ils sont m<>me pas mžrs!"
*"Une bonne fricassŽe d'angoras! Par ici la bonne soupe!"
*.
*"Amandine, tu sais bien que ce n'est pas dans mes habitudes de m'immiscer dans tes affaires personnelles, tu es une grande fille maintenant!"
*"Je connais un chef de rubrique au Journal Officiel qui te plairait beaucoup! Tu pourrais te marier avec lui, te MARIER! Comme j'aimerais te voir en robe blanche avant de mourir. Tu pourrais bien le faire pour ta vieille m<>re!"
*"Evidemment, pour vous les jeunes, <20>a ne veut plus rien dire se marier en blanc, ni m<>me se marier d'ailleurs! Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour avoir une fille pareille, je dois <20>tre une mauvaise m<>re. Amandine tu me feras mourir de chagrin!"
*.
*Curieux comme Amandine pouvait se sentir fatiguŽe apr<70>s avoir dormi. Comme si le linge pouvait <20>tre encore sale apr<70>s une machine ou une lady encore inculte apr<70>s avoir lu Madame Figaro.
*-ChŽri, dis moi des mots gentils...
*-Heu... Sur les cent battements de mon cÏur, y'en a au moins quatre-vingts rien que pour toi!
*.
*-Oh, mon chou...
*-Ecoute mon p'tit cÏur! Je t'ai dŽjˆ dit mille fois de pas m'appeler mon chou. Tirons-nous d'ici.
*.
*-Et puis tu sens bon comme un minnestrone au coin du feu.
*-On va chez toi ou chez moi?
*.
*-Amandine, tu vas rigoler...
*-Je me tiens dŽjˆ les c™tes.
*-Je crois que ce boui-boui minable n'accepte pas les cartes VIP, et je viens de m'apercevoir que j'ai pas tellement de cash sur moi.
*-Morte de rire, je me marre...
*-C'est con, parce qu'avec la carte VIP j'ai des super avantages: par exemple je peux payer sans probl<62>mes une vŽritable peau de phoque chez M. Gl”k, Žpicier dŽtaillant ˆ Reykjavik!
*-En attendant tu peux pas raquer chez les parigots! La derni<6E>re fois que tu m'as fait le coup, le proprio a failli transformer mon chat en salami.
*.
*-Tu sais que si je veux, je retire une brique ˆ n'importe quelle banque de Johannesburg avec ma carte VIP!
*-Fais fissa pour trouver quelque chose si tu veux pas devenir refugiŽ Žconomique ˆ retirer une tonne de vaisselle aux cuisines. Je tiens pas ˆ devoir acheter trois cents pizzas au salami pour reconstituer Humphrey!
*-Tous les grands de ce monde utilisent la carte VIP. Tu te rends compte que j'ai la m<>me que le rŽvŽrend Jimmy Swaggart?
*-T'as qu'ˆ demander au Seigneur de rŽgler la note. Je veux plus jamais te voir, ni devant un distributeur de billets ˆ Beyrouth ni ailleurs! Je me tire, basta!
*-Tu veux perdre mon amour pour gagner deux cents balles, c'est mesquin!
*.
*-Heu Amandine? Tu peux pas me pr<70>ter deux cents balles? Je te les rembourse, promis.
*-C'est la derni<6E>re fois! Tu sais combien de bo”tes de Whiskas <20>a reprŽsente, deux cents balles?
*-Cinquante, cent, deux cents... C'est bon. Laisse, laisse, c'est moi qui t'invite!
*.
*"Vois-tu chŽrie, il m'a toujours semblŽ que la jeunesse n'Žtait qu'un leurre prisonnier de la contrainte du temps. A quoi bon faire de son jeune ‰ge une qualitŽ, si ce n'est ˆ se dŽprŽcier de jour en jour?"
*"Par contre, si tu assumes immŽdiatement ton statut de personne ‰gŽe douŽe de l'expŽrience de la vie, tu te bonifieras au fil du temps. Comme ce bon vin, tiens! Enfin pas comme le Beaujolais, mais le Mouton Rotschild, oui."
*"D'ailleurs pour l'‰ge c'est bien simple, j'en ai parlŽ dans mon tout dernier bouquin qui vient juste de para”tre, tout frais tirŽ de l'imprimerie."
*"Vous auriez pas du patŽ de foie pour aller avec?"
*.
*.
*C'est vrai, Mario en faisait un peu trop. D'une chiquenaude sur l'arri<72>re-train, il extirpa une bout-filtre de son paquet de blondinettes. AprŽs avoir abattu quelques formalitŽs (mon rougnougnou ˆ moi, je prends la salle de bain en premier?, tu m'aimes?, j'y vais sinon tu restes trois heures, menteur c'est toi qui flingues le ballon d'eau chaude, t'as les pieds froids, tu m'aimes dis?), Mario tourna ses talons de poor lonesome lover et repartit vers de nouvelles aventures... To be followed.
*.
*-Aahhhhh... Mon lapin, ma mŽnagerie, mon canard laquŽ...
*.
*-C'est ˆ moi que tu parles?
*-Non, c'est au chat.
*.
*-A•e!
*-Quoi? T'es ˆ court de mŽtaphores?
*-Non, c'est ton coude qui me fait mal.
*.
*-Bon, c'est pas le tout, faut que je me l<>ve, Humphrey doit crever la dalle, son estomac crie famine, tu entends?
*-Evidement, tu voulais pas que je lui donne ˆ manger hier soir!
*-Je te rŽp<C5BD>te qu'il dig<69>re tr<74>s mal les spaghetti carbonara, et en plus c'est vachement mauvais pour son cholestŽrol.
*-Alors va vite lui porter sa pitance calorif<69>re en yaourts 0%, sinon il va mourir d'inanition et on t'accusera de non assistance ˆ chat affamŽ.
*-Et pour le p'tit dŽj' que Monsieur prendra avant de partir, ce sera bouchŽes au lapin ou croquettes au bÏuf?
*.
*A few minutes later, Mario quitta la sc<73>ne sur la pointe des coussinets, non sans avoir dŽcochŽ ˆ Amandine un baiser chaste et rituel et esquissŽ un salut craintif au chat qui se goinfrait avec une gloutonnerie toute fŽline des restes du chili con carne surgelŽ de l'avant-veille.
*.
*Un rien suffisait ˆ sortir le chat de sa torpeur coutumi<6D>re. Une balle, un papillon ou le dernier numŽro de Jours De France pouvait le customiser en boule de nerfs turbocompressŽe. Humphrey Žtait toujours restŽ un grand enfant.
*Amandine foulait le sable des Buttes Chaumont d'un talon all<6C>gre, ravie que l'animal se cabotine les globules et s'a<>re la mŽlanine.
*Un jeune homme se retourna, Žcarquilla les mirettes, jetta ses merlans frits sur le chat et s'adressa ˆ l'autre bout de la laisse.
*.
*.
*.
*Une escouade de poulpiquets braillards s'affairait dans le bac ˆ sable. Avoir un enfant, voilˆ au moins quelque chose qu'Amandine ne pouvait pas reprocher ˆ sa m<>re.
*Avoir un mouflet, au fond, why not? Sentir le jeune profiter ˆ l'intŽrieur de soi, comme un tŽnia gŽant, non, non, plut™t comme une bouture au cÏur battant, Žtirant peu ˆ peu ses tentacules, non, non, ses bras roses et potelŽs. Et si le chat Žtait jaloux?
*Sžr que si Amandine venait ˆ se reproduire, le dr™le annexerait bient™t le gourbi ˆ coups de Fisher-Price. Le temps passant, il vivrait son trip acnŽique sur Finkelkraut ou OK Magazine. Et un jour, il voudrait devenir peintre conceptuel au lieu de suivre la nationale qui l'aurait conduit au si<73>ge de dŽputŽ ou d'expert-comptable que sa m<>re lui destinait...
*Mais ce putain de gosse serait le plus beau de la stratosph<70>re. Un lardon plein de vie qui rendrait jaloux les mecs, ces p‰les eunuques hŽmiplŽgiques du bassin, ces voies sans issues incapables de compter jusqu'ˆ trois.
*Merde, pourquoi avait-on envie de cajoler ses enfants et d'abrutir de baffes les gniards des autres?
*.
*.
*-Qu'est-ce qu'il a l'air doux vot' chat, Mademoiselle, il est neuf?
*-Laissez mon chat tranquille esp<73>ce de minable!
*-M'enfin!
*-Satyre! Des pervers qui r™dent dans les jardins publics pour app‰ter les jeunes filles! Vous devriez avoir honte, il y a des enfants et un chat qui vous regardent!
*-Vous <20>tes de la bridage des mÏurs?
*L'homme tira de son veston une carte de visite mod<6F>le merloque, il la glissa entre les griffes d'Amandine avant de battre en retraite vers son domicile le plus proche.
*.
*.
*-Qu'est-ce qu'il a l'air doux vot' chat, Mademoiselle, il est neuf?
*-Je viens de le faire rŽviser l'autre jour, il s'Žtait coulŽ une bielle et bouffait trop d'huile.
*-J'ai de la Esso allŽgŽe pour lui et du whisky alourdi pour nous, <20>a vous va?
*-Bof...
*-Mais si, je vous ferai voir mon nouveau Complac 986 ZGA et pi mon scanner Ciklop et pi mon disque extra-dur Hafiza pi...
*-J'abandonne, sinon vous allez commencer ˆ me parler de vos histoires de C...
*-Ah, je savais bien que personne pouvait rŽsister ˆ l'appel de la micro!
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*Amandine sacrifia le rectangle de bristol en faisant la moue. Ce grand dadais s'Žtait sans doute octroyŽ une adresse emphasŽe, un job pompeux et un tŽlŽphone de voiture qui lui cožtait toute la peau des yeux. Quel crŽtin...
*"Si je te transformais en col de fourrure, dit Amandine au chat qui la prŽcŽdait sur le chemin du retour, <20>a serait tr<74>s seyant pour cet hiver!"
*.
*.
*-Alors c'est <20>a votre ordinateur?
*-Ordinateur? C'est une solution personnelle compatible...
*-Et compatible avec quoi? Encore de l'imitation! Si vous voulez mon avis, ces gens lˆ manquent d'originalitŽ!
*-Oui, mais on n'imite que ce qui est bien!
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*.
*-Pas d'accord, mon chat est inimitable. Il n'y a pas de compatibles Humphrey!
*-Il a pas encore trouvŽ l'‰me-sÏur? Enfin, ˆ part vous je veux dire...
*-Pour avoir toute une nichŽe de clones miaulant ˆ qui mieux-mieux? Tr<54>s peu pour moi!
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*.
*"Il suffit qu'un ordinateur porte trois lettres pour que tout le monde se jette dessus, fit remarquer Amandine. Le jour o<> IBM fabriquera des machines ˆ coudre, la terre enti<74>re se mettra au point de croix Microsoft."
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*.
*-Qu'est-ce que tu prŽf<C5BD>res (on peut se dire tu?) que je te serve un Viandox ou venir t'asseoir sur le canapŽ avec moi?
*-J'ai l'impression que le chat a de dangereux penchants Žthyliques, je lui mettrai de l'Alka-Seltzer avec sa soupe de lŽgumes demain matin.
*-Come on! Laisse le chat ˆ Cognac, les gondoles ˆ Venise et pissent les merinos.
*.
*.
*-Mais dis quelque chose au lieu de me regarder avec ces yeux de bÏuf mironton!
*-Tu veux pas que je te dise que tu es la chose qui compte le plus pour moi apr<70>s mon ordinateur?
*-Ou que je suis belle comme un driver d'imprimante, change de disquette coco, j'ai dŽjˆ donnŽ!
*-Te f‰che pas ma p'tite puce...
*-Mon p'tit pixel...
*.
*.
*-Chouiteharte...
*-Oh baillebie!
*-You've got lovely eyes, don't you know?
*-Attends...
*-Quoi? Tu veux pas que je t'embrasse?
*-Si, mais je sors mon rouge ˆ l<>vres.
*-Ouais, la prochaine fois je tourne dans un jeu en noir et blanc.
*.
*.
*-Qu'est-ce que tu fais encore? C'est quand tu veux!
*-Voilˆ, voilˆ!
*-J'aime bien avec toi, c'est tr<74>s spontanŽ, on n'a pas le temps de rŽflŽchir.
*-Un instant... J'arrive!
*.
*.
*-Tu fais ta demande en trois exemplaires ou quoi? Dis, je vais pas rester poireauter toute la nuit!
*-Une minute... Je suis ˆ toi!
*-Si j'avais su, j'aurais sorti mon tricot, ou alors mon jokari.
*-Deux secondes... Je suis dŽja lˆ!
*.
*.
*-Magne toi sinon je vais attraper froid aux orteils, et quand je me g<>le les rutabagas, je vaux pas un clou...
*-Commence sans moi je te rejoins.
*-Ah bin elle est belle l'Žmancipation fŽminine! Maintenant les femmes ont le droit de voter comme leur mari et de faire l'armŽe, et les mecs peuvent rester deux plombes dans la salle de bain!
*.
*.
*.
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*.
*.
*.
*-Ho Baby, quand tu m'embrasses, j'ai l'impression d'<27>tre la trompette de Chet Baker...
*-C'est qui?
*-Un pianiste, tu connais pas.
*.
*.
*-a te fait quelque chose ici?
*-Heu... Non.
*-Et lˆ?
*-Bin non...
*-Pas ici quand m<>me?
*-Siiiiii!!!
*-Mince, une clitoridienne, c'est bien ma veine.
*.
*A cause de deux-trois chromosomes le M‰le bombait le torse et perdait ses cheveux. Se raser, pisser debout, sentir une presque-”le dissidente et charnue entre les gambettes, n'avoir jamais ni rŽgles ni enfants. Peut-<2D>tre Žtait-ce pour <20>a -et seulement pour <20>a- que les hommes bandaient sur les GTI et les gros nichons.
*Tous deux s'Žtaient montrŽ la plus intime de leurs intimitŽs assez vite pour ne pas y rŽflŽchir. Un Žchange nŽgociŽ ˆ l'amiable. On sortait son cul sur un coup de t<>te. Amour-blitz, on montrait son jeu avant m<>me de lancer les pendules. Et les bigotins, ˆ coup de mŽtaphores bovines, de prohiber le vagabondage sexuel en expliquant comment ne pas mettre la charrue de la fornication avant les bÏufs du mariage...
*-Dis, Raoul...
*-Oui Paulette?
*-Je t'annonce une bonne nouvelle...
*-Quoi? T'es dŽjˆ en cloque?
*-J'ai tŽlŽphonŽ ˆ mon jules...
*-T'avais dŽjˆ un mec?
*-Mais je lui ai tŽlŽphonŽ pour lui dire que je le plaquais!
*-Ouf, j'aime mieux <20>a.
*-Enfin, <20>a sonnait occupŽ, mais ma dŽcision est quand m<>me prise. De toutes fa<66>ons je suis sžre qu'il me trompait dŽjˆ avec une fausse blonde.
*-Autrement je me serais occupŽ de rŽgler le compte de ce petit branleur qu'a osŽ te draguer avant moi!
*.
*-Tu sais Amandine, si tu veux on pourra se revoir un de ces jours
*-Quoi?!
*-a me dŽrange pas du tout, tu sais!
*-Je viens de passer un coup de fil ˆ mon mec pour l'envoyer balader et tu me dis que <20>a te dŽrangerait pas de me revoir!
*-En fais pas tout un couscous, je veux pas dire que c'Žtait nul, mais enfin, bon.
*-Retiens moi ou je t'Žtrangle!
*-Fais gaffe, <20>a laisserait des empreintes sur la mousse ˆ raser!
*-Esp<73>ce de macho•deux! Je reste pas une minute de plus ici!
*-Personne t'obligeait ˆ coucher avec moi...
*-Les mecs sont tous des salauds, sauf Humphrey peut-<2D>tre. Je me casse, bon vent!
*.
*.
*Par amour abnŽgatoire, Amandine avait pris le relais de son dŽveloppeur de mari. Sortir le logiciel de son ghetto, c'Žtait ŽchevelŽ et gŽnŽreux. Aujourd'hui, les rŽclames pour les jeux hypertrophiaient les Žcrans tŽlŽ. A c™tŽ des quelques auteurs qui monopolisaient les gondoles, le mouvement du jeu alternatif rŽsistait. Et pour faire tourner le moulin, Amandine bradait ses disquettes dans la bise du matin. Pas pire que de nŽgocier des aubergines, au moins <20>a se conservait mieux.
*.
*-Faites un peu voir vos disquettes...
*-On a une promotion aujourd'hui m'dame Boulardon, "Les trois filles du docteur Palmer" et "Palmer tel fils" en paquet familial.
*-Ils sont bien frais vos logiciels?
*-Pour sžr! ProgrammŽs sur des ordinateurs en terre cuite!
*-Biologiques alors, comme <20>a s'fait maintenant?
*-Comme j'vous l'dis m'dame Boulardon!
*-Alors mettez m'en deux livres, j'devrais en donner ˆ mon p'tit n'veu qui vient, <20>a l'occupera et pendant c'temps lˆ il aura pas d'mauvaises frŽquentations.
*-Comme je vous comprends. La jeunesse d'aujourd'hui, elle est pas belle ˆ voir! Ni ˆ entendre!
*-A qui l'dites vous! Tout <20>a c'est la faute ˆ leur musique de painque ˆ l'amŽricaine! On sait m<>me plus si c'est des filles ou des gar<61>ons...
*-Et deux disquettes, deux! J'vous les formatte ou c'est pour consommer tout de suite?
*.
*"Bidoche, graillon! Grouillez vous les louloutes, y'en aura pas assez pour toute la clique!"
*.
*-Dites moi, <20>a vient d'o<> ce dr™le de fruit?
*-C'est exotique!
*-Ah bon? Ils l'ont ramenŽ de la croisi<73>re jaune?
*-Ho lˆ j'vous arr<72>te! Des croisades!
*-Mais <20>a a l'air tr<74>s bon... Comme quoi ces peuplades lˆ, ce sont aussi parfois des hommes civilisŽs!
*-Comme les femmmes d'ailleurs!
*.
*"C'est la derni<6E>re fois que je me tape un mec qu'a un ordinateur!" Amandine fit une soudaine irruption dans la rŽalitŽ. La mirette comme alourdie d'anti-mati<74>re, elle tourna de l'Ïil et du bon vers un jour nouveau... La nuit avait ŽtŽ difficile.
*Comme une vulgaire trois pouces et demi, Raoul l'avait cannibalisŽe, phagocytŽe, passŽe ˆ l'anti-virus, avant de l'effacer de sa mŽmoire sans y mettre les formattages d'usage. "La prochaine fois, je sors avec un dŽcalŽ suburbain post rŽvo-cul qui se dŽfonce au macrobio ou ˆ la visualisation positive, <20>a pourra pas <20>tre pire qu'un informaticien".
*.
*Amandine avait ouvert le ventre de la machine, inspectŽ les Žtiquettes du linge dŽlicat, fait un noeud, enfournŽ le blanc et la couleur sŽparŽment, puis feuilletŽ son canard en commen<65>ant, comme toutes les filles, par la derni<6E>re page.
*Entre eyeliner spŽcial couche d'ozone et tourte aux poireaux ˆ la mexicaine, le journal fŽminin Žtait un condensŽ du bonheur. Amandine se voyait sur une plage tropicale, l'Žpiderme baignant dans l'Žcran total waterproof.
*.
*-Argh! Une t‰‰‰che!
*-C'est malin, comment est-ce que j'vais faire pour ravoir ce truc lˆ, hein?
*-Bin profites en! On est au Lavotro, <20>a te fera moins ˆ marcher...
*.
*-Tu as a vu ta nouvelle chemise?
*-Elle est belle, hein?
*-Meunan! Elle est horribleuh! Tu vois pas cette grosse tache carrŽment incrustŽe, LA!
*-Les ŽlŽments turbo-actifs de la lessive Alpha Tampone 2.1 vont se goinfrer des t‰ches rebelles...
*-Tout en respectant les couleurs...
*-Ainsi que l'environnement!
*-Eh oui, de toutes les couleurs, c'est le vert qu'elle respecte le plus!
*-Merci Alpha Tampone 2.1!!!
*.
*"J'esp<73>re au moins que l'eau est bonne..."
*.
*-T'as vu le mec lˆ-bas?!
*.
*-O<> <20>a?
*-Mais lˆ-bas!
*-Ah oui, lˆ-bas, tu veux dire?
*-Qu'est-ce qu'il assure!
*-Je le prŽfŽrais avec ses v<>tements...
*.
*-Je me demande pourquoi des meufs payent l'entrŽe du Buspala alors qu'avec un tour au Lavotronic tu te mattes des mecs, j'te dis pas!
*.
*-Josie, retiens moi!
*.
*-T'as vu ces abdominaux qui roulent sous la peau!
*-Tu crois qu'y nous a remarquŽes?
*-Il va nous prendre pour des cloches...
*-Et si y vient nous aborder?
*-Je meurs!!!
*-Super, y'aura p'us qu'moi alors.
*.
*-J'ose pas aller aborder le mec lˆ-bas...
*-Faudrait savoir si je te retiens ou si je te botte les fesses pour que t'ailles lui taquiner les basquettes! T'es vraiment cruche des fois!
*-Tu te moques tout le temps de moi! Bouhou!
*-Mais non, je voulais pas dire <20>a...
*-Bouhouhou!!!
*-Ecoute, t'es insortable! L'autre jour tu braillais dŽjˆ comme un goret en voyant Margerin... C'est la derni<6E>re fois que je fais une virŽe avec toi!
*.
*"Que je vais me les lever ces deux pŽtasses, <20>a va pas faire un pli..."
*"A chaque fois que je suis larguŽ, je sors mon plan Lavotronic et ˆ tous les coups j'me branche deux minettes avant m<>me la fin du programme haute tempŽrature. OK, je bousille un futal ˆ chaque fois, mais <20>a vaut bien deux bons p'tits lots."
*.
*.
*-Heu, hum... Bonsoir!
*.
*-Hein quoi? Heu, pla”t-il je veux dire...
*-Tom Lacan, pour vous servir! a fait plusieurs fois que je vous vois ici...
*-Effectivement, j'Žprouve une pulsion genre obsessionelle qui me pousse ˆ venir transfŽrer mon linge sale en famille.
*-Bof, moi j'viens surtout faire un peu d'peinture ˆ l'eau, <20>a mange pas de pain.
*-Et qu'est-ce que vous avez peint, prŽsentement?
*-Au dŽbut j'pensais ˆ vous, mais rien qu'un peu. D'ailleurs je m'en suis ŽloignŽ tr<74>s vite au profit du modelŽ de votre chat. Quel charisme, l'animal!
*-Tiens, o<> est-ce qu'il est encore passŽ ce con?
*-Son charisme?
*-Mais non! Mon chat!
*-Il s'Žtait enfermŽ dans une machine coincŽe sur le programme Žbullition... Alors je l'ai mis ˆ sŽcher.
*-Merde, son brushing va encore foirer! Je me casse le chercher...
*.
*-Vous m'avez tellement tapŽ dans l'Ïil que j'ai decidŽ d'vous peindre, c'est beau hein?
*-Et de quel droit vous vous permettez de peindre les gens! Vous vous imaginez que je vais changer de couleur de cheveux rien que pour devenir ressemblante ˆ mon portrait? Encore cet ostracisme rŽactionnaire envers les rousses!
*-Vous plaignez pas, on vous aurait bržlŽe au moyen-age, vous et votre chat!
*-Et vous, on aurait immolŽ toute votre Ïuvre satanique!
*-Comme quoi, on vit une Žpoque formidable. La preuve: ma galerie organise un vernissage, venez y faire un tour!
*-Woah! Amandine Palmer, nouvelle coqueluche du Tout-Paris chromatique!
*-Vous pouvez m<>me venir avec vot' chat!
*-Humphrey dŽteste les mondanitŽs, mais je verrai ce que je peux faire...
*-Alfred? Ah, c'est votre cop...
*-Humphrey! Mon chat! Miaou!
*-Ouf j'ai eu peur... Alors ˆ demain soir?
*-Dites, est-ce que la presse sera lˆ?
*.
*-Argh!!
*.
*-Quoi, qu'est-ce qui s'passe?
*-Le tableau! C'est quoi?
*-Vous vous reconnaissez pas?
*-Heu, c'est un nouveau concept pour passer dans Actuel, c'est <20>a?
*-Evidemment, si vous <20>tes restŽe cantonnŽe ˆ l'art connement figuratif...
*-Je me cantonne ˆ rien du tout, vous savez.
*-Graf', vidŽo, informatique, tous les moyens sont bons pour transcender le rŽel!
*-Ah oui, je me sens toute transcendŽe d'un seul coup!
*-Vous voyez bien! Je crois que je vais vous mettre ˆ ma prochaine expo!
*-Une expo? a sera ˆ l'espace art et culture de la gare de l'est?
*-Non, ˆ une galerie, une vraie avec des invitŽs et tout!
*-Vous pourriez au moins m'inviter au vernissage!
*-C'est demain soir, dans le Marais!
*-Je vais pouvoir Žlargir mon horizon culturel, alors? A moi les folles mondanitŽs parisiennes!
*.
*-Qui c'est ce truc? Mamie Nova?
*-Heu, c'est vous!
*-Ha oui je vois, et vous voulez me le vendre, c'est <20>a?
*-Juste vous le montrer! Avouez que <20>a vous fait quelque chose!
*-Et vous osez mettre A sous mon nez? Moi qui jure que par la figuration libre depuis que Globe dit que c'est out.
*-Maudit! Je suis un artiste maudit!
*-Comme dit ma m<>re: "d'mon temps les artistes faisaient dans l'image pieuse!"
*-Rigolez, mais un jour l'humanitŽ toute enti<74>re va me reconna”tre! Je passerai chez Ardisson et je serai...
*-Oui?
*-Je serai... Je serai...
*-Quand vous voulez.
*-Je serai... LE MAITRE DE LA GALAXIE!!! (taratatiiin!)
*-Vous feriez mieux de faire de la vannerie, <20>a vous occuperait.
*.
*"Don't you want me, babyyyyy! Don't you want me, hohohoho!"
*.
*"J'ai le blooouzzzzz! Le blouze de la gal<61>re!..."
*"ChargŽe comme une b<>te de somme, je cherche en vain un homme! Pour pas tomber dans les pommes et me porter mon linge at home! Yeah yeah!"
*.
*-Dites, vous avez une jolie voix!
*-Ah <20>a y est! Je vous vois venir!
*-Hein? Quoi? O<> <20>a?
*-Vous allez me sortir le coup "je suis manager, et je vais faire de vous une staaaar!", et hop! La porte du studio digital 48 pistes s'ouvre directo sur un eros-center ˆ Hambourg!
*-Personnellement, je prŽf<C5BD>rerais qu'on rŽouvre le One Two Two.
*-On peut plus rentrer tranquillement chez soi sans <20>tre dŽrangŽe par un traiteur de blanches!
*-Vous savez, les rousses rapportent tr<74>s peu de nos jours...
*-Ouf! Le bus arrive, sauvŽe!!
*.
*-Heu, z'attendez depuis longtemps?
*.
*-HŽ mon vieux, t'as rien trouvŽ d'autre pour essayer de te lever les nanas?
*-Maman, une fŽministe aigrie!
*-FŽministe toi m<>me! Le plan RATP on la connait. Vous les hommes, aucune imagination!
*-Oui, NOUS les hommes!
*-A ce moment lˆ, je me maque avec un contr™leur!
*-Justement, enterrez votre vie de vieille fille, le bus arrive! Et je vois dŽjˆ que le conducteur a de ces tempes grisonnantes, je vous en parle m<>me pas!
*.
*-Hum... z'<27>tes pas tr<74>s causante!
*-Et puis quoi encore!
*-Oui, je vous le demande!
*-Au lieu de psalmodier poncifs et lieux communs, vous feriez mieux de m'aider ˆ porter mon sac de linge!
*-Vous m'auriez dit que je voulais le voler...
*-DŽcidement, les prŽjugŽs du sexe fort verrouillent la femme dans un r™le de mŽnag<61>re bien commode! Lavoir, popote, repassage, tricot, repos du guerrier... Quand donc nous lib<69>rerons nous du joug fŽodal des conventions?
*-Vous Žcrivez dans Elle? Non, tout ˆ fait d'accord, en fait! Je suis scandalisŽ que le chat qui partage votre existence ne mette pas la main ˆ la p‰te, si j'ose dire.
*-Humphrey est un chat de race, et de toutes facons il use tr<74>s peu de linge.
*.
*.
*-Faites voir vot' carte lˆ!
*-Mais c'est une Carte Vieux M'sieur l'conducteur!
*-Pas conducteur: prŽposŽ ˆ la supervision de la machinerie! Et puis est-ce que vous <20>tes vraiment vieille, hein? Qu'est ce qui m'le prouve?
*-Vous n'avez pas honte de vous moquer ainsi d'une honn<6E>te gŽronte? Un peu d'respect jeune homme!
*-C'est pas parce que z'avez des rides et les seins qui tombent que vous <20>tes vieille! Si <20>a se trouve vous <20>tes jeune... Une petite opŽration de chirurgie esthŽtique, et hop!
*-Mais <20>a me cožterait les yeux de la t<>te!
*-D'accord, mais en moins de vingt ans vous rentrez dans vos frais! En usurpant votre ‰ge, vous bŽnŽficiez d'un titre de transport ˆ tarif prŽfŽrentiel! Et sur le dos de la RATP!
*-Mais en vingt ans, on a le temps de devenir vieux! C't'un monde, tout d'm<>me!
*.
*-Pardon M'sieur l'agent?
*-Qu'est-ce qui y'a encore? 'voyez pas que je suis dans l'exercice rŽglementaire et accrŽditŽ de mes fonctions?
*-Est-ce que vous pourriez me dŽposer Avenue Foch, je voudrais aller chez mon fils, lui apporter cette blanquette que je lui ai prŽparŽe!
*-Dites voir, j'suis pas un taxi!
*-Et puis cette bouteille de Gros Plant, avec un petit pot de margarine allŽgŽe. Hein, vous dites? Un taxi?
*-Qui plus est, le transport de denrŽes alimentaires pŽrissables ou Žthyliques expose le contrevenant ˆ s'acquitter d'une lourde amende forfaitaire! Que je ne vous y reprenne plus!
*.
*-Dites donc ma jeune amie, vous pouvez bien rester debout!
*-Vous <20>tes enceinte, candidate au regroupement familial?
*La femme resta vitrifiŽe, comme tŽtanisŽe. Elle rengorgea sa salive.
*-MutilŽe de guerre, invalide civile, accompagnŽe d'un marmot de moins de quatre ans? Alors j'ai autant le droit de m'asseoir que vous!
*-Seigneur, la jeunesse prend le pouvoir!
*.
*Il se faisait tard et Amandine devait fissa aimer son prochain avant la tombŽe de la nuit, du moins pour que sa B.A. du jour soit valable. Sortir le grand jeu, le giga-miracle du dimanche, qui transfigurerait le bus 287 en Lourdes et Fatima rŽunis. Elle cŽda sa place et offrit un si<73>ge encore chaud. La vieille la bouscula, reprit sa respiration, pivota dans un souffle et s'assit. BŽate.
*"A c'rythme lˆ j'arriverai jamais pour Nol, P‰ques ˆ tout casser, et encore. Avec les restrictions budgŽtaires de l'an dernier, tintin pour dŽgotter un chariot personnel avec les rennes et tout le tremblement! J'aurais dž faire ramoneur ou charbonnier."
*"Quand est-ce qu'on mange?"
*La faune du transport en commun de surface Žtait un terrain d'Žtudes jouissif et pullulant. Mais que pouvait penser le premier Žthnologue togolais venu devant ce binoclardŽ qui voyait le monde (immigration, sida, charges sociales, virus. Rayez la mention inutile) ˆ travers ses dioptries dŽficientes et son manuel d'Žco?
*"HŽ, c'est comme ˆ la tŽlŽ!"
*"Minouminouminou?? Houhouh Humphrey? O<> est-ce qu'il est encore passŽ ce chat ˆ la con? On peut vraiment pas aller faire un tour sans lui..."
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*"Je mettrais bien ma robe verte ˆ pois. Ohpinon, je vais avoir l'air d'une kolkhozienne en habit du dimanche, <20>a ferait con avec la cr<63>me du tout Paris des arts et de l'intellect. Faut que je fasse quand m<>me un peu couleur locale."
*"Je sais pas quoi mettre, <20>a craint. Toute cette fripaille fait vraiment trop pŽtasse... Si <20>a avait ŽtŽ une party costumŽe je serais venue en boule de neige ou en ticket de mŽtro, mais avec cette bande de pŽdants nombrilistes, guten Tag!"
*Depuis que des bugs avaient poinconnŽ rŽglementairement le pull en mohair annexŽ ˆ sa maternelle (ˆ qui <20>a n'allait d'ailleurs pas du tout), les portes du placard dŽgageaient des effluves de naphtaline au lilas qui, parvenues jusqu'aux cloisons nasales du chat, le rendaient genre fŽbrile.
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*"Encore un logiciel bas et veulement aguicheur qui tourne en dŽrision les fondements chrŽtiens de l'Occident. Ah, il est beau l'hŽritage du fŽminisme!"
*"Non merci, je prŽf<C5BD>re rester blanc!"
*"Putain il craint celui-lˆ, la prochaine fois j'irai chez EmmaŸs, <20>a pourra pas <20>tre pire."
*"Je me demande si c'est pas un peu dŽmodŽ en fin de compte."
*"Celui-ci devrait vous aller tr<74>s bien, c'est un mod<6F>le extensible en latex."
*-Tournez-vous? Hum!! Formidable! a vous va ˆ ravir!
*-Z'<27>tes sžr?
*-Mais oui, mais oui, c'est tr<74>s seyant, tr<74>s tendance.
*-Tendance quoi?
*-Bin tendance!
*-Et puis j'trouve que les chaussures sont quand m<>me un peu serrŽes...
*-SerrŽes? Vous voulez rire... a se porte prŽs du pied cette saison, et de toutes fa<66>ons elles vont se faire au bout d'un moment.
*-J'ai qu'ˆ avoir les pieds qui faut...
*-A ce sujet il est de mon devoir de vous emp<6D>cher de partir sans le cirage in-dis-pen-sable qui va avec!
*-Avec mes pieds?
*-Mais non, avec les chaussures, lˆ! Mon Dieu, toutes ces clientes vont me rendre fou!
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*-Vous trouvez pas que c'est un peu large?
*-Mais non, voyooons! a va rŽtrŽcir au lavage. Et puis <20>a se porte blousant cette saison!
*-Mais la couleur est un peu marquŽe, non?
*-Vous savez, <20>a va dŽteindre au lavage. Et puis <20>a se porte sombre cette saison!
*-Mais je vais quand m<>me pas passer mon temps ˆ laver ce machin lˆ!
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*-Ciel! Un homme!!
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*.
*L'ambiance Žtait au calorif<69>re. La faune se dandinait avec la conviction blasŽe de mise. Le buffet avait subi les assauts des invitŽs tandis que morfales et convives dŽcochaient avec une moue toute citadine des Žtoiles comparatives aux petits fours. Heureusement que c'Žtait gratuit.
*"Pisse d'‰ne, sidi-brahim, bibine, tord-boyaux, Kro', Villageoise, rince-dalle, demandez!"
*.
*-Qu'est-ce que tu fais dans la vie?
*-Je suis Žcrivain ˆ succ<63>s!
*-Et si t'as plus de succ<63>s un jour, tu feras quoi?
*-J'entame une carri<72>re d'Žcrivain alternatif...
*.
*-Mais je te reconnais! Tu es journaliste dans un fameux magazine d'informatique! Qu'est-ce que tu fous lˆ?
*-J'sais pas, y'a du y avoir une erreur dans le mailing des invitations.
*-Tu sais, les ordinateurs <20>a se trompe tellement souvent...
*.
*-Et qu'est-ce que tu fais dans la vie?
*-Je suis peintre ˆ la mode!
*-A la mode? Mais quand la mode sera passŽe, tu feras quoi? De la peinture ˆ l'huile de sŽsame?
*-Peintre avant-gardiste en attendant que la mode revienne...
*.
*-Ils sont vraiment craspecs ces petits fours, si on allait plut™t se taper un couscous?
*-Un couscous? Bordel, la prise de t<>te! Et l'identitŽ nationale alors, t'en fais quoi?
*.
*-Amandine!!!
*-Gabrielle, qu'est-ce que tu fous lˆ?
*-Je bosse ici. Je suis attachŽe ˆ la communication interne...
*-a va amuser la galerie... Faut absolument qu'on papote ensemble, <20>a fait trop longtemps.
*-On va dehors si tu veux? Sinon j'aurai pas une seconde ˆ moi.
*.
*"Putain, <20>a craint, c'est pas ressemblant."
*-Moi, j'ai dŽcidŽ d'ˆtre homo. De nos jours, il n'y a plus que <20>a pour plaire aux filles.
*-D'ailleurs l'hŽtŽrosexualitŽ est un concept totalement archa•que!
*-M<>me, la notion de rapport sexuel est devenue une valeur obsol<6F>te bonne pour quelques jeunes en mal de sensations fortes.
*-Moi je voudrais bien tout arr<72>ter, mais <20>a ferait trop plaisir aux cathos, alors j'me demande...
*.
*"Gaby, tu vas jamais me croire! L'autre jour Chicobard me dit "Hein, t'as des copains juifs! Mais pourquoi pas des noirs pendant que tu y es!"."
*.
*-T'as vu la pŽpŽe lˆ-bas? Elle a de sacrŽs roploplos dis donc!
*.
*-C'est incroyable cette manie des gros roberts! T'as mal liquidŽ ton Ïdipe, ou quoi?
*.
*-Et si elle a des gros tŽtons en plus, <20>a craint! Je me la dŽshabille et c'est lˆ que je m'apercois qu'elle a les avant-postes en forme d'ogive nuclŽaire!
*-Je te vois dŽjˆ lui dire "Oh excusez-moi mademoiselle, je n'accomplis jamais l'acte sexuel en face d'arŽoles trop congestionnŽes". La crise!
*.
*-Tu te rends compte que tous les atomes qui composent l'univers, m<>me ceux de mon propre corps, ont plus de quinze milliards d'annŽes!
*-C'est vrai? Tu fais pas ton ‰ge, dis donc.
*.
*-T'as vu le canon lˆ-bas!? Tu crois que je pourrais me la faire?
*-Faudrait d'abord l'aborder, pas facile!
*-Et puis lui plaire, pas Žvident!
*-Et encore rŽussir ˆ la tra”ner chez toi, bien du plaisir!
*-Et puis lui rouler un patin, bonsoir!
*-Et encore rŽussir ˆ bander, imagine que tu puisses pas!
*-T'as raison, c'est pas une fille pour moi.
*.
*"Mais o<> sont les camŽras?"
*.
*-Tiens Amandine, il faut que je te prŽsente Fran<61>ois-Xavier Duroc!
*-EnchantŽ Mademoiselle Balmaire.
*-Je l'ai rencontrŽ ˆ la soirŽe privŽe que donnaient ces deux guignols de Coulon et Cotton chez RŽgine l'autre jour.
*-Et qu'est-ce que vous faites dans la vie m'sieur Duroc?
*-Humpf, sous-chef de rubrique adjoint aux pages culture de VMM!
*-VMM??
*-Oui, Vie Mondaine Magazine! Vous ne vous intŽressez pas ˆ la presse?
*-Ah si! J'ai toujours r<>vŽ d'Žpouser un pigiste.
*.
*.
*-Amandiiine! Je dŽsespŽrais de te voir! Comment trouves-tu l'ambiance ce soir?
*-Hips! Humide!
*.
*-Amandine, je voudrais que tu soies ma muse, mon ŽgŽrie!
*-Ton ŽgŽrie? Mais j'veux dire, comme <20>a, ˆ plein temps?
*-Heu non, d'abord je te prends en stage! Tu sais, avec les charges sociales de nos jours je peux pas trop me permettre.
*-Esp<73>ce de NŽgrier! Disparais de ma vue!
*.
*-Dis Tom, c'est toi qui as peint toutes ces choses!
*-Mais prŽsentement et affirmativement oui! a te plait? J'en ai encore d'autres chez moi!
*-Que t'as pas osŽ montrer ˆ tout le monde?
*-Mais non, pffff, que je rŽserve rien que pour toi!
*.
*"Tr<54>s bien cette fille! J'ai toujours pensŽ que les gens roux avaient quelque chose de supŽrieur aux autres."
*.
*.
*"Excuse moi, je suis un peu sur les rotules. J'en suis ˆ mon cinqui<75>me nŽologisme de la soirŽe et <20>a me cr<63>ve."
*.
*.
*.
*"Tss tss tss... Voilˆ comment on devient quand on tra”ne dans les cafŽs."
*.
*-M'sieur Marcel, j'voudrais pas trop vous ennuyer, mais vous nous d'vez une note sacrŽment carabinŽe!
*-HŽ heu dites donc! Parlez poliment ma p'tite dame! Vous causez ˆ un homme qu'a dŽfendu la Patrie!
*-Patrie ou pas, z'<27>tes un peu gonflŽ d'acheter des ballons ˆ crŽdit, va falloir sortir du liquide maintenant, et pas de ch<63>ques en bois!
*-Liquide, liquide! Avec toutes les tonnes de litres que j'ai dŽchargŽes des pinardiers pendant trente ans vous pourriez bien m'offrir un ou deux p'tits canons!
*.
*L'alcool fait oublier le temps. L'Žnergum<75>ne avait dž siffler une sacrŽe batterie de canons, on aurait dit la banda d'un film gore de sŽrie 12ø5, avec odeur 3D en plus. A jeter une Žcoutille plus attentive ˆ ce homeland de fond de bouteille, on devinait une rengaine rŽac' et dŽcousue, une psalmonie conne et rŽcursive.
*"Voilˆ encore que je me retrouve toute seule. Ah si, il doit me rester la carte de visite de ce mec qui m'a draguŽe "Raoul Jaou‰n, dŽveloppeur de logiciels de jeux". Bof aprŽs tout il est mignon, et puis <20>a doit ˆtre un gars sŽrieux, je risque rien ˆ l'appeler."
*"Ma fille, ce n'est pas ˆ cause de deux ou trois mecs qui ne te mŽritent pas que tu vas te laisser aller. Tu dois assumer ton r™le de femme indŽpendante et entreprenante! Je l'ai lu l'autre jour dans Elle, c'est que <20>a doit <20>tre possible. Je vais aller proposer mes services aux plus prestigieux journaux parisiens: ˆ moi les grandes Žtendues, les scoops en gros et les 30% d'abattement fiscal!"
*Amandine croisa les jambes et posa les coudes sur la table. Pas m<>me un Vichy fraise pour lui faire les yeux doux. Le troquet, son refuge, avait ce soir lˆ une mine dŽconfite, un arri<72>re-gožt ‰pre et nocturne de fin de bal et de train de vie. Une certaine idŽe du nŽant.
*.
*.
*-Putain, y fait chier ce gosse de merde!
*.
*-J'te rappelle qu'il est quand m<>me de toi!
*-Il est aussi de toi, c't'enfant d'salaud!
*-Ouais, <20>a c'est pas dit! On sait jamais o<> tu vas tra”ner quand j'ai le dos tournŽ!
*-Evidement, t'es toujours fourrŽ au cafŽ avec Marcel et Lulu!
*-J'ai mes raisons! a m'fait oublier que j'ai ŽpousŽ une mal-baisŽe!
*.
*-Presque aussi emmerdant que toi et ton chat ˆ la con!
*-Qu'tu critiques mon gniard d'accord, mais pas mon chat!
*-Madame en a que pour son matou! Et vas-y que j'lui fais des mamours, gnia gnia gnia! Jamais une petite g‰terie pour moi, toujours tout pour c't'enflure!
*-Il a plus de conversation que toi! A part le match Laval-Sochaux ˆ la tŽlŽ tu parles jamais!
*-Je parle jamais? Ta gueule pŽtasse!
*.
*-Putain, tu sens la Kro' ˆ trois bornes ˆ la ronde!
*.
*-Et les rouquines, <20>a sent pas des dessous de bras?
*-Peut-ˆtre, mais au moins <20>a pue pas des pieds comme toi!
*-Et c't'esp<73>ce d'eumfrais y sent pas la pisse de chat peut-ˆtre?
*-Humphrey, inculte! Il a moins de puces que toi!
*-Bordel, je croyais que t'aimais les mecs velus! Faudrait savoir ce que tu veux p'tite m<>re!
*.
*-Et en plus t'as pris du bide ces derniers temps!
*-Tu t'es regardŽe? J'ai pas de varices moi au moins!
*-Par contre rayon poil dans la main t'en tiens une couche!
*-Dis <20>a, dis <20>a, si tu m'avais pas ŽpousŽ, tu te serais fait fourrer par un noir ou un arabe telle que j'te connais!
*-Un rital c'est pas vraiment mieux! J'aurais tant aimŽ que Christopher ait les yeux bleus!
*.
*"Si l'art contemporain c'est essayer de se dŽcrocher ˆ l'Ïil une bonne poire... EgŽrie, ŽgŽrie, et puis d'abord hein, est-ce que j'ai une gueule d'ŽgŽrie! AprŽs l'amour parmezan ˆ la Mario, je me fais rouler avec la bleuette ripolin."
*"Voilˆ ˆ quoi <20>a m<>ne de vouloir frŽquenter un autre monde. Et en plus, les petits fours Žtaient dŽgueulasses. Mario est lˆ et je cherche mon bonheur avec une poignŽe d'artistes m<>me pas ˆ la mode! Je vais passer chez mon rita-lover, il ne doit pas <20>tre encore pieutŽ."
*.
*-Hey man! T'as vu la meuf?!
*.
*-Si elle me donne son numŽro de tŽlŽphone, je me le fais tatouer sur la poitrine pour lui prouver mon amour!
*-C'est comme dans LibŽ l'autre jour: "La rousse fran<61>aise: fiertŽ de notre patrimoine gŽnŽtique" qu'ils disaient.
*.
*-Tu crois que si on faisait du gringue ˆ son chat on pourrait avoir la minette avec?
*-T'as dŽjˆ draguŽ une quille avec du ron-ron, toi?
*.
*-Yo! Une rousse!
*.
*-Il parait qu'elles ont une molŽcule gŽnŽtique qui leur donne une chevelure de feu et le sang chaud!
*-Si c'est vrai, elle doit avoir l'ADN en pŽtard, celle-lˆ!
*.
*-Oh et puis non, elles vieillissent mal d'abord, la preuve: t'as dŽjˆ vu une vieille rousse?
*-Mais c'est les fausses rousses, les grenouilles de bac ˆ shampooing! Les brunes elles veulent devenir rousses, les rousses: chatain, les chatain: blondes et les blondes flippent bicause les clichŽs de la sŽduction fŽminine.
*-Et les keublas, ils deviennent blancs, non?
*.
*.
*-Si tu savais, <20>a va pas fort en ce moment...
*-Ouais, je trouve que t'as mauvaise mine!
*-Moi, j'ai mauvaise mine?
*.
*-Je suis sžre que tu as pris du poids depuis la derni<6E>re fois.
*-a c'est ˆ cause de Mario... J'arr<72>te pas de bouffer des canneloni et rien qu'ˆ y penser <20>a me fait enfler.
*-Justement, j'ai vu un super-rŽgime dans Cosmo du mois dernier, c'est ˆ base d'oranges.
*-Et t'as essayŽ toi, les oranges?
*-Non, les oranges c'est pour faire maigrir les rousses! Pour les brunes, c'est uniquement les ananas, tu devrais savoir <20>a.
*.
*-T'as peut-<2D>tre raison en fait, je dois prendre de l'‰ge... Le mental <20>a se dŽsint<6E>gre vachement plus vite que la cellulite!
*-Mais faut rŽagir: tu devrais faire un peu de gym, je peux t'avoir des giga-rŽductions sur un forfait de 144 mois de stage intensif dans une salle que je connais.
*.
*-Alors, qu'est-ce que tu deviens ma vieille?
*.
*-Tu sors toujours avec Mario? C'est un gar<61>on chouette. T'as de la chance d'avoir trouvŽ un mec aussi bien!
*-Tu veux dire que je le mŽrite pas!
*-Je dis pas <20>a, Amandine, mais avec la petite mine que t'as, tu dois pas faire tomber les mecs comme les mouches avec du Flitoxe.
*-Tu m'inqui<75>tes... Tu me trouves vraiment aussi livide?
*-Ecoute, tout le monde a pas la chance d'ˆtre opŽratrice de saisie pour se h‰ler devant un moniteur...
*-Alors comment faire?
*-T'es m<>me pas au courant des performances des nouveaux UVA neutro-activŽs au colag<61>ne?
*-Avec ma peau de rousse, je te dis pas les coups de soleil!
*-Mais qui t'a parlŽ de soleil! Va te faire un peu griller la couenne sous les lampes aux Champs-ElysŽes. a te donnera tellement de couleurs que ton jules devra enfiler ses Ray-Ban avant de te regarder dans les yeux!
*-Je vais aussi ˆtre phosphorescente en cas de panne de courant?
*.
*-Pas fort, je sens comme des signes de faiblesse chez Mario, je sais pas si je lui plais encore et <20>a me flanque mon indicateur des valeurs dans la zone rouge.
*-Tout <20>a c'est psychique! Va chez le coiffeur par exemple, <20>a va lui regonfler la libido ˆ ton macaroni!
*-C'est pas qu'une question de cheveux...
*-Crois moi, la psychopathologie capillaire j'en connais un rayon. Un bon coup de ciseaux, et hop ciao la scoumoune!
*.
*.
*-Y'a deux jours encore j'Žtais avec Mario.
*-J'ai toujours trouvŽ que vous alliez super bien ensemble!
*-Et puis j'ai dŽcidŽ de le plaquer pour de bon, <20>a devenait invivable.
*-T'as raison, c'Žtait vraiment pas un mec pour toi!
*-a fait que je me retrouve encore toute seule... J'ai vachement envie d'<27>tre amoureuse pour de bon, mais je veux pas encore d'un type qui m'aime que pour mon corps.
*-a y risque pas. Tu sais, les mecs, c'est de la soupe: c'est chaud et impalpable et tu sais pas toujours ce qu'il y a dedans.
*-J'ai pas trop envie de rentrer ce soir, je vais encore rem‰cher mes idŽes noires, me bourrer de confitures et lire du Jean-Paul Sartre...
*-T'as qu'ˆ venir ˆ la maison, on va se faire une petite bouffe toutes les deux et tu pourras rester pour la nuit!
*.
*-Ma fille, ce salaud de Mario t'a mis le cÏur en micro-tessons, j'ai pas le droit de te laisser tomber comme une vieille chaussette! Tu vas venir avec moi, je vais dans une soirŽe hyper-branchŽe, on va bien se fendre la past<73>que toutes les deux!
*-C'Žtait pas ce vernissage le trip le plus actu du moment?
*-C'Žtait pour l'apŽro! Me sors pas ton plan gourde provinciale! Heureusement que la vieille Gaby est lˆ pour te sortir un peu...
*.
*"Peuuhh, quelle jeunesse!"
*"Hummmm, quelle jeunesse!"
*.
*-Je suis vachement content que tu aies acceptŽ de venir, c'Žtait la premi<6D>re fois que je draguais une fille dans un Lavotronic.
*.
*-Alors comme <20>a tu voulais me draguer? Et moi qui croyais que c'Žtait pour me faire conna”tre l'art vŽritable!
*-Qu'est-ce que tu crois? Que c'Žtait pour tes beaux yeux? Enfin si, je veux dire, c'Žtait pour tes beaux yeux.
*-Eh bin mes yeux faudrait pas les prendre pour des imbŽciles! Ils voient bien que t'es qu'un ratŽ!
*-Esp<73>ce de cruche va! C'est la derni<6E>re fois que je parle ˆ une rouquine, on m'avait bien prŽvenu pourtant!
*-Et pi d'abord ce que tu peins, hŽ bin c'est m<>me pas beau! Voilˆ!
*.
*-Tu vois, peindre sur un ordinateur, c'est de l'art pour les manchots, <20>a trace les lignes tout seul!
*-M<>me plus la peine d'avoir de talent, comme pour le traitement de texte. Tout le monde sait Žcrire avec <20>a.
*.
*-Heu Tom, qu'est-ce que tu fais apr<70>s?
*.
*-Tu viens chez moi? Je te montrerai mes Keith Harring que j'ai peints moi-m<>me.
*-Pas tout de suite... Je vais encore me faire sauter d<>s le premier soir et passer pour une Marie couche-toi lˆ!
*-Puisque de toutes fa<66>ons c'est inexorable! On est fait l'un pour l'autre, alors pourquoi perdre du temps?
*-Mon p'tit p<>re, il faut savoir se faire attendre! Je t'appelle et on se rencarde chez toi un de ces soirs!
*.
*-Dis Tom? Je vais chez toi, et on s'Žtreint fiŽvreusement, genre comme des b<>tes, jusqu'a l'aube? C'Žtait pas <20>a le programme?
*-Heu oui, c'est ˆ dire que...
*-Assure un peu mec! Je vais quand m<>me pas tout faire ˆ ta place! O<> est-ce que t'habites d'abord?
*.
*.
*.
*-Qu'il est grisant d'extŽrioriser sur un Žpiderme toute cette ŽphŽm<C5BD>re exaltation sensorielle!
*.
*-Qu'est-ce que tu dis?
*-Rien, je m'entra”ne tout seul. Arr<72>te de bouger comme <20>a, c'est pas fini!
*-C'est dur d'ˆtre une Ïuvre d'art. J'esp<73>re que <20>a sera bon au moins, qu'on me traite pas de crožte...
*.
*-Mais arr<72>te de bouger comme <20>a!
*-Hihihi le pinceau m'chatouille! Tu crois que c'est vraiment bon pour la peau, ton truc?
*-Pas grave, on enl<6E>vera <20>a au white spirit, et il faut savoir souffrir pour <20>tre belle!
*-Noooon! Pas sous les bras!!
*.
*-C'est super de peindre comme <20>a, au moins <20>a te cožte pas un kopeck!
*.
*-Il faut faire Žclater la rigueur acadŽmique du cadre! Et puis au moins t'as plein de t‰ches de rousseurs, <20>a Žvite l'angoisse de la toile blanche.
*.
*-Me sentir l'inspiratrice d'un gŽnie comme toi, <20>a me fait dr™le ˆ l'Žgo d'un seul coup!
*-Et puis si tu prends la grosse t<>te, <20>a me fera plus de place pour peindre!
*.
*-Au fait Tom, c'est qui cette statue?
*-Hum... Elle a ŽtŽ faite ˆ partir d'une photo!
*-Ah... Et elle baisait bien cette photo?
*.
*-La peinture doit plaire ˆ ton chat! a a l'air de le rendre tout dr™le! T'es sžre qu'il est dans son assiette?
*-Mais oui,Humphrey a toujours ŽtŽ tr<74>s artiste, tu ne peux pas comprendre ces choses lˆ...
*.
*.
*-Bon sang, qu'est-ce que j'en ai ŽcrasŽ. Tu dors encore Amandine?
*.
*-Mmmmm.... Laisse moi mourir en paix, je suis fatiguŽe.
*-Je t'en ai fait voir de toutes les couleurs hein?
*-J'ai pas pu fermer l'Ïil de la nuit.
*-HŽhŽ, qu'est-ce que je te disais!
*-Ouais purŽe, tu ronflais comme un cachalot bronchiteux!
*-Ronfler? Laisse moi rigoler, <20>a doit ˆtre ton chat!
*.
*-Amandine! Tu dors?
*-Merde...
*-Non mais, sois polie, qu'est-ce qui se passe?
*-T'as pas mis de capote hier soir, t'as vraiment aucun sens des responsabilitŽs!
*-De nos jours elles sont toutes vertes fluo ou avec des tronches de cake de p'tits mickey, et <20>a va tr<74>s mal avec mon intŽrieur.
*-Je suis sžre que tu m'as refilŽ ton sida, les artistes sont tous au moins sŽropo!
*-Tu choperas des cloques mauves, tr<74>s dŽcoratif...
*.
*-T'as mauvaise mine ou c'est moi qui suis daltonienne?
*.
*-Y'en a qui se vautrent dans le stupre, toi c'est carrŽment dans la Valentine satinŽe.
*-C'est <20>a la vie d'artiste. On est bons pour une bonne douche et un autre tour au Lavotronic...
*.
*-Tu pourrais quand m<>me dire bonjour!
*-On a piŽtinŽ ma vertu plus tard que les poules et faudrait que je te dise bonjour! Tu veux pas que je te serre la main pendant que tu y es!
*-Grrrrr... Bisou!
*-Mais qu'est-ce qu'il raconte encore?
*-Moi vouloir bisou!
*-Et moi pas vouloir bisou si pas croissant chaud dans cinq minutes!
*-Ah non, c'est du chantage aux sentiments, lˆ!
*-Non, c'est du chantage aux croissants...
*.
*L'animal avait un potentiel d'indiffŽrence proprement ahurissant. Le cours du Dow Jones pouvait s'effondrer, l'Žchelle de Richter faire trois fois le tour du compteur, Humphrey s'en foutait. C'est sžr, ce satanŽ quadrup<75>de avait percŽ un mystŽre mŽtaphysique inaccessible ˆ l'Homme pour jouir ainsi d'une telle sŽrŽnitŽ.
*.
*Sous l'Žrosion des lunes, "Amandinouchinette" s'Žtait muŽ en "Mandine" puis en "Dine". Le temps est un loup pour l'amour, mŽfiez-vous si vous n'appelez plus l'Žlue de votre cÏur que d'une seule syllabe, le nŽant est proche.
*De l'Žtreinte cosmique au long fleuve tranquille de l'‰ge, la vie avait suivi son cours. Tout gloomy, Thomas remuait les tessons du passŽ, les rŽsidus d'un amour au starter qui se finissait en roue libre. Leur couple Žtait rangŽ, aprŽs un crŽneau nŽgociŽ sans enthousiasme. On appelait <20>a de la sagesse.
*Pourquoi fallait-il devenir adulte pour de bon? Il Žtait une loi non Žcrite, un marŽcage o<> se nivelaient protocolairement les espoirs des teenagŽs. Rai-so-nnable, un mot inconnu au bataillon des baisers dans le cou et des nuits blanches o<> Tom et Amandine s'Žtaient enr™lŽs, en premi<6D>re classe, il y a quelques annŽes.
*La morsure des jours glacait les nuits de Thomas et Amandine. Il avait cru pouvoir explorer sa muse comme un calice sans fond. La qu<71>te avait ŽtŽ grisante, mais les ans l'avaient rattrapŽe. Ils avaient diluŽ peu ˆ peu la jeunesse du couple. Leur baiser, si primal, si Žrog<6F>ne, Žtait passŽ au rang d'acquis de conscience, de rituel exangue et balisŽ. C'Žtait peut-<2D>tre le jour ou l'on n'avait plus rien ˆ se dire qu'on pouvait commencer ˆ s'aimer.
*Amandine s'Žtait Žpaissie. Pas seulement de corps -les calories ont leurs raisons que les rŽgimes ignorent- mais aussi d'esprit. EngluŽe, confite, prise dans la gelŽe des usages. Encore quelques annŽes et elle voterait ˆ droite.
*M<>me Humphrey s'Žtait rŽsignŽ. Il Žtait devenu frileux, perdait ses poils et ingurgitait "P comme pognon" ˆ la tŽlŽ, lui qui ne tolŽrait il y a peu que la culture post 22H30. Comme d'autres troquent leur rŽvolution contre des obligations, Humphrey avait laissŽ sa balle et son innocence pour suivre Amandine vers une quiŽtude planifiŽe et cotonneuse.
*.
*"Mais quel chat ˆ la con c't'animal! Si j'avais su je me serais dŽgotŽ un berger allemand ou un pois sauteur du Mexique!"
*L'aurait-il pu, Humphrey aurait virŽ ˆ l'Žcarlate. A toujours trainer dans les mille pattes de l'aspirateur -une sorte de brontosaure au mugissement sismique caractŽristique- il fallait que le pire arriv‰t. L'engin, fžt-il rescapŽ des fifties, n'en gardait pas moins un redoutable pouvoir de destruction.
*.
*"Humphrey, au pied! Donne la patte!!"
*.
*-T'es content de toi Humphrey? J'esp<73>re que cette fois tu vas te tenir un peu tranquille!
*.
*-Qu'est-ce qu'il lui est arrivŽ ˆ votre matou? Il est tombŽ dans une machine ˆ corned-beef?
*-Pas du tout son genre, il prŽf<C5BD>re le pot-au-feu.
*-Il est tr<74>s campagne? Alors il a ŽtŽ aspirŽ par une moissoneuse batteuse?
*-Figurez-vous que ce jeune crŽtin a oubliŽ de lŽviter les pattes quand je passais l'aspirateur. Je vais quand m<>me pas prŽvenir le Samu a chaque fois que j'entretiens ma moquette...
*.
*-La prochaine fois que je passe l'aspirateur, je t'enferme dans le buffet Henri II, tu l'auras bien cherchŽ!
*-C'est pas si grave, la derni<6E>re fois j'ai eu un chien militaire tombŽ dans un bidon de dŽfoliant...
*.
*-La calvitie de votre chat commence ˆ un dr™le d'endroit...
*.
*-Je vais peut-ˆtre le tondre pour l'ŽtŽ prochain, il aura moins chaud et avec les poils je pourrai me tricoter un superbe pull assorti ˆ ma chevelure.
*-C'est compl<70>tement jungien, votre chat fait une fixation sur votre aspirateur: il doit voir en lui une image sublimŽe de la m<>re qu'il n'a jamais connue...
*.
*-S'il fait tout ce ramdam pour un petit coup d'aspirateur, qu'est-ce que <20>a va <20>tre quand il ira sur ses vieux jours et qu'il faudra l'opŽrer de la prostate?
*.
*DŽpitŽ, le chat avait prŽfŽrŽ jeter l'Žponge devant tous ces ŽlŽments qui se dŽchainaient contre son innocente carcasse, et attendre patiement des jours meilleurs. ExpropriŽ de son burnous d'arri<72>re-garde, il n'avait aprŽs tout plus grand chose ˆ perdre.
*.
*Nonobstant une lointaine ressemblance pigmentaire, Humphrey avait peine ˆ saisir les motivations d'Amandine. Un peu comme le Jeune (esp<73>ce peu au fait des usages rŽpublicains) qui -Žtrennant la pelure noire de son Perfecto flambant neuf- tentera de comprendre pourquoi la police exigera dŽsormais son Žtat-civil. Le pachat ne pigeait pas pourquoi Amandine s'Žtait mis en t<>te de l'abandonner sur un tourniquet ˆ l'intŽrieur de ce clapier m<>me pas bien dŽcorŽ. Une opŽration autoritaire doublŽe d'un parfait manque de gožt.
*"Humphrey, sois un peu raisonable! Le vŽtŽrinaire a dit qu'il fallait une photo de toi pour ton dossier de santŽ, tu comprends? C'est <20>a ou une empreinte digitale de ton nez, avec de l'encre et tout!"
*"Ecoute le chat, tu commences vraiment ˆ bien faire! Je me suis dŽjˆ excusŽe pour ta queue, mais je vais quand m<>me pas aller claquer la peau de mes fesses chez Harcourt parce que Monsieur a dŽcidŽ de faire son intŽressant!"
*.
*.
*-J'ai envie de tout plaquer, tiens. Les g‰teaux au chocolat, les mecs, ma m<>re, la vie...
*.
*-Enfin non, pas les g‰teaux au chocolat, rŽflexion faite.
*-Te laisse pas abattre comme <20>a, je serai pas toujours lˆ pour abrŽger tes Žtats d'‰mes en souffrance. Mais fais gaffe: le blues c'est de la denrŽe pŽrissable ˆ battre pendant qu'elle est chaude.
*-J'en ai marre... Et puis le dernier mŽtro vient de partir.
*-Mais t'inqui<75>te pas comme <20>a! Je vais pas te laisser dormir sous les ponts, tu aurais l'air de quoi?
*-C'est vrai? Je peux rester? a t'emb<6D>te pas que je te laisse deux fois plus de vaisselle ˆ faire?
*.
*-Et ton chat alors? Tu veux le plaquer?
*-Jamais de la vie, on a signŽ ensemble un pacte d'assistance mutuelle. Quand j'aurai pulvŽrisŽ la date de pŽremption, il Žcopera de toute mon assurance-vie.
*-Et s'il se casse les moustaches et retourne ˆ l'expŽditeur avant toi, il t'a laissŽ le droit de donner son corps pour une transplantation d'organes?
*.
*-Tu sais Amandine, les mecs sont comme <20>a. Entre les salauds qui voudraient pas en avoir l'air et ceux qui font expr<70>s de passer pour des vaches, c'est dur d'en sortir...
*.
*-Sans compter en plus les cons qui sont fiers de l'<27>tre!
*-Moi j'ai rien contre les hommes en particulier. Maintenant <20>a serait plut™t en gŽnŽral.
*-Je crois que ton chat exerce une influence nŽfaste sur ton Žquilibre. Pas vrai Humphrey?
*-J'en sais rien, je me demande s'il est pas un peu homosexuel.
*-Tu sais qu'ils aiment vachement les nanas!
*-Qui <20>a les chats?
*-Oui, mais surtout les homos, j'en connais plein, ils sont tous fous de moi!
*-Mais alors pourquoi ils sont homos alors qu'ils aiment les filles?
*-Justement, c'est parce qu'ils nous adorent! Tu connais beaucoup d'hŽtŽros qui aiment les femmes, toi?
*.
*-Au moins Humphrey me trahira pas. Mais psychanalytiquement parlant, je me demande si c'est pas un peu Žquivoque de partager sa vie avec un chat roux.
*-J'osais pas te le dire, mais je suis persuadŽe que c'est un prolongement pubien. Tu devrais le faire teindre en noir de la truffe au croupion, <20>a clarifierait les choses.
*-Confidences pour confidences, lui faire des gratouilles un peu partout, moi je trouve <20>a carrŽment zoophilique!
*.
*.
*-HŽbŽdidon, si ta m<>re te voyait ˆ poil comme <20>a!
*.
*-Oh bin ma m<>re, je lui montre mon coude et elle tombe dans les pommes ˆ toute vapeur. Quand j'Žtais petite, c'Žtait tout juste si je devais pas aller ˆ la plage avec mes moufles et mon passe-montagne.
*-a dŽpend, si c'Žtait en plein hiver <20>a se dŽfend quand m<>me un peu!
*-Bon, c'est bien beau de critiquer les tabous pudibonds, mais je me les g<>le, t'as pas un peignoir?
*.
*-Enfin, vaut encore mieux que tu sois lˆ plut™t que ta maternelle.
*-Gaby, tu charries lˆ... Un peu de respect pour les a•eux.
*.
*-Amandine, si tu cherches quelque chose pour le p'tit dŽj', je te signale que le chat est juste sous le lit.
*-Non, pas Humphrey!!
*-Quoi, il est pas encore assez dodu?
*-Avec le gnou au manioc d'hier soir, <20>a ferait quand m<>me un peu trop de protŽines. Pense ˆ ton Žquilibre alimentaire, ma vieille!
*.
*Au fond (et m<>me en large et en travers) Amandine Žtait loin d'<27>tre mal foutue. Si sa c™te Žtait un peu gringalette, m<>re Nature l'avait flanquŽe d'une jolie paire de petits d™mes mammaires pleine-peau, un couple de tourtereaux le museau dans les Žtoiles. Et tout <20>a, fessiers et p'tits Bob rŽunis Žchappait ostensiblement aux lois universelles de la pesanteur.
*Elle n'avait jamais pu le vŽrifier par elle-m<>me, mais on disait que son Žminence souffrŽe sentait l'iode et l'air du large, le genre d'embruns marins qui vous burinait un caract<63>re. Et pour dire, la rousseur hirsute de son petit pic vŽnusien valait bien des Tourmalets.
*-Heu, Woody?! C'est toi!?
*.
*-Eh oui, comme au cinŽma! Mais au prix o<> est la ligne de cokacid, tu ferais mieux d'aller te payer une toile, <20>a te reviendrait moins cher.
*-Et avec <20>a, on dira que les juifs sont pas avares.
*.
*-C'est la premi<6D>re fois que j'ai une apparition derri<72>re un pilier!
*-Eh oui, comme Aladin et sa lampe magique!
*-Vous auriez pu vous mettre en blue-djinn pour une fois. Non?? Bon.
*.
*-Amandine, vous devriez plut™t essayer la colle ˆ rustines, il y aura peut-<2D>tre Stallone ˆ la place.
*.
*-On se connait! Je vous ai vu au cinŽma... Mais damned! Vous parlez!
*-Oui, en francais!
*-Merde, c'est la premi<6D>re fois que je sniffe et je tombe sur la version doublŽe, c'est bien ma veine.
*-La prochaine fois vous aurez Tom Cruise en hŽbreux, promis!
*.
*-Heu dites Amandine... Vous ne profitez pas qu'on est dans le noir pour abuser honteusement de la situation? Entre roux faut se serrer un peu les coudes, non?
*-Ouais, mais de lˆ ˆ se frotter la panse et trinquer du nombril, y'a un pas. On ne rapproche pas Brooklyn et la Place des Abesses si facilement!
*.
*"Z'<27>tes sžre que vous voulez avoir la m<>me couleur que la fille d'ˆ c™tŽ? Parce que si vous changez d'avis en vitesse, je peux encore rincer la moitiŽ de la teinture, <20>a vous donnera un genre tigre noir et roux du meilleur effet."
*.
*-Merde! Mes lentilles de contact!
*-Vous faites pas d'bile! Elle ont du tomber dans le bain de teinture, elles vous ressortiront juste un peu plus rouges qu'avant.
*-Mais <20>a va me faire des yeux de lapin!
*-Vous savez, c'est tr<74>s ˆ la mode les lentilles colorŽes en ce moment, et en plus on vous les fait ˆ l'Ïil...
*.
*-Bon alors, comment on la fait la p'tite dame?
*.
*-Mais cessez de me parler comme un charcutier qui nŽgocie une livre de tripes! On est censŽs <20>tre chez un coiffeur jeune et branchŽ! Merde, quoi.
*-a se voit que vous <20>tes ˆ Paris depuis longtemps...
*-Vous savez, ˆ la longue je vais finir par me demander si vous <20>tes un vrai coiffeur! D'ailleurs j'ai toutes les raisons de me mŽfier: vous n'avez ni gourmette en or, ni eau de toilette ˆ la lavande, ni chemise rayŽe...
*.
*-J'aimerais bien vous faire des dreadlocks, j'ai vu une rŽtrospective Bob Marley l'autre jour ˆ la tŽlŽ, et <20>a m'en dŽmange les asticots!
*-Et pourquoi pas des couettes ou une choucroute avec des saucisses?
*-Autrement je vous fais un petit dŽgradŽ, lˆ, et puis ensuite une petite permanente, lˆ, et puis ensuite une petite dŽcoloration, lˆ, et puis ensuite des petites m<>ches!
*-O<> <20>a les petites m<>ches?
*-Lˆ...
*-Ah oui... En fin de compte, j'aimerais bien me les laisser pousser. Mais l'inconvŽnient, c'est que pour avoir les cheveux longs, il faut attendre vachement plus longtemps que pour la coupe en brosse. Quelle connerie la vie.
*.
*-HŽ molo! Z'ˆtes pas payŽ ˆ la longueur de cheveux que vous coupez!
*.
*-Ta ta ta! Faites moi confiance, je vais vous tailler un moral en bŽton armŽ, bonjour la baraka!
*-Mais au fait, qui vous coupe les cheveux ˆ vous?
*-J'ai tr<74>s peu confiance envers mes collŽgues, j'en ai ratŽ suffisamment et je crois que pas mal aimeraient bien se venger. Je coupe tout moi m<>me.
*-Tout s'explique.
*-Vous savez, je connais bien un chirurgien onaniste qui s'est operŽ tout seul...
*.
*-C'est quand m<>me incroyable! Normalement quand on donne son flouze on a le droit ˆ quelque chose en plus, hŽ bin chez le coiffeur on vous ratiboise votre blŽ et en plus on repart avec des cheveux en moins, quelle arnaque...
*.
*Le massacre au s<>che-cheveux battait son plein. Encore quelques minutes, et Amandine irait rejoindre Mario. Elle lui demanderait s'il ne remarquait rien de changŽ chez elle. Et lui se gratterait le ciboulot pendant deux-trois secondes et rŽponderait "Tu as achetŽ de nouvelle chaussures, c'est <20>a?". Amandine se demanderait alors si tout ceci ne serait pas au fond un peu superficiel, et se rŽsignerait ˆ l'idŽe qu'un homme doit toujours voir sa femme et jamais la regarder.
*.
*Toutes voiles dehors, Amandine allait donc suivre la marŽe du muscle ferme. Ses seins dŽfieraient les ans, ses fesses suivraient: elle allait se remixer le physique. Deux fois par semaine, elle irait sacrifier au culte du dieu maintien, dŽposant au passage sa grasse obole au ma”tre des lieux.
*.
*-C'est normal que <20>a chauffe autant? Ils ont mis le thermostat ˆ fond les manettes, ou quoi?
*-Bah! C'est normal, <20>a veut dire que <20>a vous fait de l'effet.
*-Si on m'avait dit un jour que je paierais pour me faire r™tir ˆ l'unilatŽrale...
*.
*-A ce rythme lˆ, je vais me niquer la peau des fesses et d'ailleurs.
*-Vous plaignez pas. Un jour, il y en a un qui s'est retrouvŽ coincŽ toute la nuit ˆ l'intŽrieur du truc, et comme le personnel avait oubliŽ de tout dŽbrancher, on n'a plus retrouvŽ qu'un peu d'anthracite le lendemain. Il a fallu dŽterminer son ‰ge au carbone 14...
*.
*-Justement, ˆ propos de cuisine j'entends la cellulite de l'autre qui commence ˆ grŽsiller, je vais aller la retourner. Bonne cuisson...
*.
*-Alors tout est OK?
*-Oui, mais franchement, vous trouvez que le bronzage me va bien? Enfin <20>a depend o<> vous me direz...
*.
*-Mais bien sžr: <20>a fait ressortir la blancheur de votre ‰me immaculŽe! Et puis vous plaignez pas, apres 299 sŽances payantes, on vous offre la 300<30>me! Se faire roussir la couenne ˆ l'Ïil, sympa non?
*.
*-Et puis j'ai quand m<>me un peu la trouille de me faire contr™ler par les flics maintenant que je vais <20>tre h‰lŽe. On sait jamais, faut pas les provoquer...
*.
*Avec ses histoires de bronzage, Amandine jouait un peu avec le feu. Qui pouvait savoir si ses nouvelles radiations dermiques allaient enflammer la libido de Mario? Fallait-il vraiment qu'Amandine jalouse la diaspora du Club Med' et mette sa blanche alb‰tre au four ˆ pizza?
*.
*-Salut M'sieur Bienvenue, tiens j'ai lu quelque chose...
*-Les versets sataniques?
*-Meunan! Un super rŽgime ˆ base d'oranges. Avec <20>a, je vais faire flipper Mario, dŽfinitivement.
*-C'est pour devenir ronde comme un agrume?
*-Vous, <20>a se voit bien que vous lisez pas les journaux... C'est pour maigrir, pardi!
*-Mais vous <20>tes dŽjˆ maigre comme un poireau rachytique!
*.
*M<>me si les esprits chagrins de la paname-casbah disaient qu'il Žtait Ali Baba et les quarante voleurs ˆ lui tout seul, l'Žpicier avait toujours gardŽ ce m<>me air de jovialitŽ qui semblait ne l'avoir jamais quittŽ depuis le berceau. Les sept plaies d'Egypte et toute la mis<69>re du monde pouvaient bien s'abattre sur tout le 18<31>me, son Ïil n'en serait pas moins effervescent.
*Depuis qu'Amandine venait lui monnayer ses carottes, il n'avait fermŽ qu'un seul jour ouvrable, celui de la mort de sa femme. Ses tomates avaient fait un peu grise mine pendant deux jours, mais c'Žtait reparti comme si de rien n'Žtait. Tant que la droite de l'hexagone compterait ses Žlecteurs en chiffres arabes, tout irait bien.
*L'acharnement avec lequel tous se fondaient -avec un masochisme dŽlectatoire- ˆ l'intŽrieur de moules sociaux prŽcalibrŽs avait toujours stupŽfait l'Žpicier. Et tout le monde s'y mettait: hommes, femmes, jeunes, vieilles, blanches, noires, grandes, petites. Le conformiste Žtait encore le consensus le mieux exportable...
*.
*-Dis donc, c'est du premier choix! HŽ la rouquine, tu veux essayer?
*-Apr<70>s tout, je suis plus ˆ <20>a pr<70>s...
*-T'as raison, d'ailleurs tous les grands du show-biz s'en collent plein les narines.
*-Ah bon?
*-Ouais, ˆ une ligne par jour, t'es critique de disques, ˆ deux tu passes ˆ la tŽlŽ et ˆ cinq t'es carrŽment en t<>te du Top 50 avec une chanson contre la drogue! Hin hin hin!
*-Alors comment on fait?
*-Regarde, tu prends ta paille et tu renifles un grand coup!
*-Comme <20>a?
*-Mais non, avec le nez!
*-Comme... Heu... Maman, je me sens mal!
*.
*-Gaby! Viens, on rentre!
*-Hein?
*-Gabyyyyy!!!!! Come on, on s'casse de lˆ!
*-J'entends rien!
*-Eh toi, passe moi une clope! Je vais lui faire des signaux de fumŽe...
*.
*-HŽ Amandine, tu vas quand m<>me pas sniffer de ce machin lˆ! T'es devenue complŽtement siphonŽe?
*-Oh toi, pas la peine de jouer les m<>res la vertu, la vie est trop courte pour renifler triste!
*-Et puis aprŽs tout, ces histoires de blanche me regardent pas...
*.
*-Allez, joue pas ta pŽtasse!
*-J'hŽsite quand m<>me, et si je mourais dans l'enfer de la drogue?
*-Tu charries lˆ... Est-ce que j'ai une t<>te de droguŽ?
*-Bin, heu...
*-Et puis c'est quand m<>me plus classe que la colle ˆ rustines! a c'est un truc d'intello, pas de p'tits loulous fauchŽs ˆ la mords moi l'nÏud.
*-OK, j'veux bien essayer, mais <20>a sera la premi<6D>re et la derni<6E>re fois!
*.
*-Non, pas ici! On pourrait nous voir...
*-Arr<72>te, y fait noir!
*-Et puis on pourrait nous entendre...
*-Mais non... T'as pas vu la giga sono!? On risque rien j'te dis...
*-a fait seulement trois disques et deux whisky-coca qu'on se connait et tu veux me rouler un patin alors qu'on a m<>me pas dansŽ un seul slow ensemble! J'ai des principes, merde...
*.
*.
*-Salut bande de blairs'! Tonight, dans notre rubrique "Bouquins ˆ la con", on recoit Amandine Palmer... On l'applaudit!
*-Putain, quelle ambiance, Kiki...
*-Ouais, alors Amandine j'ai dŽcidŽ de t'inviter parce que t'as pondu un pavŽ qui va s'jeter dans la marre, hin hin hin! a s'appelle "J'ai vŽcu l'enfer de la drogue".
*.
*.
*-Mais j'veux dire, pourquoi un titre pareil?
*-Bin heu, j'voulais dire que j'avais vŽcu l'enfer de la drogue, enfin j'veux dire, t'vois...
*-Mais heu... T'as pas peur d'y aller un peu fort?
*-Rahhh j'te sens v'nir avec tes questions.
*-Hin hin hin, merci! Mais le cirage <20>a marche pas avec moi.
*-Non <20>a roule! Ha ha ha!
*-Hin hin hin! Enfin, tu te shootais quand m<>me pas au blanc ˆ baskets, hein? Alors qu'est-ce t'as pris?
*-Bah, j'ai commencŽ par sniffer de la colle blanche, et puis je suis passŽ aux rouleaux de papier collant double-face...
*-Coupez! Tr<54>s bien Mademoiselle Palmer, mais il fallait parler de votre enfance martyre avant! Allez, on la refait... Vous <20>tes pr<70>te?
*-Tout ˆ fait, Monsieur!
*-Hum hum... Salut bande de blairs'! Tonight, dans notre rubrique "bouquins ˆ la con"...
*.
*-DŽcidŽ de m'inviter, ouais, enfin c'est quand m<>me l'attachŽe de presse de mon Žditeur qui t'a proposŽ un voyage en Colombie.
*-Hin hin hin, tu manques pas d'air je vois... Bon Fred, on coupera <20>a au montage, hein?
*.
*-Ouais, enfin, j'veux dire, j'ai voulu Žcrire "J'ai vŽcu l'enfer de la drogue" pour pas qu'un jeune, t'vois, y tombe lˆ d'dans. C'est vraiment l'enfer, j'veux dire... Et puis c'est pas positif.
*.
*-Hin hin hin! Ouais, je vois... Alors Amandine, y para”t que tu vas aussi enregistrer un disque? Enfin j'veux dire, c'est un bruit qui court, hin hin hin!
*-T'es au courant? J'aurais jamais cru que le mailing du service de presse arriverait aussi vite...
*.
*-Et pi d'ailleurs, j'veux dire, <20>a sert ˆ rien d'se dŽfoncer. OK <20>a m'a quand m<>me servi ˆ Žcrire un bouquin, mais moi maintenant j'me shoote ˆ la littŽrature t'vois. Jean-Luc Lahaye, Alain Prost, BHL... Enfin, tout <20>a j'veux dire.
*-Mais bon, t'as quand m<>me pas un peu les boules que cette image de camŽe te colle au cul non?
*-Moi camŽe? Tu sais, si j'avais continuŽ ˆ me dŽtruire, jamais j'aurais trouvŽ la force d'Žcrire ce bouquin...
*-Hin hin hin! Allez avoue un peu la Palmer... Tu sniffes encore?
*-Mais il me prend la t<>te ce mec!
*-Allez la m<>re Amandine, t'as pas une dose?! Hin hin hin!
*-Non mais enfin, est-ce que j'te d'mande si t'as des hŽmorro•des?
*.
*-Salut Etienne, sympa d'm'avoir invitŽ...
*-Alors heu, Hubert de Saint-Arnaud, t'es chargŽ de mission au minist<73>re de la jeunesse et des sports. Alors ton job c'est le baroud anti-drogue, quoi?
*-En effet, il me semble indispensable de prendre immŽdiatement conscience du grave probl<62>me qui menace nos gosses. J'ai moi-m<>me deux enfants, et pour rien au monde je...
*-Et qu'est-ce que tu penses du bouquin d'Amandine Palmer "J'ai vŽcu l'enfer de la drogue"...
*-Paru aux Žditions de la Ligne Blanche, 89F...
*-Heu, merci Amandine...
*-Ouais, c'est un tŽmoignage-Žmotion tr<74>s intŽressant. Mademoiselle Palmer dŽnonce avec force et talent ces marchands de mort et incite au dialogue parents-enfants, ŽlŽment indis...
*-C'est pas d'la poudre aux yeux, quoi, hin, hin hin! Vous vous connaissez depuis longtemps tout les deux, j'crois?
*-Oui, tout ˆ l'heure aux rŽpŽtitions.
*-Bon c'est bien beau mais l'heure tourne, va falloir s'arracher les enfants... J'crois qu'le dŽbat a ŽtŽ vachement complet et puis surtout hyper-constructif, hein?
*-Absolument.
*-La s'maine prochaine, je recevrai Gabrielle Bakaba pour son bouquin "Ma meilleure amie dans l'enfer de la drogue". A la prochaine, tas d'endives!
*.
*-Alors comme <20>a, il n'y a pas assez de travailleurs clandestins africains en France, il a fallu que tu ailles jusque chez eux avec ta copine??
*.
*-Bin <20>a rŽtablit la moyenne, et puis c'est pas le bout du monde.
*-Voilˆ comment tu es! Comme si <20>a ne suffisait pas que ton p<>re soit dŽcŽdŽ -paix ˆ son ‰me- et que les comptes de la kermesse de samedi dernier soient dans le rouge, voilˆ que tu me laisses en plan comme une vieille carpette!
*-Mais c'est juste des vacances j'te dis! T'as vraiment le don de tout dramatiser!
*-Au moins c'est cette Gabrielle qui t'accompagne, tu n'es pas tout ˆ fait seule. Parce qu'on ne sait jamais ce qui aurait pu advenir d'une jolie jeune fille comme toi. Une mauvaise rencontre est si vite arrivŽe...
*.
*-Mais qu'est-ce qu'il te faut pour que tu ailles lˆ bas, hein? On a toujours passŽ nos vacances ˆ la Baule, <20>a n'est quand m<>me pas le soleil qui te manque!
*.
*-Allo Maman? Tu ne devineras jamais d'o<> je t'appelle!
*.
*-Maman, tu m'Žcoutes?
*-Maman, qu'est-ce qui t'arrive?
*-Maman, <20>a va bien?? Tu dis plus rien?!
*-Je m'attends au pire! Et pourtant tu m'en as fait voir de toutes les couleurs! Alors o<> es-tu? Au poste de police, ˆ la brigade des mÏurs, dans une radio libre ou bien dans le squatt d'un groupe pop?
*-Allez dŽconne pas la maman! Je suis juste en Afrique.
*-Ah oui, si c'est une plaisanterie je la trouve d'un gožt particulierement douteux!
*-Allez, va chercher tes lithinŽes du docteur Gustin et me prends pas la t<>te, je suis chez l'oncle de Gabrielle pour quelques jours!
*-Voilˆ! J'aurais du m'en douter! Il veut te prendre pour Žpouse! J'esp<73>re au moins que les zŽbus qu'il va m'offrir en Žchange sont en bonne santŽ...
*.
*-Allons, qu'as-tu encore inventŽ pour faire un sang d'encre ˆ ta m<>re! C'est que je me fais vieille, mes nerfs vont finir par l‰cher.
*-Avec Gabrielle, on a dŽcidŽ d'aller se mettre au vert chez son oncle.
*-Et o<> est-ce qu'il habite? A la Courneuve ou bien dans l'ile Saint-Denis? Tu sais que ces endroits lˆ sont tr<74>s mal famŽs!
*-Mais pas du tout... D'ailleurs il est en Afrique!
*-EN AFRIQUE??? Mais, mais, mais, mais est-ce que tu manges bien, au moins?
*-Toujours avec tes histoires de bouffe! Fais toi psychanalyser, <20>a cache quelque chose.
*-Moque toi donc de ta vieille m<>re! J'ai quand m<>me lu un article dans Femme-Pratique sur la malnutrition. Crois-moi si tu veux, mais ces gens lˆ mangent n'importe quoi!
*-Bah, <20>a change un peu du Mac Do, quoi.
*-ET est-ce que tu as fait tous les vaccins?
*-Mais oui, Maman... Et j'ai aussi mes fusŽes de dŽtresse, ma ration de survie et mon ours en peluche.
*-Justement, et cette esp<73>ce d'animal velu et mal lechŽ qui te sert de chat?
*-On l'a passŽ en fraude avec l'aide d'un trafiquant de coca•ne, ces salauds de douaniers auraient ŽtŽ capable de garder Humphrey en quarantaine...
*.
*-Docteur, ma fille m'inqui<75>te de plus en plus...
*-C'est normal, vous <20>tes sa m<>re!
*-Elle fait expr<70>s d'aller manger dans des restaurants bizarres...
*-Heu... Des fast-food?
*-Non! Des restaurants Žtrangers! Y'a pas assez de bons Žtablissements francais comme <20>a? Il faut qu'elle aille manger des choses dont je ne connais m<>me pas le nom! Si <20>a se trouve c'est du chien!
*-Ne vous plaignez pas, elle pourrait pratiquer des religions curieuses, venues du moyen-orient... Le catholicisme par exemple.
*-En plus, elle m'emm<6D>ne toujours voir des films avant-gardistes tchŽcoslovaques. Eh bien croyez moi si vous le voulez, ce gens lˆ ne font m<>me pas l'effort de parler notre langue!
*.
*-Que vous inspire le veuvage?
*-Dieu m'a enlevŽ feu mon Žpoux, et le diable ma fille! Le Ciel est tŽmoin que je ne l'ai pas voulu!
*-Pensez-vous que la culture canadienne de votre mari ait eu une influence sur votre fille? A-t'elle du mal ˆ s'intŽgrer dans la sociŽtŽ occidentale?
*-Un jour, un policier a demandŽ ˆ mon mari son permis de sŽjour, je crois que <20>a a beaucoup traumatisŽ Amandine. C'est alors que j'ai compris l'influence nŽfaste qu'avait cette jeune togolaise marginale sur ma fille...
*.
*-Parfois, je m'interroge sur l'utilitŽ de nos sŽances...
*-Personne ne m'Žcoute Docteur! M<>me ma fille, ma propre fille fait expr<70>s de ne pas dŽcrocher quand c'est moi qui appelle! Vous m'entendez docteur?
*-Oui, oui...
*-Tenez, l'autre jour je l'ai eue au tŽlŽphone, elle m'a couverte de sarcasmes, m'a outrageusement humiliŽe, moi sa m<>re!
*-Pauvre fille.
*-Quoi??!!!
*-Heu non, rien...
*.
*-Vous savez qu'Amandine s'est mis en t<>te de vivre seule... Comme si je l'Žtouffais! Pourtant j'ai toujours ŽtŽ d'une discrŽtion irrŽprochable.
*-Mais encore?
*-Alors la semaine derni<6E>re, je lui tŽlŽphone...
*-La semaine derni<6E>re? Vous voulez dire tout ˆ l'heure?
*-J'ai bien le droit de prendre un peu de ses nouvelles, elle pense trop ˆ ses flirts pour m'appeler! Et encore, c'est tout juste si elle m'a donnŽ son numŽro!
*-Vous ne m'aviez jamais dit qu'elle avait le tŽlŽphone...
*-C'est une mauvaise fille... D'ailleurs elle ne sait m<>me pas faire la cuisine!
*-Et alors?
*-Et alors, elle pourrait QUAND MEME m'inviter ˆ d”ner chez elle de temps en temps!
*.
*Depuis sa rencontre avec Duroc, l'appel de la presse rŽsonnait comme celui du grand large, <20>a vous prenait lˆ, comme une envie inexpugnable de mettre les bouts vers la cinqui<75>me colonne ˆ la une. Amandine allait entrer dans le lard du papier m‰chŽ. Lazareff me voilˆ, s'auto entonnait-elle en affžtant d'avance ses mŽtaphores...
*L'envie de placer sa griffe dans les pattes d'un article bien balancŽ travaillait Amandine depuis quelques temps, de fa<66>on intermittente certes, mais nŽanmoins pressante. En fait, <20>a s'en allait et <20>a revenait, un peu comme une chanson populaire...
*Le journalisme dont r<>vait Amandine Žtait un peu un prince charmant. On en reva”t, tout en sachant bien que des millions de couples s'arrachaient les yeux. A trop vouloir traverser le miroir, Amandine risquait la m<>me dŽception que lorsqu'on dŽcouvre les cuisines d'un grand restaurant. Le non-dit avait parfois du bon...
*Duroc l'avait dŽcidŽe. Amandine allait prendre le taureau par les cornes et le milieu de la presse par le bon cotŽ. AprŽs une pŽriode de purgatoire ˆ Nice ou au Cambodge, elle se voyait paraphant rageusement des Žditos assassins qui, d'un sous-entendu, renverseraient la vapeur du prochain scrutin...
*.
*-Ah vous voilˆ!!
*-HŽ vous, c'est pas le camping des flots bleus ici, c'est un journal!
*-Justement! a fait trois jours que votre rŽdac' chef y refuse dŽlibŽrement et ostensiblement de me recevoir!
*-Je veux bien, mais si vous continuez ˆ Žtendre votre linge dans le couloir du service politique Žtrang<6E>re, je crois que c'est mal parti.
*-J'ai pas commencŽ de gr<67>ve de la faim parce que <20>a serait mauvais pour mon mŽtabolisme, mais si jamais je meurs de froid, <20>a vous retombera dessus! Et bonjour l'impact mŽdiatique!
*-Ah, je vois d'ici les titres des concurrents! Bon, si <20>a peut vous amuser, je peux vous arranger une touche avec le rŽdacteur en chef pour tout ˆ l'heure. Mais il va <20>tre de mauvais poil...
*.
*-Vous, vous voulez vous faire payer vos piges de l'an dernier, c'est <20>a?
*-Non, j'attends le rŽdacteur en chef.
*-Mais c'est pas ici!
*-Et cette porte alors, c'est quoi?
*-Pour faire diversion contre les terroristes. En fait c'est juste le dŽbarras de la femme de mŽnage, qui d'ailleurs va bient™t ˆtre mutŽe au service micro-informatique. a se voit que vous connaissez pas les ficelles du mŽtier!
*-Et moi alors, je fais quoi? Tapisserie peut-<2D>tre?
*-Vous, vous allez me foutre le camp! Allez, ouste, du balai! Et vous avez de la chance qu'un Ždito nous ait foutus mal avec le minist<73>re de l'intŽrieur, sinon on vous faisait envoyer un peloton de voltigeurs pour vous dŽloger!
*.
*-T'as vu, elle s'est m<>me payŽ une page dans le dernier numŽro!
*-Qu'est-ce qu'on fait? On pourrait la laisser continuer un peu, <20>a nous ferait des rentrŽes!
*-Et <20>a fera illico des bons points pour le service publicitŽ qui viendra m<>me pas nous dire merci...
*-T'as raison, j'ai toujours trouvŽ dŽgueulasse que ce clampin de Lambert gagne plus que moi, tŽlŽphone ˆ cette Palmer et prends lui un rendez-vous. On devrait bien lui trouver une place pour Žcrire le courrier des lecteurs. Et puis on n'aura qu'ˆ la payer en droits d'auteurs.
*-Pour demain, le rendez-vous?
*-Mais non bordel, dans deux semaines, je tiens pas ˆ ce qu'on s'imagine qu'on fout rien... Et ˆ part <20>a, ce trou du cul de ministre, t'as mis la main dessus?
*-Rien ˆ faire, <20>a fait trois jours que j'essaie de l'avoir, son attachŽe de presse nous dit de rappeler au prochain septennat...
*.
*-Nom de Dieu!! Pas moyen d'y Žchapper ˆ celle-lˆ! Elle vient m<>me fourrer son nez sous ma fen<65>tre!
*-Te plains pas, cette esp<73>ce de rouquine mal rincŽe s'est aussi payŽ tous les panneaux de la correspondance Chatelet-Porte des Lilas... Et j'ose m<>me plus allumer la radio.
*-On va pas se laisser impressioner comme <20>a, et la dŽontologie merde?! Allez appelle la et dis lui que les pigistes sont ˆ 100F le feuillet, comme <20>a elle nous foutra la paix...
*.
*-L'univers, bonjour!
*.
*-Allo? Je voudrais parler au rŽdacteur en chef...
*-Ne quittez pas, je vais voir s'il est lˆ!
*-Mais vous avez dŽjˆ dit <20>a y'a cinq minutes!
*-Qui <20>a, moi? Comment <20>a?
*-J'ai tŽlŽphonŽ tout ˆ l'heure, et vous m'aviez dit que sa ligne Žtait occupŽe et de rappeler dans cinq minutes. Alors je rappelle!
*-Mais si tout le monde faisait comme vous on en sortirait jamais!
*-Cinq minutes <20>a veut dire dans une heure? Alors c'est comme pour le nombre de lecteurs, faut tout multiplier?
*.
*-Ah c'est vous? Ecoutez mademoiselle, <20>a fait la huiti<74>me fois en un quart d'heure que vous appellez le journal, je vous rŽp<C5BD>te que le rŽdacteur en chef ne peut pas vous recevoir!
*-a tombe bien, je suis libre pour un rendez-vous demain!
*-Monsieur BŽnichou est actuellement en confŽrence, je peux lui prendre un message, il vous rappelera!
*-C'est <20>a, la derni<6E>re fois vous aviez m<>me pas pris mon numŽro de tŽlŽphone! Le mur de Berlin est tombŽ mais y reste toujours des forteresses en occident! Faudrait voir ˆ faire un peu votre perestro•ka!
*.
*-Allo l'Univers? Je voudrais parler ˆ Joseph BŽnichou!
*.
*-Ne quittez pas, je vous le passe... C'est de la part de??
*-Passez le-moi, de toutes fa<66>ons il ne peut rien me refuser.
*.
*-Comment <20>a? Vous voulez pas me le passer? Si jamais on apprend que vous avez refusŽ de me le passer, moi Amandine Palmer, <20>a va jaser dans les d”ners en ville! A votre place je prŽparerais ma reconversion!
*-Tr<54>s bien, ne quittez pas...
*-HŽhŽ... L'autoritŽ, il n'y a que <20>a qui marche avec les secrŽtaires...
*.
*-Tee-shirts Amandine Palmer, badges Amandine Palmer, slips froufroutants Amandine Palmer! a fait trois jours qu'elle nous bombarde la rŽdaction avec ses gadgets ˆ la con! Elle veut redresser l'industrie du merchandising ˆ elle toute seule, ou quoi?
*-Et y'a encore dix coursiers qui attendent ˆ l'accueil!
*-On va devoir essayer de refourguer tout <20>a aux roumains.
*-Et les baudruches? Tu crois qu'on pourrait les refiler aux Rolling Stones?
*-En tout cas, le patron veut plus entendre parler de cette fille lˆ: elle lui a envoyŽ une poupŽe gonflable Amandine Palmer par porteur spŽcial. A sa place j'aurais fait moins deuxi<78>me degrŽ...
*.
*-a commence vraiment ˆ bien faire! Qui c'est cette nana qui nous envoie tout <20>a? Elle veut nous faire Žtouffer?
*-Elle dit qu'elle veut devenir journaliste pour notre feuille de choux. A sa place, j'irais plut™t postuler chez Pif Gadget.
*-Rigole! Mais la productivitŽ a vachement baissŽ dans la rŽdaction depuis qu'elle a envoyŽ un poster d'elle ˆ poil ˆ chaque chef de service.
*-HŽhŽ justement, y parait que le rŽdacteur en chef lui a proposŽ un entretien d'embauche. Il veut peut-ˆtre juger sur pi<70>ces...
*.
*-Ecoutes, tu me prends un peu de cours, j'ai pas tellement le temps de te recevoir...
*.
*-Pas de probl<62>mes, j'ai un style qui se lit rapidement.
*-Bonne idŽe <20>a, parce que l'autre jour j'ai eu un p'tit pigiste, comme toi, qui tartinait du nŽolo ˆ la pelleteuse, illisible le mec... M<>me moi j'ai pas rŽussi ˆ comprendre.
*-M<>me toi? J'me souviens quand j'Žtais petite, je lisais tes articles chez le dentiste, hihi c'est trop! Si, si, j'avais vachement de probl<62>mes de gencives quand j'Žtais petite. C'est un peu comme <20>a que j'ai pris gožt ˆ la presse.
*-Ha ha, t'as de l'esprit, c'est bien.
*-Alors <20>a te pla”t mon article, j'en ai un dossier plein comme <20>a si tu veux!
*-Hum, voyons <20>a... Ouais... Ah ouais, pas mal, bien fait pour sa gueule... Pas mal du tout dis donc! Mais, euh, <20>a parle de quoi exactement?
*-Bin ˆ la base, c'est plut™t une rŽflexion sur le r™le du milieu de l'informatique alternative, mais en fait pas vraiment...
*-J'avais pas vu <20>a comme <20>a, mais bon, y'a une patte... Ecoute, je peux pas te passer celui-lˆ (on est en bouclage depuis trois semaines), mais envoie moi un autre exemple, juste dix ou quinze feuillets, histoire que je me fasse une idŽe... Tu verras que tu feras ton chemin!
*.
*-Bon allez grouillons, j'ai une conf' de rŽdac' ˆ 11H, faut absolument que j'y aille cette fois-ci... Excuse moi d'<27>tre aussi direct, mais est-ce que t'Žcris bien?
*-Ah bon? C'est aussi important que <20>a? Heu je sais pas en fait, si je te rŽponds non tu fais quoi?
*-Nan, parce que je pense un peu ˆ un truc qui pourrait t'aller... O<> est-ce que t'as dŽjˆ bossŽ?
*-Heu rien de concret pour l'instant... Ah si, j'ai fait pas mal de baby-sitting. Et puis on va quand m<>me pas publier mes articles avec mon CV en bas!
*-Le baby-sitting, ouais, pas mal...
*-Rigole pas, c'est comme <20>a que je me suis payŽ ma machine ˆ Žcrire. Et puis <20>a me fait un vŽcu super concret sur le terrain.
*-C'est con, parce que pour ce truc, je cherchais justement quelqu'un qu'ait pas ŽtŽ perverti par tout ce milieu des media, quelqu'un d'un peu vierge, tu vois?
*-Mais tu sais, je suis pas pervertie du tout!
*-OK, on fait un essai de trois mois renouvelables et si c'est concluant, je te prends en stage. Tu vas te faire une place en or dans ce canard!
*.
*-Alors celui-lˆ, c'est un article sur un nouveau philosophe qui est parti s'exiler en Corr<72>ze. Et puis celui-lˆ, c'est la critique d'un bouquin d'un berger cŽvenol.
*.
*-Ecoute, tu me fais de la peine, lˆ... Je peux vraiment pas passer <20>a! Qu'est-ce qu'il dirait le lecteur, hein?
*-Ah bon, tu as qu'un seul lecteur? Je savais que la presse Žtait en crise, mais quand m<>me...
*-C'est compl<70>tement illisible ton truc, et puis tiens, y'a m<>me une faute, lˆ, putain encore une! Faut que je te file le numŽro de JosŽ Arthur, au moins l'orthographe <20>a s'entend pas ˆ la radio...
*.
*-Ah oui, lˆ c'est une enqu<71>te sur les refugiŽs politiques de Syldavie.
*-Nan, les Žtrangers, tout <20>a, <20>a vaut rien... Trouve un bon sujet: "Faut-il avoir peur de la guerre au San Bananas?", tiens!
*-Pas mal, c'est original surtout.
*-Et puis ce qui m'emb<6D>te -je dis pas <20>a pour toi- mais t'es quand m<>me un peu jeune...
*-Mais <20>a s'arrange de jour en jour. Et je me prŽpare dŽjˆ ˆ la mŽnopause active.
*-C'est encore un peu maladroit, mais je vois que ce qui t'intŽresserait vraiment, c'est du grand probl<62>me de sociŽtŽ. Vois avec Sylvianne ce que tu peux faire, c'est ˆ l'Žtage en dessous. On va faire quelque chose de toi, t'inqui<75>te pas!
*.
*"Un jeune reubeux ("beur" en verlan) a ŽtŽ tuŽ hier par deux policiers. "Je nettoyais ma matraque, et le coup est parti tout seul!" a dŽclarŽ le brigadier Trognibus, qui risque jusqu'ˆ la suspension de son permis de conduire, avec sursis."
*"DŽbat: pour ou contre les polŽmiques stŽriles?"
*"Le nouveau logiciel "Kiki et Zouzou" plus controversŽ que jamais: "Nous n'avons pas vu le jeu, parce que nous ne sommes pas encore arrivŽs ˆ faire entrer la disquette dans notre magnŽtoscope, a dŽclarŽ Monseigneur Lustucru, mais nous protestons d'avance contre sa diffusion en librairie!"
*"Un dŽveloppeur de logiciels a fait irruption hier soir dans un club d'informatique, et a ouvert le feu ˆ l'aide de son pisto-laser sur trois jeunes malfrats qui venaient de dupliquer illŽgalement son dernier jeu. Les disques durs ont rŽsistŽ, mais les trois criminels ont ŽtŽ dŽsintŽgrŽs sur le coup. La question du rŽtablissement des QHS pour les pirates de logiciels ne pourra plus <20>tre ŽludŽe tr<74>s longtemps par les socialo-marxistes."
*"Encore une victime des virus informatiques, en la personne de notre collaborateur Max Flox. Son logiciel favori ("Arian Warrior", un choute z<>me eupe sud-africain, mettant en sc<73>ne un jeune patriote breton dans le quartier de la Goutte d'Or) a en effet ŽtŽ irrŽmŽdiablement effacŽ, victime du lobby judŽo islamico cosmopolito ma<6D>onnique pour la dŽstabilisation des valeurs fondamentales de l'Occident ChrŽtien."
*"a ne peut plus durer, a dŽclarŽ le porte parole du mouvement pour un logiciel libŽral, le piratage nous cause un tort considŽrable et freine le dynamisme de nos entreprises et nous emp<6D>che de relever le challenge de l'Europe de 92. Si la police faisait son travail, nous pourrions Žditer beaucoup plus de jeunes auteurs, et m<>me -qui sait- peut-<2D>tre les payer!"
*.
*Amandine avait gagnŽ ses galons sous les cr<63>mes au collag<61>ne comme d'autres sous les bombes. RŽdactrice permanente au cahier beautŽ de l'appendice hebdomaire "L'univers madame", elle n'avait d'ailleurs pas si mal tirŽ son Žpingle ˆ cheveux. Mais la cosmŽto-critique est une science inexacte, et c'Žtait l'Žpiderme qui payait l'addition. L'avenir d'Amandine se voyait dŽsormais au fond d'un pot de soins aux liposomes actifs.
*.
*"Oui, Jean-Paul vous m'entendez?? Eh bien oui Jean-Paul, troisi<73>me point en direct pour -si vous me permettez l'expression- cette grande f<>te de la petit reine, il faut bien le dire. Je vous quittais tout ˆ l'heure sur le sublime exploit de Svend Andersen. Svend Andersen, auteur d'une formidable ŽchappŽe a ŽtŽ victime d'une mauvaise chute -mais y a t'il de bonnes chutes?- Svend Andersen je disais donc, a vu son avance fondre comme neige au soleil. A vous Jean-Paul!"
*.
*"Gnnn... Chalout les p'tis trous... P'tis trous... Gnnn Gnnn..."
*.
*-Je proteste! C'est parfaitement anti-dŽotonlogique que Marc Žcrive un article sur son propre bouquin pendant les heures de travail!
*-Putain t'as vraiment le don pour chercher la petite b<>te! Et puis comme <20>a j'ai des informations de premi<6D>re main, hŽ!
*-Gilbert a raison, Marc. Admets quand m<>me que tu aurais pu prendre un pseudonyme pour signer ta propre interview, <20>a aurait fait plus crŽdible!
*.
*-Alors pour la rubrique cinŽ, j'avais pensŽ ˆ Front Page, Bel Ami et Citizen Kane. Mais bon, si vous en voulez pas...
*-Tu devrais faire dans le thŽatre aussi, y'aurait toujours du monde au balcon, waoooo!!
*-Pauv' con...
*.
*"Bon allez, soyez un peu constructifs les enfants, j'ai un canard ˆ sortir! Pour l'instant y'a juste Patrick qui a proposŽ de prendre un apŽro et Nadia qui a demandŽ quand est-ce qu'elle serait payŽe... a fait un peu maigre!"
*.
*-Ouais, alors je viens de finir une enqu<71>te, je me suis fait passer pour un dŽveloppeur en situation irrŽguli<6C>re. Y'a fallu que je maigrisse, que je fume trois paquets par jour et que je devienne myope...
*-Entrer dans le personnage, <20>a c'est du journalisme-vŽritŽ! La prochaine fois on aura qu'ˆ envoyer une petite pigiste se faire passer pour une strip-teaseuse, <20>a lui apprendra le mŽtier! Et je me dŽvoue pour faire les photos, warf!
*.
*-Oui, moi je trouve quand m<>me que le papier du cahier Žconomie fait un peu cheap. Quand on sortira de l'imprimerie faudra bient™t tirer la chasse d'eau..
*-Bon Žcoute, encore une comme celle lˆ et je te colle ˆ la rubrique tŽlŽ sans prime de risque!
*.
*-Un papier sur l'alcoolisme, ouais, c'est pas une mauvaise idŽe.
*-Et puis <20>a sera pas la peine d'aller chercher tr<74>s loin pour trouver un spŽcialiste...
*.
*.
*Quatre gar<61>ons, le pileux tondu de frais et la bobine ˆ sortir d'une Žcole de commerce, se dandinaient le popotin sur la sc<73>ne. L'un deux, minaudait en play-back un gimmick limpide et entrainant. Un carrŽ qui n'avait pas attendu d'<27>tre ressorti du formol pour passer sur les antennes.
*.
*-Quelle Žnergie, dites donc! On leur souhaite en tout cas une longue carri<72>re... Eh bien oui, bienvenue chers amis sur le plateau de B comme???
*-Bonheur!!!
*-C'est formidable! Tout de suite nous accueillons nos trois candidats!
*.
*Toutes quenottes au vent, ˆ l'air des sunlights, Luc Riboisi<73>re connaissait la chanson aussi bien qu'un vieux singe ˆ qui on n'apprend plus ˆ en faire. Un Monsieur Loyal matinŽ Propre, simultanŽment gendre idŽal pied au plancher et papa-g‰teau main sur le palpitant, beat-box et tambour battant ˆ l'unisson. Assez pour sentir le dentifrice et l'eau de javel ˆ pas mal de mŽgahertz ˆ la ronde.
*.
*-Bonjour Odile!
*-Bonjour Luc...
*-Qu'est-ce que vous faites dans la vie, Odile?
*-Je suis dans la confection.
*-Un bien beau mŽtier que celui de la confection... Eh bien, bonne chance Odile!
*.
*-Bonjour Amandine! Alors Amandine, en quelques mots vous <20>tes??
*-Heu bin... J'ai vingt trois ans, et puis je suis ancienne Žtudiante.
*-Vous vous sentez d'attaque? Pas trop intimidŽe?? Hein?
*-Bin heu...
*-Ah si, un peu quand m<>me, ha ha!!
*-Heu... C'est quand m<>me la premi<6D>re fois que je passe ˆ une heure de si grande Žcoute...
*.
*-Eh bien dites donc mon cher Jacques, vous voilˆ le seul homme parmi nos trois condidats, carrŽment!
*-Oui, heu, hŽhŽ...
*-Et j'ai commis une petite indiscrŽtion... Vous me pardonnez, Jacques? Il parait que vous <20>tes... Que vous <20>tes cŽ-li-ba-taire!!
*-Heu, oui, enfin c'est ˆ dire que je travaille beaucoup, alors...
*-Ha ha! Je vois que vous ne laissez pas indiffŽrentes certaines de nos spectatrices!
*-Oui, heu... En effet...
*-Allez on vous encourage Jacques! A cotŽ de deux demoiselles aussi charmantes et devant trente millions d'amis tŽlŽspectateurs, <20>a n'est pas si facile!
*.
*-Attention, premi<6D>re question! Ecoutez-bien, il y a un petit pi<70>ge! Parmi ces quatre personnalitŽs, quel est l'intrus? Olivia de Haviland, Ronald Reagan, Humphrey Bogart et Louis Jouvet?
*.
*-Je pensais ˆ Humphrey Bogart... C'est lui que Claude Chabrol n'a jamais dirigŽ?
*-Mauvaise rŽponse Odile... Voyons c'Žtait pourtant simple: ni Ronald Reagan, ni Humphrey Bogart, ni Louis Jouvet ne sont des actrices de cinŽma!
*.
*-Je dirais Ronald Reagan... Je pense que c'est le seul ˆ n'avoir jamais tournŽ pour le savon Lux?
*-Mauvaise rŽponse! Dommage, Amandine... C'est Louis Jouvet, qui a ŽtŽ le seul ˆ ne jamais avoir ŽtŽ dirigŽ par le rŽalisateur de Robin des Bois en 1939, Michael Curtiz, qui tourna Žgalement les aventures du Captain Blood et Casablanca! Et on viendra dire que <20>a n'est pas une Žmission culturelle!
*.
*-Louis Jouvet peut-<2D>tre? C'est le seul ˆ avoir fait de la politique, non?
*-Ha lˆ lˆ lˆ... Olivia de Haviland Žtait la seule ˆ utiliser de la laque et non de la brillantine! Vous ne marquez pas, desolŽ Jacques, mais rien n'est jouŽ!
*.
*.
*-Deuxi<78>me question! Quel est le point commun que partagent tous les deux en m<>me temps Michel Droit (de l'AcadŽmie Francaise) et Michel Platini?
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*-Heu, un meublŽ rue de Bi<42>vre peut-<2D>tre?
*-Quel dommage, Odile! Michel Droit (de l'AcadŽmie Francaise) et Michel Platini ont tous les deux Žcrit un livre! Eh oui, un livre, il fallait y penser!
*.
*-Je pense qu'ils travaillaient tout les deux pour Pernod-Ricard avant de se lancer dans la politique?
*-Je crois que vous confondez un peu, Amandine... Ils ont fait tout b<>tement leur premi<6D>re communion une annŽe bissextile! C'Žtait pourtant dans la rubrique "TŽlŽ-MŽga-Plus vous en dit plus" du magazine TŽlŽ-MŽga-Plus de cette semaine!
*.
*-Est-ce qu'ils n'ont pas fait partie, ˆ des moments diffŽrents, du comitŽ Žditorial de l'Equipe?
*-A•e a•e a•e, Jacques que vous arrive-t'il?! C'Žtait presque <20>a! Michel Droit (de l'AcadŽmie Francaise) et Michel Platini Žtaient tous les deux pour la France ˆ la demi-finale de la coupe du monde contre le BrŽsil, <20>a n'Žtait pas plus b<>te que <20>a!
*.
*-Odile, Amandine et Jacques, derni<6E>re question qui vous dŽpartagera! De quel film cŽl<C5BD>bre est tirŽ cette rŽplique "Dont' tell any bullshit, you little motherfucker... Ya know man, you'd better look around or this fucking war gonna fuck you!"
*.
*-Je pensais ˆ "PŽpŽ le Mocko" de Steven Spielberg, avec Spencer Tracy et Jacqueline Maillant...
*-Mauvaise rŽponse, dommage, mais il y a de l'idŽe!
*.
*-Ou alors je dirais "Le grand bleu avec une chaussette tranquille" de Stanley Kubrick...
*-Ah lˆ lˆ!! Quelle erreur! Louis de Fun<75>s ne savait pas parler anglais, voyons!
*.
*-C'est de Kurosawa?
*-Noooon... Vous faites fausse route: <20>a n'est pas un film comique!
*.
*-Je sais! C'est le remake amŽricain de Fanfan la Tulipe! Avec Chuck Norris ˆ la place de GŽrard Philippe?
*-Ouiiii!! Bravo!! C'est fabuleux!!
*.
*Entre entrechat et pas deudeu, Luc Riboisi<73>re virevoltait, exultait un speech rose tumŽfiŽ micro-ondable, faisant des pieds, des mains et du genou pour gratifier ceux qui joignaient ˆ peine les deux bouts en se serrant les coudes. Between l'ŽlŽgance mi-canaille dŽbut de banquet et la veule vulgaritŽ VRPBMW, Riboisi<73>re avait assez de gencive pour caresser l'Žcran dans le sens du poil, assez de gringue pour lui rentrer dans l'os et lui faire crever la panse.
*.
*-Eh bien Amandine, quel suspense dites-moi!
*-C'est bien simple j'en suis toute nŽvrosŽe!
*-Eh bien Amandine, quelle Žmotion dites-moi! Amandine, est-ce que vous savez ce que vous avez gagnŽ?
*-Un mari gratuit?
*-Eh bien Amandine, quel humour dites-moi! Amandine, vous allez voir qu'on ne se moque pas de vous...
*-Ah bon?
*-Amandine, vous venez de faire tourner la roue du grand Pimbo-Trip! Il y avait Žgalement en jeu des voyages pour la Turquie, la bande de Gaza et Beyrouth rive gauche. Amandine, vous venez de remporter un aller, et un retour je l'esp<73>re, pour vous et votre chat en direction de la rŽpublique de San Bananas!
*.
*-Ha lˆ lˆ, pas trop dŽ<64>ue Odile? Allez, <20>a n'est qu'un jeu et vous ne repartirez pas les mains vides...
*-Ouais, mais en attendant j'ai l'air d'une pomme devant huit cent millions de tŽlespectateurs!
*-Je vois que <20>tes bonne joueuse, Odile! Pour vous rŽcompenser de votre courage et de votre sportivitŽ nous vous offrons...
*-Du fric?
*-Non, mieux que <20>a! B comme Bonheur vous offre, ch<63>re Odile, les douze premiers volumes de la Grande Histoire de France du XX<58>me si<73>cle!
*-Dites-donc, heureusement que je sais lire.
*-Avec, tenez-vous bien Odile, une rŽduction exceptionnelle sur le fabuleux crŽdit gratuit qui vous permettra d'acquŽrir les quarante huit autres volumes ˆ un tarif particuli<6C>rement avantageux!
*.
*Sous des dŽcibels de laque et des effluves d'applaudissement, le sourire blanc-bleu tarif syndical de Catherine, la Catherine de la tŽlŽ, brillait de tous ses mŽgawatts. C'Žtait son job, son turbin qu'on la payait pour. NippŽe en sapin de Nol Lacroix, elle faisait l'Ïuf de P‰ques du plateau, Ïuvrant pour l'ascemption de l'audience. En plein dans l'ÏucumŽnisme cathodique.
*.
*"La bataille des Ardennes"
*"Juin 68"
*"La libŽration du 10<31>me arrondissement"
*"La mode sous Vichy"
*"L'exode des pieds noirs"
*"Le Front Populaire"
*"La vie des poilus"
*.
*-Qui c'est? C'est une pub en direct pour la caisse de retraite?
*-Mais Maman, qu'est-ce que tu fais ici? C'est un plateau de tŽlŽ!
*-Ah c'est votre m<>re? Je me disais bien qu'il y avait un air de famille...
*-Qu'est-ce que vous voulez, avant ma naissance elle refusait de prendre la pilule, maintenant elle refuse de se faire teindre les cheveux. Enfin, bon, c'est foutu. Je prŽsenterai jamais le journal de 20H...
*.
*-Mais qu'est-ce qui se passe?
*-Comment <20>a? a n'est pas parce que tu passes ˆ l'ORTF et que tu ne sais pas les bonnes rŽponses que <20>a te donne le droit de ne plus reconnaitre ta vieille m<>re!
*-Mais non Maman, tu sais bien que <20>a n'a rien ˆ voir!
*-Et tu veux me tra”ner dans la boue, moi ta m<>re, devant dix millions de tŽlespectateurs! Sans compter Madame Beudabotte qui va encore faire des remarques sur ton Žducation... Je vais ˆtre obligŽe d'Žmigrer dans une autre paroisse par ta faute! Je vais devenir une recluse, une misŽreuse mise au banc de la sociŽtŽ!
*-Dimiyons, dimiyons, c'est vite dit! C'est comme ˆ l'assemblŽe nationale, si tu compte ceux qui dorment, <20>a fait dŽjˆ sŽrieusement dŽgonfler les statistiques...
*.
*-Monsieur le prŽsentateur, je ne vous laisserai pas insinuer qu'Amandine n'a pas re<72>u une Žducation compl<70>te!
*-Totale? Y'a fallu que je lise l'intŽgrale de Laurence Pernoud ˆ la lampe de poche pour comprendre la maternitŽ!
*-Je t'en prie, ne profite pas qu'on est entre nous pour dire des choses honteuses!
*-D'abord c'est de ta faute Amandine, je t'avais bien dit de continuer tes Žtudes et d'Žcouter le jeu des mille francs plus souvent!
*.
*-Madame, calmez vous! A•e! Putain, c'est bien la derni<6E>re fois que j'accepte de faire une Žmission en direct... Je savais bien que le directeur voulait ma peau!
*-ScŽlŽrat! Montrez moi vos questions! Avouez que vous avez conspirŽ pour que ma pauvre fille se couvre de ridicule devant dix millions de tŽlŽspectateurs!
*-Ouille! Soixante millions, madame! Ahhh! Soixante millions huit cent mille!
*-Moi qui vous prenais pour un gar<61>on comme il faut, vous n'avez pas m<>me la galanterie de laisser gagner ma fille qui est toujours cŽlibataire! La cuistrerie a des limites!
*.
*Pour la premi<6D>re fois, Amandine goulŽyait l'aisance vipŽe de la classe pas que <20>a ˆ faire. A B comme, on ne se foutait pas du Bonheur. L'aŽroplane l'avait prise par la main, pour l'emmener vers d'autres cieux. Etape non smoking ceinturŽe, semi purgatoire ˆ gueule d'atmosph<70>re et de tempŽrature extŽrieure.
*Le corridor Žtait straight, moelleux, et l'ambiance chiante ce qu'il faut pour <20>tre confortable. On y becquetait cocoon, en pensant ˆ sa m<>re et au gaz qu'on n'avait pas fermŽ (pour les femmes), en matant (pour les hommes) l'Ïil assis au niveau G, les vazeviens des h™tesses, pour un oreiller ou un kawa.
*Amandine ignorait tout de ce pays. Elle n'avait que fr™lŽ les pages juteuses et glacŽes des fascicules, qui gerbaient la joie de vivre tropico nÏud-nÏud. Elle claquait la porte ˆ m<>re, veaux-vaches, tŽlŽ, radio et mŽtro pour s'aventurer vers le grand frisson dorsal de l'inconnu.
*.
*Depuis son voyage ˆ Vancouver quand elle Žtait en 5<>me, Amandine avait les aŽroports ˆ la bonne. Des interfaces de peuples o<> l'on barbotait dans la moquette et le multi-Žthnique (et nique), encore rassurantes, dŽjˆ exotiks (et toc). On devrait d'ailleurs construire les aŽrogares plus pr<70>s les unes des autres, pour qu'on puisse y aller passer ses vacances sans prendre l'avion.
*La foule, des gožts et des couleurs qui, justement, discutaient. Ou s'ignoraient. A dŽfaut d'un protocole commun, l'aŽroport faisait dans le multi-standard. La moindre annonce bŽgayait, la moindre porte de vŽcŽs/lavatories, Žtait traduite/translated, en deux temps trois mouvements, deux langues trois dialectes.
*.
*-Mais allez, dis-le, mademoiselle voulait savoir si j'Žtais bien avec Gabrielle pendant qu'elle va se faire mumuse ˆ l'hŽmisph<70>re!
*.
*-Comment <20>a, Tom? Je te manque dŽjˆ?
*-T'as prefŽrŽ emmener ton chat pour me laisser seul avec moi-m<>me, il faut en supporter les consŽquences!
*-Humphrey avait besoin de dŽpaysement, et il te reste plein de travail ˆ terminer!
*-Quel plaisir de voir que tu Ïuvres pour mon bien! Un pal™t pour toi et un coup d'latte bien viril dans le gras du chat...
*.
*-A part <20>a, je voulais juste te dire qu'il est trois heures du mat'...
*-Quelle connerie ce dŽcalage horaire, il faudrait standardiser tout <20>a une bonne fois pour toutes.
*-Allez allez... C'est pas la premi<6D>re fois que tu me rŽveilles en pleine nuit...
*.
*-Salut Tom! Je suis arrivŽe, c'est gŽnial non?
*.
*-Follement. Tu voyais bien que c'Žtait pas la peine que je te tienne la main pendant tout le voyage pour que tu arrives enti<74>re!
*-Et puis tu aurais pu faire de mauvaises rencontres. Tiens, <20>a me fait penser que j'ai une copine h™tesse de l'air.
*-De l'air de quoi?
*-Idiot! Elle Žtait complŽtement surmenŽe, une vraie cocotte minute. A la fin elle finissait par rŽpŽter tout ce qu'elle disait en anglais.
*-Du genre my cocotte minute is rich?
*-Et comme son mec Žtait ˆ la fois insomniaque et prof d'allemand, il a fini par plus supporter de l'entrendre r<>ver avec la traduction simultanŽe, parce qu'en plus elle parlait en dormant.
*-T'as de ces copines, quand m<>me.
*-Le type lui a dit "la rŽforme d'une experte de la langue qui r<>ve d'avoir le cul en l'air, oui. La chienlit d'une schizo, non!" ou quelque chose comme <20>a... Et il a demandŽ le divorce!
*-Toi c'est bien, au moins quand tu es au pieu, tu sais laisser parler les hommes! Allo?? Amandine?? Merde, elle a racrochŽ...
*.
*-J'avais pensŽ ˆ t'Žcrire une carte postale, mais il n'y avait pas de bo”tes aux lettres dans l'avion.
*-A t'entendre, <20>a s'est quand m<>me visiblement bien passŽ?
*-Pas mal... Mais y'avait ni pirate de l'air, ni Beastie Boys, ni meute de journalistes en voyage de presse, <20>a manquait quand m<>me un peu d'ambiance.
*.
*Amandine scruta l'horizon promiscuitaire. L'aventure: ni cars hollandais devant les sex-Žchoppes du boulevard de Clichy, ni ristous japonais tenant plan tromeu rilega teyefala comme prunelle d'yeux bridŽs ou bouŽe de sauvetage. La Palmer aimait les immigrŽs, les rŽfugiŽs politiques, elle se retrouvait touriste.
*Il y a des envies qui n'attendent pas. Se staurer ˆ nouveau, prendre une douche, Žpouser un matelas apr<70>s un voyage en avion (les publicitŽs de la compagnie Žtaient pourtant formelles: avec le nouvel agencement des fauteuils de la classe affaire, Amandine aurait dž <20>tre ˆ l'arrivŽe plus en forme qu'au dŽpart. Foutaises, va).
*Parer au plus pressŽ. Piquer une t<>te, t‰ter du flot et voir de pr<70>s si le sable chaud sentait aussi bon que la presse veut bien l'Žcrire. Tout un listing.
*De nos jours, plus question de passer l'holiday ˆ se tourner les miches. Sayonara le sŽjour ˆ l'anc<6E>tre, rayŽe de la carte la vacation ˆ la glande, obsol<6F>te l'ŽtŽ bonne franquette: le club vous remettait en forme autant qu'en question (?). La documentation Žtait formelle: sports, loisirs, activitŽs sans oublier les sports, les loisirs et... les activitŽs.
*.
*AprŽs l'astrolomorphopsy et la marche sur les charbons ardents quelques part vers les steps de TibŽriade, le Cadre moderne ˆ fort potentiel -menton volontaire et cheville lardŽe de l'Žlastique ombilical- venait, increaser son efficience.
*Un saut de l'ange vers l'infini. Vachement spirituel, religieux en diable au niveau du vŽcu. Suicide collectif d'ouailles fanatisŽes venues pour aller jusqu'au bout d'elles-m<>mes, le pied sanglŽ d'un porte-jarretelles gŽant. Chacun aspirait ˆ conna”tre ses limites.
*"Excellente idŽe que ce nouveau sport! a va redonner un coup de fouet ˆ l'industrie du caoutchouc et faire remonter mes actions dans les comptoirs d'Indochine."
*.
*-Bordel, j'ai les pŽtoches de me viander les couilles ou de me prendre la bite dans ce putain d'Žlastoc ˆ la con!
*-Bien fait pour ta gueule, t'avais qu'ˆ pas t'inscrire ˆ HEC! Moi au moins, j'y suis pour rien, c'Žtait <20>a ou le contrat de reconversion chez FŽlix Potin.
*.
*-Incroyable qu'on soit obligŽs d'aller jusque dans ce foutu pays pour avoir le droit d'exprimer par l'effort physique notre instinct de vainqueurs.
*-Comme quoi, la dŽmocratie est un concept tr<74>s relatif...
*.
*-Merde, et si l'Žlastique cassait?
*-DŽconne pas, c'est de l'acier suŽdois ce truc!
*-Putain, et si le pont se mettait ˆ craquer? Ou si la guŽrilla le faisait sauter?
*-Mais non, j'ai vu qu'il supporte dix camions de troupe en m<>me temps, c'est marquŽ!
*-Et si ma m<>re me voyait chier dans mon froc? Je peux plus faire marche arri<72>re!
*-Elle verrait que t'es pas un vrai battant, voilˆ.
*.
*Et si cette esp<73>ce de capote mod<6F>le grands soirs qu'Amandine avait au pied s'avŽrait trop longue pour le ravin, tout <20>a serait quand m<>me suffisamment Žlastique pour retourner illico les restes de son macabre macchabŽe ˆ l'expŽditeur, dans un ultime dŽfi aux lois de la pesanteur. C'est ˆ cet instant qu'elle jura de mener une vie douillette et de ne plus jamais partir en vacances...
*.
*"Mais Maman, qu'est-ce que tu fous lˆ?"
*"Une ravissante crique nichŽe au creux d'un petit coin de paradis qu'ils disaient... Il manquerait plus qu'un dŽbarquement de boat-people et <20>a serait le bouquet."
*"POUTCH, la lessive impitoyable avec les t‰ches rebelles!"
*"Connaissez-vous les plages du Bophuthatswana?"
*""Vivre et mourir pour la Patrie", les derniers po<70>mes du GŽnŽral-PrŽsident Sancho-Alvarez (aux Žditions de la pensŽe libŽrale universelle)."
*"a commence ˆ bien faire: je me suis baignŽ tout seul aux Seychelles, j'ai baisŽ une bigoud<75>ne sur un port en hiver, j'ai subi les assauts de meutes de bŽdouines en rut ˆ quarante degrŽs ˆ l'ombre, sans ombre. Mais bordel de merde, j'ai jamais pu avoir EN MEME TEMPS la sea, le sex et le sun!"
*.
*-Quel pays de r<>ve!
*-C'est vrai, y'a tout ici! La mer, le soleil, un pouvoir sžr, un rŽel consensus politique et m<>me pas de charges sociales!
*-Tout pour encourager les entreprises <20>tre plus performantes! La libertŽ est pas forcŽment lˆ o<> la gauche essaye de nous le faire croire!
*.
*-C'est pas mal ce pays, j'aimerais bien y rester pour de bon!
*-Mais t'es dingue! Tu veux devenir un immigrŽ, ou quoi??
*.
*.
*Amandine examina ce curieux croisement de Pancho Villa et de sapeur Camembert. Rayon volaille mŽtallique, le San Bananas a su appliquer les recettes des deux autres tiers du monde. EmpaquetŽ dans son uniforme, le casque au ras du saucier, le petit muet devait, depuis qu'il avait dŽcidŽ de se laisser pousser la moustache, se raser les idŽes tous les jours. Il avait sans doute m<>me trouvŽ un moyen de les Žpiler dŽfinitivement, car si la connerie insterstellaire de certains faisait reculer les confins de la galaxie, la sienne ne devait pas aller plus loin que le bout de son fusil.
*.
*-Bonjour Mademoiselle, vos papiers s'il vous plait!
*-Miracle! Enfin quelqu'un qui parle francais...
*-Que croyez-vous, on a suivi des stages de formation ˆ la psychologie linguistique. C'est parce que les crŽdits de l'armŽe ont augmentŽ.
*-Blague ˆ part, c'est un truc de la camŽra invisible?
*-Ne commencez pas ˆ jouer au plus malin! Vos papiers!
*-Je vois que vous avez pas encore appris l'humour francais. Et dŽjˆ il y a le s'il vous plait en moins, la discipline se rel‰che!
*-DŽpˆchez vous ou c'est autre chose que vous allez avoir en moins! Papiers!
*-Qu'est-ce que vous <20>tes crispŽs, vous alors! On peut pas dire que vous Ïuvrez pour le tourisme local. L'an prochain je vais en CorŽe du Nord, <20>a vous fera les pieds...
*.
*-Qu'est-ce que vous voulez? Livret de santŽ, carte bleue, carte orange...
*-Rien que votre passeport.
*-Entre nous, c'Žtait bien la peine que je plaque la RATP si c'Žtait pour me faire contr™ler. Ou alors vous vouliez pas que je me sente dŽpaysŽe, c'est trop chou!
*-Le mŽtro? Mais Gr‰ce ˆ Dieu et au GŽnŽral-PrŽsident Sancho-Alvarez, nous travaillons ˆ l'air libre!
*-Vous devriez venir ˆ Paris faire Mairie d'Issy/Porte de la Chapelle, je suis sžre que vous vous feriez tout un tas de petits camarades dans la marŽ-chaussŽe locale.
*-Aller ˆ l'Žtranger? Le sergent Garcia-Ampudia et moi-m<>me ne trahirons jamais le GŽnŽral-PrŽ...
*-Je sais, n'emp<6D>che que vous perdez votre temps ˆ me contr™ler! Vous ressemblez beaucoup plus ˆ des immigrŽs clandestins que moi...
*.
*.
*-Franchement Amandine, tu ne crois pas que tu exag<61>res? Partir sans m<>me me prŽvenir! Je t'ai cherchŽe partout!
*.
*-Dis-moi au moins que tu n'es pas seule dans ce pays!
*-Tu sais, j'ai passŽ l'‰ge que tu te soucies de ma virginitŽ...
*-Ne vas quand m<>me pas me dire que tu es seule ici! Tu as bien dž te faire des amies ˆ Paris?
*-Bin y'avait deux billets, alors j'ai emmenŽ Humphrey.
*-C'est vrai, tu n'es vraiment pas tr<74>s sociable! DŽjˆ quand tu Žtais petite tu avais un mal fou ˆ te faire des petites camarades de ton ‰ge.
*-T'es dr™le! Partir pour une semaine, faut pouvoir se libŽrer! Mes copines pouvaient pas.
*-C'est vrai que tu ne t'es toujours pas dŽcidŽe ˆ travailler. C'Žtait bien la peine d'arr<72>ter tes Žtudes!
*-Tu me fais marrer avec ta pension de veuve de colonel! C'est pas la crise pour tout le monde...
*.
*-Je peux vraiment plus gagner ˆ un jeu tŽlŽ tranquille, faut que je te retrouve sur mes talons!
*-Eh bien moi je suis sur les genoux! Tu as de la chance que j'ai pu trouver un charter pour ce satanŽ pays!
*-C'est <20>a, t'es jalouse parce que j'y vais toute seule! Fallait pas t'inquiŽter, je t'aurais fait un compte-rendu dŽtaillŽ ˆ mon retour.
*-Encore ežt-il fallu que tu puisses revenir ˆ la maison, tu n'es pas au courant?
*-Au courant de quoi? Je lis plus vraiment le Fig-Mag en ce moment. T'es allŽe chez le coiffeur?
*-Une crise diplomatique vient d'Žclater entre le gouvernement du San Bananas et le n™tre! Je savais les socialistes dogmatiques, mais pas ˆ ce point lˆ!
*-C'est bien, si y'a un coup d'Žtat avec des otages, on sera ensemble...
*.
*-a commence vraiment ˆ bien faire!
*.
*-Quel vocabulaire! Pardonne-moi de m'inquiˆter de ce qui arrive ˆ ma fille unique.
*-Mais t'inqui<75>te pas, j'ai pris du linge de rechange, et m<>me des prŽservatifs!
*-Mais ne parle pas si fort, on pourrait nous entendre!
*-C'est vrai que question look, tu cultives pas mal la discrŽtion...
*.
*-J'espŽrais passer une semaine tranquille, enfin seule! Et m<>me ˆ l'autre bout de la plan<61>te je retombe sur toi!
*-Seule?! Ne vas pas me dire que tu n'avais pas une amie pour t'accompagner?
*-Pour qu'elle me tienne la main?
*-AprŽs tout, <20>a n'est pas plus mal. Telle que je te connais, tu serais partie en compagnie d'un "pote" maghrŽbin avec un nom impossible ˆ retenir.
*-Au fait Maman, t'as ton passeport en rˆgle? Des fois que tu soies pas en situation rŽguli<6C>re.
*-Ce sont des probl<62>mes qui ne t'effleurent m<>me pas, mais les immigrŽs et les douaniers du San Bananas n'ont que faire de la lŽgislation francaise!
*-Et puis quoi, je suis pas seule ici, y'a plein de monde... M<>me des flics.
*-Voilˆ la preuve qu'on est en sŽcuritŽ! Au moins sans moi, tu ne serais morte que de faim et non pas agressŽe par des voyous...
*.
*"Bill Palmer IV, le retour"
*"La vie au grand large, quel pied!"
*.
*.
*"Don't walk on the grass, fix it!"
*La M<>re, se pencha telle une fŽe vers la poussette d'Amandine. La concurrence Žtait rude. Elle jugea sur pi<70>ces d'un coup d'Ïil urgent, imagina le papa, puis reprit ses esprits: SON morpion Žtait vraiment le plus beau. Il se faisait encore jeune, et l'oum n'Žtait pas suffisamment entrainŽe pour ne pas ressentir ce frisson toutes catŽgories quand son rejeton croisait la tŽtine avec un challenger.
*La dŽmographie devenait curieuse. Il n'y avait plus gu<67>re que les immigrŽs et les pŽtainistes pour mettre leurs enfants au pluriel. Les premiers, parce qu'ils aimaient <20>a, les seconds parce que Louis Pauwels n'avait jamais expliquŽ de quel c™tŽ on prenait la pilule. Amandine se demanda s'il y avait en France autant d'arabes que de fachos, et autant de sillons de Cheb Kader dans les bacs ˆ disques que de raies sur le c™tŽ dans les Žcoles privŽes.
*"Cyrille, Donatien! Voulez-vous rester tranquilles!"
*Tom avait ŽtŽ lourdement traumatisŽ par l'accouchement, beaucoup plus qu'Amandine d'ailleurs. C'Žtait un garcon sensible qui savait pousser tr<74>s loin la synergie. Il est vrai que l'aspect hard-gore de la chose cadrait mal avec l'imagerie mi<6D>vre et dŽgoulinante de l'enfantement. Qu'importe, la m<>re d'Amandine Žtait contente (Tom s'Žtait dŽbrouillŽ pour <20>tre orphelin), quoiqu'elle eut prŽferŽ un collage certifiŽ soutane.
*Devenir m<>re ne rendait peut-<2D>tre pas forcŽment con. a faisait suivre les conseils de Florence Pernoud, investir dans les couches sexuŽes (un secteur de haute technologie, au m<>me titre que la lessive), apprendre dans Parents les mouvements pour retonifier les globes et -pour tout dire- un peu retomber en enfance. N'emp<6D>che qu'Amandine avait senti avec hauts le cÏur son nombril qui mettait les bouts.
*.
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*"Je me souviens, c'Žtait y'a pas si longtemps... Oh le chat, tu m'Žcoutes? Evidement, tu peux pas comprendre. Pourtant y'avait pas mal de gaillards sains et vigoureux qui me faisaient du gringue, faut croire que c'Žtait pas pour rien. Mais t'es quand m<>me le seul homme ˆ pas m'avoir fait faux-bond. Tiens, enfile <20>a, que je vois si <20>a te va. Faudrait pas que t'attrapes froid..."
*Amandine n'Žtait plus vraiment une fille, mais elle Žtait dŽjˆ vieille. a compense. Chaque jour, elle avait remis sa vie au lendemain, s'engourdissant comme un jour qui se dŽsagr<67>ge. Ses copines Žtaient mariŽes, le tŽlŽphone sonnait un peu moins souvent. Les hommes perdent leurs cheveux, pas les femmes. Alors elles ont inventŽ les rides...
*.
*-Quelle veinarde la m<>re Amandine... Les grands voyages ˆ travers les ocŽans, c'est toujours pour les m<>mes!
*-Je serais bien restŽe plus longtemps, mais j'ai pensŽ que j'allais vous manquer! Il fallait que je vous raconte tout <20>a.
*-Je t'ai toujours dit que tu devrais faire grand-reporter.
*-T'aurais vu! La plage, le mŽga-soleil des familles...
*-T'Žtais comme un coq en stock si je comprends bien.
*-Et tiens toi bien, ˆ part Humphrey, y'avait pas un chat!
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*Enfin seules. Loin des hommes, les femmes Žtaient bien diffŽrentes. Pendant qu'ils buvaient du foot ou Žtaient ˆ la bi<62>re, elles en profitaient pour parler jules, chiffons ou souvenirs de voyage couchŽ au quart de tour sur papier brillant. Vile comploterie o<> la rombi<62>re et ses congŽnaires fomentaient ˆ loisir quelques secrets de derri<72>re des airs de fanfreluches. Secrets qui resteraient, comme tous les autres et depuis l'EternitŽ (soit l'apparition du sexisme), hermŽtiques aux hommes (qui invent<6E>rent ensuite Femme Actuelle en rŽprŽsailles).
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*-T'es chiŽe quand m<>me, t'aurais pu m'emmener avec toi!
*-T'es malade? Y'avait les camŽras, la France enti<74>re nous aurait vus ensemble alors qu'on n'est m<>me pas mariŽes!
*-Et alors, faut assumer ma vieille! Tu pourras pas cacher longtemps ˆ ta m<>re que t'es folle de moi et de mon corps!
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*Qui aurait cru Amandine capable de sacrifier au rite pa•en de la photo-vacance, et ˆ la coutume fŽtichiste de sa conservation? Des carottes rectangulaires qui cachent la for<6F>t, des greffons decadrŽs de petit bonheur, prŽlevŽes sans chance sur papier brillant.
*.
*-Qu'est-ce que t'as fait pendant ton voyage? Bronzette et trempette tout le jour et all night long?
*-Mais c'est fini ma vieille, le tourisme oisif! Le bronzage s'en va, les souvenirs restent!
*-Tu nous as ramenŽ des boules avec de la neige et une vierge-barom<6F>tre?
*-Rigole, t'as vraiment rien ˆ foutre de l'attrait de la vŽritable authenticitŽ.
*-C'est vrai que je te vois pas faire du tourisme con, pas ton genre! Une fille cultivŽe comme toi.
*-Rigole, mais c'Žtait un club trois Žtoiles rŽservŽ aux cadres sportifs et mŽritants amateurs de vacances-challenge.
*-Des beaufs, quoi...
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*-Eh 'mandine, c'Žtait pas vraiment la ZUP ton bled!
*-ZUP, ZUP... C'est qu'on traite pas n'importe comment les VIP comme moi!
*-Tu parles, telle que je te connais t'avais encore gringuŽ le teur opŽratour...
*-Figurez-vous que dans le village j'avais m<>me un lit pour moi toute seule!
*-Pour toi toute seule? a a dž te faire tout dr™le, non?
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*Qu'Amandine ait profitŽ de l'occasion pour faire passer ses photos de vacances ("Bin quoi Annie, <20>a t'intŽresse pas?") est au fond assez accessoire. Le sŽjour avait ŽtŽ une bŽrŽzina et on se prenait ˆ regretter que la pellicule eut ŽtŽ pour une fois bien enclenchŽe dans l'appareil (un mod<6F>le italien offert par la m<>re Palmer ˆ sa fille le jour de sa premi<6D>re communion). Il fallait juste s'empresser de faire croire qu'on pensait le contraire. Et chacune de r<>ver d'ailleurs...
*.
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*-a alors! Mais vous <20>tes Mike Vincent, le cŽl<C5BD>bre chanteur!
*-Eh oui, je suis venu faire la promo de ma derni<6E>re compilation "Bestof 1961-1978, haousse mŽgamix"
*-Quand je pense que les AmŽricains ont toujours pas reconnu votre gŽnie...
*-Monsieur Henri, mon producteur, a prŽparŽ pour le marchŽ local une version en espagnol de "T'en vas pas Pamela" qui devrait faire un malheur en Europe!
*-Ce retour des seventies en ce moment... M<>me Pierre Chaunu aurait pas osŽ espŽrer <20>a.
*-C'est plus subtil chez nous, les artistes. C'est une vŽritable qu<71>te de l'identitŽ... J'anticipe dŽjˆ sur la mode des annŽes 2010!
*-Et <20>a sera quoi?
*-Le retour aux annŽes 70.
*-Vous qui <20>tes branchŽ sur tout ce qui se fait de nouveau, vous allez pouvoir me dire si je dois mettre mes pattes d'Žph' et mes platform boots ˆ la surprise partie que donne ma cousine samedi prochain?
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*-Mon Dieu! Il aura fallu que j'aille ˆ l'autre bout de la plan<61>te pour rencontrer une aussi charmante demoiselle! Peut-ˆtre m<>me nous voyons nous tous les jours ˆ Paris sans m<>me nous remarquer!
*-Ah bon, vous aussi vous allez au Monoprix?
*-Regardez: vous une aventuri<72>re des temps modernes, une voyageuse de l'absolu, bravant le danger loin de toute civilisation. Et moi, Mike Vincent, ce chanteur populaire adulŽ des foules, traquŽ par les groupies qui s'arrachent mes chemises. Et pourtant, pourtant, nous sommes tous les deux aussi seuls.
*-Quel dur milieu que le show-biz. Mais quand m<>me, la cŽlŽbritŽ, les couvertures des journaux, tout cela doit <20>tre si grisant!
*-Ah vous savez, les groupies, la notorietŽ, les autographes, les interviews ˆ OK Magazine, tout cela est bien illusoire.
*-Que dites-vous? Sous l'habit de lumi<6D>re de l'idole des jeunes battrait aussi le cÏur d'un homme?
*-A propos d'homme, je prŽpare une tournŽe dans toute l'Europe, que diriez-vous de m'accompagner?
*.
*-Chut!! N'ayez l'air de rien, je suis en mission secr<63>te...
*-ÀÀÀEl Signor Jacques Vabre???
*-Comment <20>a?! Vous <20>tes au courant?
*-Ma quŽ, y'a ounŽ madame qu'est lŽ passŽ cŽ matin prendre lŽ cafŽ! YŽ lˆ laissŽ quŽ les mauvais grains!
*-Mille sabords! Grand M<>re m'a encore doublŽ!
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*-ÀQu'est-ce que je vous sers?
*-Vous avez du Coca-Cola?
*-On a plus que du Canada Dry de contrebande. Les AmŽricains refusent de nous vendre du Coca-Cola tant que Ramon et Miguel n'auront pas reconverti leurs exploitations de coca•ers en champs de fraises des bois...
*.
*.
*Mike Vincent avait profitŽ du retour de manivelle des pelles ˆ tarte. Le public l'avait unanimement exhumŽ de ses mŽmoires fugaces ˆ bulles de savon, tout comme il croyait s'en <20>tre ˆ jamais dŽbarrassŽ une franche dŽcade auparavant. Bien sžr, la cryogŽnisation -en attendant des jours meilleurs- avait eu quelques ratŽs, mais le maquillage ceci compensait l'abysse du temps cela. Mike avait rempilŽ pour un tour et savourait la baraka retrouvŽe, sans vraiment savoir d'o<> venait cette c™te d'oubli en chute libre.
*"Quelle conne je fais, pensa Amandine. Encore trois ans ˆ tirer derri<72>re ce has-been peroxydŽ! J'aurais jamais du lui dire que j'Žtais au ch™mage et que j'avais pris des cours de danse quand j'Žtais ˆ la communale. Bon, maintenant <20>a va ˆtre sa reprise disco de "ChŽrie je t'aime, chŽrie je t'adore"... Putain, je dŽteste les chorŽgraphies orientales, <20>a me nique les lombaires... Pourvu que mes copines aient pŽtŽ leurs tŽlŽs."
*Un tour de rein, quelques pas de danse, <20>a allait pas bien loin, mais <20>a suffisait ˆ faire illusion. Pendant que Mike Vincent alternait surfs sur les Žcumes yŽyŽ-discobeat et morceaux de bravoure lacrymaux, les remueuses assuraient le gros des troupes de la deuxi<78>me zone. SanglŽes dans leur shorts moule-bumper ˆ paillettes, les prŽposŽes aux chÏurs brisŽs entendaient une rengaine gaie et tartignole. Le moral, lui, entonnait des deux mains le blues de la potiche mouvante.
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*.
*-Que personne ne bouge, c'est une prise d'otages!
*-Venez Amandine, Žchappons nous!
*-Ta gueule, esp<73>ce de valet ˆ la solde du pouvoir vestimentaire!
*-Ils ont pas le fric de se payer des uniformes tes copains, ou alors ils poussent la transparence un peu loin.
*-Mais Amandine, c'est un commando de la guŽrilla nudiste! Il fallait que <20>a tombe sur nous...
*-La ferme, blondasse! O<> est le tŽlŽphone?!
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*-Je vous prŽviens, si vous libŽrez pas une frŽquence pour une radio nudiste, on continue ˆ leur rajouter un v<>tement tous les quarts d'heure jusqu'ˆ ce que mort s'ensuive!
*-Allons, soyez raisonnables! Toute la bande FM est occupŽe par la voix de l'AmŽrique et les communications militaires. Et on vous a dŽjˆ augmentŽ le prix du cale<6C>on de fa<66>on significative le mois dernier!
*-Jouez pas au plus malin! On a encore tout un stock de peignoirs de bain ˆ leur coller sur le dos ˆ vos deux marioles! Et vous savez combien il se paye de chemises en satin par mois votre Mike Vincent?
*-Non! Pas les peignoirs de bain, ne faites pas <20>a! Laissez leur au moins une chance...
*-Imaginez un peu l'impact de sa mort sur la presse Žtrang<6E>re! CŽdez ou la prochaine fois, <20>a sera ˆ coup de Perfecto et de tee-shirt Naf Naf qu'on vous les mitonnera les touristes!
*-OK, OK, OK... Vous avez encore gagnŽ. Putain, <20>a nous apprendra ˆ accueillir des vedettes de la chanson francaise, je savais bien qu'on allait encore avoir des emmerdes.
*.
*-Mais enfin! Vous voulez le beurre et l'argent du beu...
*-Et la cr<63>me avec! On ajoute ˆ nos revendications la crŽation d'une classe nudiste sur toutes les lignes nationales de chemin de fer!
*-Aucune nŽgociation tant que les otages ne sont pas libŽrŽs, ils n'ont rien ˆ voir avec cette affaire!
*-C'est vous qui voyez! Dans trente secondes ils auront en plus un authentique poncho local tricotŽ main et dans dix minutes on vous les ach<63>vera dŽfinitivement avec un impermŽable Burberry's doublŽ de numŽros du Quotidien de Paris!
*-Fumiers! Vous le regretterez un jour!
*-RŽflŽchissez: un vŽritable poncho en poils de lama!
*-Tr<54>s bien, vous aurez ce que vous voulez. Mais surtout ne faites pas de mal aux otages...
*.
*-Monsieur le ministre, il faut intervenir, ou ces connards du Front de LibŽration Nudiste vont faire Žtouffer ce Mike Vincent et sa grognasse et nous foutre dans un sacrŽ merdier!
*-Quoi?! Colonel, ils veulent en plus des distributions gratuites de Penthouse ˆ l'entrŽe des bureaux de vote, ou sinon ils leur enfilent encore un cirŽ breton et une doudoune finlandaise!
*-a les bureaux de vote, c'est pas vraiment un probl<62>me. Ce qui m'inqui<75>te c'est qu'ils exigent un uniforme topless pour la police militaire.
*-Colonel, <20>a ne peut plus durer! Faites intervenir vos petits gars!
*.
*.
*-Et tout de suite, Augustino pour quelques informations.
*-Oui, merci Pedro... Radio Nudistes, il est midi!
*-A l'heure du soleil, bien entendu!
*-Oui, merci Pedro... Nouvelle arrestation due au pouvoir...
*-A la solde du lobby du textile!
*-Oui, merci Pedro... L'armŽe vient de mettre en garde ˆ vue deux opposants nudistes. Ceux-ci voulaient s'opposer ˆ l'entrŽe sur le sol du San Bananas d'une cargaison de b‰ches impermŽables destinŽes ˆ l'armŽe.
*-Et de nouveau, il est ˆ craindre que leurs avocats soient contraints par un pouvoir judicaire ˆ la botte des puissances de l'ombre, de plaider dans une robe noire...
*-Par contre, je crois que la cause nudiste progresse dans d'autres domaines?
*-Oui, tout ˆ fait Pedro, puisque l'Eglise Dissidente RŽformŽe du San Bananas vient de publier une encyclique autorisant le mariage en monokini et prŽvoyant -ˆ moyen terme- le remplacement de la soutane en jute par une veste de tule aŽrŽe...
*-C'est dŽjˆ un pas...
*-Oui, tout ˆ fait, Pedro. Et pour finir, sachez que la neuvi<76>me Internationale Nudiste se tiendra ˆ une date secr<63>te dans un lieu qu'il m'est bien entendu impossible de rŽvŽler. A bient™t pour d'autres nouvelles du front!
*.
*"N'oubliez pas que Radio Nudiste est une radio culturelle associative. Pour conserver une indŽpendance absolue, Radio Nudiste refuse toute ressource publicitaire. Aidez-nous ˆ demeurer libres, adhŽrez ˆ notre association! Et maintenant, les programmes de l'aprŽs-midi: de 14H ˆ 15H, le panorama du jour, avec une anthologie de la littŽrature nudiste parue aux Žditions de la feuille de vigne. A partir de 15H et ce jusqu'ˆ 16H, une minute de silence ˆ la mŽmoire des martyrs de la cause nudiste. Aujourd'hui: Michel Polnareff. Nous continuerons en musique jusqu'ˆ 20H, avec notamment "Bodies" par les Sex Pistols, "Nue au soleil" par Brigitte Bardot, "Stripped" par Depeche Mode et "Et vlan, passe moi l'Žponge" -dans une version tr<74>s dŽpouillŽe- par Dick Phimosis et les Ejaculateurs PrŽcoces. 20H, heure ˆ laquelle nous retrouverons le journal rŽduit ˆ l'essentiel pour la mise ˆ nu de l'actualitŽ. A 20H01, dans le cadre des annales du rŽvisionisme nudiste, deux des plus grands naturistes amŽricains se pencheront sur une question Žpineuse: "et si le p<>chŽ originel n'avait jamais existŽ?". Vous pouvez d<>s maintenant poser vos questions par tŽlŽphone au 90 60 90. Et tout de suite, nous retrouvons Julio pour le Top 69!"
*"Amis nudistes, une fois de plus, notre cause est menacŽe! Hier soir, un groupe de skin heads naturistes a ŽtŽ pris a parti par un commando qui a voulu les forcer ˆ faire repousser leurs cheveux sur le champ. Devant leur refus, les individus leur ont enduit le corps de lotion capillaire Petrol Hahn "formule spŽciale enrichie".
*Face ˆ cet acte odieux, signŽ sans doute d'intŽgristes chiites ou de commer<65>ants du Sentier, Radio Nudiste appelle ses auditeurs ˆ une grande manifestation devant le si<73>ge du syndicat du textile. Radio Nudiste demande que le gouvernement prenne au plus t™t des mesures afin d'endiguer l'importation de perruques et de lunettes de soleil.
*Samedi prochain, aura lieu un grand gala parrainŽ par notre frŽquence o<> de nombreux artistes viendront exprimer leur soutien au combat nudiste. Venez nombreux, tenue correcte exigŽe."
*-HŽ pas mal! Qu'est-ce qui t'a donnŽ l'idŽe de te faire enlever comme <20>a?
*-Ah... Je ne cite jamais mes sources.
*-Et avec Mike Vincent, tu t'emmerdes pas, ma vieille...
*-Je me suis dit que c'Žtait le moment o<> jamais.
*-Regarde ton papier: clair, concis, <20>a va droit ˆ l'essentiel. Et puis y'a presque pas de mots compliquŽs. C'est pas de la branlette de critique littŽraire. Et franchement j'ai pas l'habitude de faire des compliments!
*-Mais c'est le fruit de longues annŽes de travail...
*-Et t'Žcris pas mal en plus: "Quand un des terroriste, fŽbrile et fanatisŽ, les yeux injectŽs de sang, s'empara sauvagement de moi, Mike Vincent tenta de s'interposer. Brutes que vous <20>tes! s'Žcria t'il, n'Žcoutant que son courage. Cette jeune fille se trouvait lˆ par hasard, et elle n'a jamais ŽtŽ classŽe au Top 50!". La phrase est un peu longue, mais y'a du style!
*-J'ai deux ou trois autres choses dans ce genre lˆ, si tu veux. Mais pour mes carnets intimes, <20>a sera pas avant ma mort.
*-Mais tu sais qu'avec un sens de la formule et du grand reportage comme le tien tu pourrais faire ton trou dans la maison et dŽgoter un poste-clŽ de dŽcideur ˆ responsabilitŽs. Tu as un plan de carri<72>re?
*.
*-Amandine, t'es allŽe voir d'autres journaux? Parce que je te cache pas que ton article sur l'enl<6E>vement de Mike Vincent, c'est du bŽton!
*-Franchement <20>a aurait ŽtŽ vache de ma part d'aller le proposer ˆ l'Univers, qui m'a jamais rien offert pour m'abonner, ni pendulette ˆ quartz ni traducteur de poche, rien!
*-Tu vois, je connais des tas de journalistes qui reviennent de Beyrouth avec l'interview d'un milicien druze m<>me pas connu du grand public. Toi au moins, <20>a touche du monde, et y'a presque rien ˆ rewriter. Pas comme certains.
*-Halte lˆ! Pas de rewritage avec moi, ou alors je vais voir l'Enl<6E>vement du Jeudi en leur proposant deux fois moins cher!
*-OK, on n'y touchera pas, d'ailleurs il est tr<74>s bien ton papier... Au fait, t'as une idŽee pour un titre bien, non?
*-Oui, mais je crois que c'est pas dans tes moyens.
*-Dis toujours?
*-Seulement si tu me commandes un autre article, je peux essayer de m'arranger pour couvrir un holp-up avec Bob Fernand si tu veux?
*-Ecoute, on vient d'apprendre que les nudistes du San Bananas viennent de s'Žvader et de dŽpouiller leurs gardiens. Tu pourrais retourner lˆ-bas et enqu<71>ter sur le terrain. Provoque-les en te dŽguisant en iranienne, tu devrais pas mettre longtemps ˆ te faire kidnapper une deuxi<78>me fois. Y'a peut-ˆtre encore quelque chose ˆ en tirer, va savoir...
*.
*.
*C'Žtait comme <20>a l'amour. a rend con, mais c'est beau quand m<>me. Un dr™le de monop<6F>de qui tenait mal debout, malodorait du pied et pour un peu n'aurait jamais existŽ. On partait ˆ la chasse, avec le choix des armes (Žpuisette, Golf GTI, Almanach Vermot). Certains restaient sur la file de droite, d'autres grillaient les limitations, mais tous finissaient en gŽnŽral par isoler au moins un spŽcimen d'occasion garanti pi<70>ces et main d'Ïuvre. On le bichonait le temps du r™dage, on l'astiquait, on oubliait la vidange. Souvent, l'un des deux passagers (il vaut mieux <20>tre deux en amour, on se sent moins seul) se prenait d'envie de s'incrŽmenter. Tom voulait un garcon, Amandine ne voulait rien entendre. Grand reportage avant tout. Une carte de presse revenait moins cher ˆ l'usage qu'un bŽbŽ, et classait plus qu'un chauffe-biberon, m<>me ˆ prise RS232.
*C'Žtait comme <20>a l'amour. Marrant. Dire que si Amandine avait craquŽ pour la machine ˆ laver qu'essayait de lui nŽgocier un vendeur ConforamŽ poli et astiquŽ, jamais elle n'aurait rencontrŽ Tom. Jamais Tom n'aurait senti ses cheveux, mordu sa bouche, tentŽ de dormir contre son Žpaule (un peu osseuse au demeurant). Jamais ils n'auraient ŽcoutŽ Satie en se tenant chaud de toutes leurs forces, et en voulant que <20>a soit comme dans un grand film en Panavision, avec la musique qui passe en m<>me temps. On devrait toujours garder un peu de linge sale sur soi, au cas o<>. Mais Amandine s'Žtait arr<72>tŽe en chemin, elle lui avait mis le bagne au doigt mais prŽtendait que sa descendance n'Žtait ni au contrat ni ˆ l'ordre du jour. Son reportage lui avait montŽ la t<>te et baissŽ les idŽes. Amandine condamnait son couple ˆ ne jamais baiser utile.
*.
*-Tom, recommence pas ton cirque!
*.
*-Amandine, pourtant j'ai envie que t'aies besoin de moi...
*-Dis plut™t que t'as besoin que j'ai envie de toi. T'es vraiment trop puŽril comme mec.
*-Mais Amandine, tu m'as fait gagner dix ans: avant de te conna”tre, j'avais cinq ans. Maintenant, j'en ai quinze!
*-Heureuse de te l'entendre dire, t'as jamais pu quitter les jupes de ta m<>re. Le jour o<> on aura un enfant, tu te demandras comment j'ai bien pu faire.
*-Un enfant? Tu veux dire cette petite chose rose et gluante qui braille et gigote ˆ intervalles plus ou moins fixes?
*-Tu veux continuer ˆ te ruiner en prŽservatifs, c'est <20>a?
*-Mais Žcoute, c'est la premi<6D>re fois qu'on s'engueule et tu veux dŽjˆ pouponner. T'abats de la besogne, toi.
*-Tu veux pas que je te fasse conna”tre les joies inŽffables de la paternitŽ et qu'on compte nos points de retraite tous ensemble?
*-OK, on baisera ce soir. Mais si je me rends compte ˆ l'Žchographie qu'il a pas mes jolies oreilles, je refile le fÏtus au secours catholique...
*.
*-Il suffit que je veuille quelque chose, et tout de suite tu rŽclames le contraire! Hier encore tu m'as trainŽe voir les Pink Floyd alors que pour la gŽriatrie on pouvait tr<74>s bien voir un super sujet la dessus ˆ la tŽlŽ. Il fallait absolument que tu me fasses chier.
*-Amandine, j'ai toujours ŽtŽ comprŽhensif avec toi, m<>me le jour o<> t'es revenue siphonnŽe du Grand Bleu et que t'as voulu que je te l‰che les orteils en apnŽe dans la baignoire pendant que tu faisais les pieds au mur.
*-Me fais pas marrer, j'ai acceptŽ de mettre mes bas rŽsilles dix mille fois, alors que <20>a bouchonne et que c'est la merde ˆ nettoyer entre les mailles! Alors franchement, tu peux bien accepter qu'on ait un enfant...
*.
*-Mais Amandine, je veux vivre avec toi!
*.
*-Je veux avoir des enfants avec toi, te voir quand tu te laves les cheveux, quand tu fais la gueule, quand tu descends la poubelle...
*-Si c'est moi qui dois faire les corvŽes, autant rester seule!
*-Mais non, <20>a sera super ˆ deux, tu verras. Je te mettrai du coton entre les doigts de pieds pour que ton vernis s<>che...
*-Toi, tu vas trop au cinŽma.
*-Justement, on ira voir des films japonais dans le quartier latin, avec ma carte de fidelitŽ on fera des super Žconomies sur les festivals!
*-Mais c'est pas la peine de vivre ensemble pour ces trucs lˆ!
*-Et les imp™ts alors, tu y penses? Et quand le percepteur sera passŽ et que <20>a ira vraiment mal, on mangera ces fameux sandwiches aux frites ˆ la Gare du Nord... Amandine, ne me quitte pas!
*-Mais il est pas question de te quitter, idiot.
*-Alors tu veux bien qu'on devienne vieux ensemble?? On jouera au Scrabble, on regardera la tŽlŽ, on lira Jean d'Ormesson et on militera pour la chanson fran<61>aise. Amandine, je veux devenir g‰teux avec toi...
*.
*-Toi, tu vois jamais que le cotŽ pratique des choses! Un loyer en moins et du repassage en plus pour moi!
*-Tu comprends pas que j'ai besoin de partager l'existence de quelqu'un? Tiens, qui te dit que je suis pas un super-hŽros avec une double vie connue de moi seul, pesant comme un insupportable fardeau sur mes Žpaules! Hein, qu'est-ce que tu ferais dans ce cas lˆ?
*-Je sais pas... J'Žcrirai un article.
*-Comme dans Superman, toujours une petite journaliste amoureuse d'un mythe! T'as jamais Žcrit un seul papier sur mes toiles et tu tartines ˆ longueur de feuillets sur ton Mike Vincent! Tu pourrais au moins prendre un pseudonyme!
*-Mais arr<72>te de me gonfler avec cette esp<73>ce de tantouze! Il me plait m<>me pas! Et je suis une femme de media, pas ton attachŽe de presse!
*-Et d'abord, Mike Vincent, qui te dit que c'est pas moi? Et si tu apprenais que Tom Lacan Žtait juste une couverture et qu'il me suffise de crier "mŽtamorphoooose!" et de tourner sur moi-m<>me pour devenir blond et me transformer en idole des jeunes?
*-Et les enfants? Tu veux m<>me pas d'enfants!
*-Mais quand on est dŽfenseur de la galaxie, tu crois qu'on a le temps d'avoir des gosses?
*-Arr<72>te un peu, t'es pas dr™le. Et puis quand je serai m<>re de famille nombreuse, j'aurai la lŽgion d'honneur!
*-Encore du sexisme, tiens. Et comme futur p<>re de famille nombreuse, j'aurais droit ˆ quoi...
*.
*.
*-Alors, pour le prochain numŽro du supplŽment "L'univers Magazine"...
*.
*-...Le comitŽ de rŽdaction avait pensŽ au salaire des pigistes et ˆ un grand dossier sur l'immigration.
*-Ah oui... Un dossier sur l'immigration, pas con!
*-Ensuite, <20>a nous am<61>ne au numŽro 198, qui sera consacrŽ au grand marchŽ unique de 2092, aux femmes qui rŽussissent et ˆ une enqu<71>te sur l'immigration.
*-Mais euh, dites-moi... a risque pas de faire un peu doublon avec le sondage sur l'immigration d'il y a trois semaines?
*-Sauf votre respect Madame Palmer, c'est que le dossier servira de tremplin ˆ l'enqu<71>te de la semaine suivante...
*-Bah, apr<70>s tout, si <20>a peut faire chier Jean-Fran<61>ois Kahn...
*-Pour le numŽro 199, ce sera les nouvelles Sicav de l'an 2000, les Indiens d'AmŽrique du nord et une grande tribune libre sur l'immigration.
*-Dites, vous trouvez pas que <20>a commencera un peu ˆ bien faire, non?
*-Les Indiens d'AmŽrique? Ah oui, peut-<2D>tre...
*-L'immigration je voulais dire...
*-Mais pas du tout, il faudra donner un peu de place aux rŽactions que n'aura pas manquŽ de provoquer notre grand dossier "Faut-il avoir peur de l'immig..."
*-Voui, voui... Et pour le numŽro 200, pourquoi est-ce que vous leur demandriez pas de me faire une couverture argentŽe avec un Žnorme "200", <20>a ferait classe et original ˆ la fois, non?
*-Mais c'est que <20>a risque de poser des probl<62>mes pour la maquette!
*-Comment <20>a, la maquette?
*-Le truc, c'est qu'avec un gros "200" qui barrerait la couv' on risque de plus avoir de place pour l'accroche de notre grand cahier mensuel spŽcial immigration...
*.
*-Des idŽes, faut toujours avoir des idŽes ici!
*-On pourrait faire un dossier sur l'intŽgration clandestine, <20>a nous changerait...
*-Euh oui, Sylvie, ˆ propos, ™tez-moi un doute de l'esprit... Les ventes baissent et Meursault dit aux annonceurs que le nombre de lecteurs augmente, comment vous faites?
*-Une Žtude a demontrŽ que notre dossier du mois dernier sur l'Žrotisme aprŽs cinquante ans avait provoquŽ une nette augmentation du taux de natalitŽ du lectorat de l'Uni-Mag.
*-Et <20>a a forcŽment une rŽpercussion sur le nombre de lecteurs au sein de la famille! J'y avais pas pensŽ.
*-De plus, on a abonnŽ gracieusement les Žcoles primaires, le service neurologique de la PitiŽ, les MJC et toutes les Sonacotra, comme vous aviez demandŽ.
*-Ce qui me chiffone quand m<>me, c'est que <20>a nous fait chaque semaine 142 lecteurs par exemplaire imprimŽ. On frise le collectivisme.
*-D'autant que le marxisme-lŽninisme cadre mal avec les plans-media des annonceurs. Je vais demander qu'on raye l'Huma-Dimanche de notre service de presse, <20>a fera dŽjˆ dŽgonfler les statistiques des lecteurs de gauche...
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*-Dites-moi Sylvie, qu'est-ce que j'apprends en lisant la page 26 du prochain numŽro!?
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*-Beaucoup de choses Madame la Directrice, c'est tr<74>s instructif!
*-Mais bordel! Un dossier sur les caries alors que la Coulon-Cotton chewing-gum Ltd vient de nous acheter la quatri<72>me de couverture du dernier numŽro de "l'Univers Juniors"! Ils veulent ma mort vos journalistes, ou quoi?
*-Je crois que c'est une idŽe d'un de nos pigistes occasionel que nous n'employons que de temps en temps, <20>a ne se reproduira plus!
*-a ne m'Žtonne qu'ˆ moitiŽ... Rassurez-moi Sylvie, vous n'avez quand m<>me pas dŽjˆ payŽ cet imbŽcile?
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*-Je cite de mŽmoire: "Ce sont les Žlecteurs de droite qui mangent le plus de foie gras et ceux de gauche qui prŽf<C5BD>rent le calendos?"
*-Mais Madame la Directrice, vous aviez pourtant demandŽ qu'on commande un sondage sur les Fran<61>ais et la nourriture...
*-Oui je sais, avec un grand jeu-test pour l'ŽtŽ :"Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es". Mais c'est quand m<>me un peu lŽger comme conclusion...
*-Mais nous rŽvŽlons Žgalement que ce sont les jockeys qui mangent le moins de cheval, les vŽgŽtariens le moins de viande, les chats le plus de souris et les immigrŽs clandestins le plus de couscous.
*-Ces journalistes, il faut toujours <20>tre derri<72>re leur dos... A propos, j'ai des rendez-vous pour demain?
*-Vous <20>tes invitŽe ˆ la radio, au "Grand Carrefour de la Presse". Un grand dŽbat vous opposera ˆ vos confr<66>res Alain GlŠtzenbaum et Fernand Boiron-Loisel.
*-Encore ces deux lˆ? Va encore falloir se f‰cher avec eux... Et <20>a sera sur quoi, que je prŽpare un peu le sujet?
*-Au dŽbut, ils pensaient structurer le dŽbat autour du th<74>me "DŽclin de la France et immmigration". Mais ils ont renoncŽ, <20>a sera sur le tour de France.
*-Mais j'y connais rien, en cyclisme! Pourquoi ils sabotent toujours tout?
*-C'est ˆ dire qu'ils avaient dŽjˆ fait une table ronde "Immigration et dŽclin de la France". Or depuis plus de trois jours il n'y a eu ni crime raciste, ni destruction de mosquŽe, ni Žlections en AlgŽrie. Et comme au derni<6E>res nouvelles les immigrŽs refuseraient toujours de s'intŽgrer, il n'y avait aucun ŽlŽment nouveau pour coller ˆ l'actualitŽ...
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*-Amandine Lacan-Palmer, bonjour...
*-Palmer-Lacan...
*-Oui... Vous <20>tes depuis trente ans la femme de Tom Lacan, le cŽl<C5BD>bre peintre?
*-Enfin, pas tout ˆ fait. C'est plut™t lui qui est mon mari, Žtant donnŽ que j'avais envie de me marier bien avant de le conna”tre.
*-Oui, alors ce qui est extraordinaire chez vous, c'est que vous avez un parcours tout ˆ fait original?
*-C'est beaucoup dire. J'ai rencontrŽ mon Žpoux qui n'Žtait alors qu'un de ces mŽdiocres barbouilleurs tels que ceux qui hantent les plateaux de tŽlŽvision...
*-Et vous <20>tes devenue journaliste ˆ plein temps, pendant qu'ˆ vos heures perdues vous Žtiez la muse, enfin l'ŽgŽrie, de Tom Lacan?
*-En quelque sorte, et le reste du temps j'Žtais son Žpouse. Puis j'ai voulu m'orienter vers la littŽrature. J'avais pensŽ ˆ un guide pratique destinŽ aux m<>res soucieuses de donner une Žducation correcte ˆ leurs enfants en bas-‰ge.
*-Et c'est comme <20>a que vous avez eu l'idŽe d'Žcrire "Petit bŽbŽ deviendra grand: guide ˆ l'usage des m<>res catholiques"?
*-Absolument! Et c'est lˆ que je me suis aper<65>u qu'il me manquait la mati<74>re du livre, l'essentiel en somme: faire des enfants. Ce qui, vous en conviendrez, a nettement retardŽ la publication du livre.
*-Mais comment se porte votre couple depuis, parce que, dites-moi, quel succŽs en librairie!
*-Le livre a servi de tremplin ˆ la carri<72>re de mon mari: il vient de dŽcrocher plusieurs contrats pour exposer dans des maternitŽs prestigieuses, et je compte moi-m<>me dŽposer un projet de loi au parlement en vue d'augmenter le nombre de triplŽs. France, la famille est de retour!
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*-Paul-Henri de Lavali<6C>re, vous <20>tes un personnage tr<74>s controversŽ...
*-Pas du tout, je n'ai jamais ŽtŽ controversŽ! Mes dŽtracteurs ne sont que des p<>te-sec et des con<6F>us-sans-joie!
*-Allons, admettez-le que vous ne fa”tes pas l'unanimitŽ!
*-"Le naufrage de la famille du pays de France", mon dernier livre, n'a provoquŽ qu'un vulgaire complot dans les milieux intellocrates et cosmopolites...
*-Justement, j'allais y venir... Si j'ai bien compris, vous proposez un train de mesures afin de sauvegarder les patronymes francais?
*-Exactement, le nombre des noms de famille va en diminuant, notamment par le jeu des mariages. Il s'agit d'une vŽritable perte d'identitŽ culturelle.
*-Par exemple les petits-enfants de Madame Palmer-Lacan, auteur du "Guide ˆ l'usage des m<>res non-cŽlibataires" ne portent que le nom de Lacan. C'est bien <20>a?
*-Encore que celui de Palmer ne soit pas tr<74>s fran<61>ais... C'est un mauvais exemple.
*-Oui... Alors je lis page 136 "Puisque nous sommes chez nous, pourquoi ne pas poser comme condition ˆ l'entrŽe ˆ l'Žcole des enfants juifs et maghrŽbins, l'acceptation d'un nom francais menacŽ tel que Prosper Lucas ou Alfred Plougastel?"
*-D'autant qu'avec la surnatalitŽ galopante des femmes israõlites et musulmanes, des noms comme La Menthe ou Dugenoux seraient remis au gožt du jour en quelques gŽnŽrations. Ce serait de plus un excellent facteur d'assimilation.
*-SOS Racisme a tout de m<>me Žmis quelques rŽserves, et a apostrophŽ le gouvernement ˆ ce sujet...
*-Encore des digressions d'une gauche imbŽcile et tiers-mondiste! D'ailleurs votre monsieur Harlem DŽsir n'a m<>me pas un nom africain, alors qu'il ne vienne pas emmerder les Francais!
*-Restez assis, je vous en prie... Euh, oui... Votre programme ne s'arr<72>te pas lˆ, je crois?
*-Je prŽvois en plus l'attribution de noms ˆ particule ˆ ceux qui se porteraient volontaires pour un service militaire de 72 mois dans les commandos parachutistes. AprŽs <20>a, qu'on ne vienne pas prŽtendre que je suis raciste!
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*-Roger-Antoine ChimŽric, bienvenue sur notre plateau, vous <20>tes l'invitŽ d'honneur de notre Žmission sur la famille. Ceci en raison de votre rŽcent mariage, c'est bien <20>a?
*-Parfaitement, je viens d'Žpouser la fille de mon nouvel Žditeur.
*-C'est votre neuvi<76>me union, je crois?
*-Eh oui, dŽjˆ! Comme le temps passe! Et quand on aime, on ne compte pas!
*-Quelle santŽ... Et je crois que vous avez autant d'humour dans votre dernier livre "Flouze", paru aux Žditions de la feuille d'oseille?
*-Non pas du tout. C'est un roman tr<74>s sŽrieux, grave dirai-je, qui pose les grandes questions de notre temps.
*-Quelles grandes questions? Il ne m'avait pourtant pas semblŽ que vous aviez parlŽ des media...
*-Non, des questions comme actions ou obligations, or ou pierre, vendre ou acheter, grand ou petit, riche ou pauvre, blanc ou noir, perruque ou implants, Neuilly ou Avenue Foch, avec ou sans rŽservoir...
*-Oui? Amandine Palmer-Lacan, maman de huit enfants et auteur du "Guide de la nouvelle m<>re juive" voudrait vous poser une question...
*-Monsieur ChimŽric, j'aurais voulu savoir si votre femme vous a ŽpousŽ pour votre argent?
*-Pourquoi l'argent ne ferait-il pas partie de la personnalitŽ? Encore ce racisme anti-rŽussite qui pŽnalise la France sur les marchŽs internationaux! Croyez-moi, il aurait fallu payer ma femme tr<74>s cher pour qu'elle accepte de rester pauvre...
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*-Marcel Grainblet, vous avez Žcrit votre roman avec votre femme, ˆ quatre mains si j'ose dire?
*-Parfaitement, de m<>me que nous avons con<6F>u de concert notre enfant.
*-Justement, nous parlions tout ˆ l'heure de "Apprenez ˆ faire vous-m<>me votre enfant" d'Amandine Palmer-Lacan, votre ouvrage est consacrŽ lui aussi ˆ la famille?
*-Sans dŽflorer le sujet, on peut dire que c'est l'histoire d'une femme...
*-Qui je crois qu'il s'agit d'une jeune directrice littŽraire corse?
*-Pas du tout.
*-Ah...
*-Tout commence par la mŽprise de Judith Coquard, une dynamique m<>re cŽlibataire. PressŽe de se rendre au kiosque ˆ journaux afin d'<27>tre la premi<6D>re sur les annonces immobili<6C>res, elle s'enfuit de la maternitŽ en se trompant de bŽbŽ...
*-C'est donc une vive attaque contre la crise du logement en rŽgion parisienne ainsi qu'une violente satire de l'instinct maternel?
*-D'autant plus qu'elle Žl<C5BD>vera cet enfant pendant vingt-huit ans sans se rendre compte que ce dernier est noir.
*-C'est extraordinaire! Pendant vingt-huit ans??
*-Jusqu'au jour o<> une mystŽrieuse lettre anonyme vient rŽtablir la terrible vŽritŽ.
*-C'est en effet, Marcel Grainblet, une sc<73>ne d'une grande intensitŽ dramatique...
*-Et d'un seul coup, tout se bouscule dans la t<>te de cette femme emportŽe par un terrible destin. Que faire? Garder pour elle ce fardeau qui p<>se sur ses Žpaules, ou bien rŽveler ˆ celui qu'elle a aimŽ durant toutes ces annŽes sa vŽritable origine...
*-D'autant que ce dernier, qui Žvidement ne se doute de rien, est devenu jeune diplomŽ en droit et entame une carri<72>re d'avocat international tr<74>s prometteuse?
*-Oui, car on veut faire chanter Judith Coquard: qu'adviendrait-il de son fils si le parquet apprenait qu'il est noir? Et comment rŽagirait-il lui-m<>me, qui n'Žcoute que Chopin et Vivaldi?
*-On s'en veut presque de sourire autant ˆ la situation, mais ce passage est quand m<>me assez truculent, non? Finalement, c'est AndrŽ Coquard lui-m<>me qui apprendra qu'il est noir?
*-Dix ans plus tard en regardant par hasard James Brown ˆ la tŽlŽvision. Dans un acc<63>s de rage, il assassine sa m<>re, la fait cuire ˆ l'ŽtouffŽe et la dŽvore sans mŽnagement. Il deviendra prŽsident de Centrafrique sous le nom de Ng'bwana Bougoumbou. Mais, brisŽ, il ne parviendra jamais ˆ oublier.
*-C'est finalement une grande le<6C>on d'amitiŽ entre les peuples... Et pour finir, dites-moi Marcel Grainblet, c'est quand m<>me un peu autobiographique, non?
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*-Maurice Blanchart, vous <20>tes journaliste ˆ Actuel et sociologue. On pourrait dire que votre nouveau catŽchisme en bande dessinŽe rŽsume un peu la querelle des anciens et des modernes?
*-Oui, de tout temps un certain Žpiscopat conservateur a toujours ŽtŽ dŽphasŽ par rapport aux jeunes dŽfavorisŽs.
*-PrŽcisons tout de m<>me que vous dŽcrivez JŽsus sous les traits d'un jeune chanteur de rap de la citŽ des quatre mille, les Romains en agents de police et les Pharisiens comme autant d'habitants du 7<>me arrondissement... Vous ne craignez pas de choquer les conceptions religieuses de certains?
*-Mon but n'est que de remettre au gožt du jour un catŽchisme dŽsuet et poussiŽreux, faire dire en quelque sorte aux jeunes de notre temps "JŽsus-Christ, il assure un max!"
*-Oui? Amandine Palmer-Lacan, m<>re de huit enfants et auteur du "Guide du parlŽ chŽbran pour les parents des ados" a particuli<6C>rement apprŽciŽ le passage de la multiplication des pains, n'est-ce pas?
*-En effet, j'aimerais lire cet extrait, ˆ la fois -je crois- jeune et tellement frais! Alors, page 4...
*"La posse ˆ JŽsus lui dit: Yo man, c'est vraiment la gal<61>re! Le sound-system est fini, le dernier tromeu vient de s'arracher et y'a tout le public qu'a la dalle!"
*"Vous Žnervez pas comme <20>a les keums, dit MC JŽsus. Y nous reste assez de thune pour acheter deux fish-burger au Mac Do"
*"Putain l'autre, deux fish-burgers, c'est la d<>che ton truc! Si on arrive pas ˆ leur filer un plan-bouffe correct va y'avoir d'la baston, c'est sžr."
*"Z'<27>tes vraiment reloux! Vous <20>tes pas des vrais rebelles, ou quoi, rŽpondit JŽsus. Asseyez-vous et posez vos ghetto-blasters, je sens que j'ai un groove d'enfer ce soir!"
*"Putain, arrrrrr<72>te! Comment t'as fait? T'as vu tout les fish-burgers, <20>a fait au moins cinq mille! On va m<>me pouvoir en ramener pour les meufs ˆ Mouloud et Nourredine! Tu veux nous faire gerber tellement qu'on va bouffer, ou quoi?"
*"Ecoutez mes lyrics killer, dit JŽsus: t'vois, Dieu y te dit un truc pas compliquŽ, sois cool et prends pas la t<>te au gang de l'escalier d'en fa<66>e. Z'avez qu'ˆ dire au DJ d'envoyer le beat, je vais vous improviser un cantique-rap d'enfer sur un dub mix de Public Enemy! AllŽluyah!"
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*-Jean Lerond, on peut dire que cette-fois vous avez un peu quittŽ les sentiers battus du roman...
*-Parfaitement, "L'enfant, l'<27>tre et le nŽant" est le fruit de longues annŽes de recherches scientifiques sur l'Žducation.
*-En effet, c'est un travail tout bonnement gigantesque! Mais ne craignez-vous pas d'exaspŽrer les milieux progressistes?
*-Vous voulez parler du chapitre sur les mŽthodes actives d'Žducation des adolescents?
*-Justement, vous n'y allez pas avec le dos de la cuill<6C>re: vous prŽconisez carrŽment le retour aux ch‰timents corporels!?
*-Je pense qu'il s'agit d'une stimulation particuli<6C>rement efficace, surtout vers l'age de dix-huit ans, stimulation que nos sociŽtŽs mollement sociales-dŽmocrates et prŽtendument modernes ont ŽrigŽe en tabou.
*-PrŽcisons Žgalement que le fait d'avoir ŽtŽ vous-m<>me un enfant battu n'a en rien entravŽ votre brillante carri<72>re d'Žcrivain... Mais quand m<>me... Enfin, je veux dire... a fait mal, non?
*-Vous savez, je suis avant tout un pragmatique. Recevant de plus chaque mois la revue des scouts royalistes, je suis donc particuli<6C>rement au contact des rŽalitŽs quotidiennes de la jeunesse francaise.
*-Oui? Amandine Palmer-Lacan, m<>re de huit enfants et auteur de "Lisez vous-m<>me l'avenir de bŽbŽ dans sa bouillie", ne semble pas tout ˆ fait d'accord avec vous...
*-Vous savez Madame, il y a vingt-cinq ans, j'ai demandŽ ˆ la DDASS de me fournir des jumeaux que j'ai confiŽs ˆ une nourrice que je compte dans mes relations.
*-Et alors?
*-Je lui ai demandŽ, moyennant rŽtribution, qu'ˆ chaque pollution nocturne, le premier enfant re<72>oive un Carambar et un badge des TriplŽs, et l'autre un coup de pied au cul.
*-Une expŽrience passionnante sur le terrain si je comprends bien?
*-Je crois que l'Žpoque n'est plus au dogmes et aux doctrines. Vingt-cinq ans aprŽs, le jumeau qui a ŽtŽ battu vient de passer adjudant-chef dans le trois<69>me R.I. tandis que l'autre vivote lamentablement dans un groupe de musique pop. Il faut s'en tenir aux faits...
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*Avant de faire le zouave esth<74>te de noeud sur canapŽ, Patrice KlŽber avait beaucoup baroudŽ. Puis il s'Žtait calmŽ. Mais pas rangŽ pour autant ni perdu son incisive mordante de grand-reuportaire. D'ailleurs il partait souvent en voyage de presse. Il aurait prŽfŽrŽ mourir plut™t que d'<27>tre enterrŽ dans un caveau de famille trop confortable.
*La m<>re d'Amandine, aujourd'hui bien agŽe, aimait beaucoup Patrice KlŽber. Il disait dŽfendre littŽrature et culture ˆ la masse populaire, il faisait la promo de cinq livres par semaine. Et ce jour lˆ, c'Žtait encore mieux. Amandine passait une nouvelle fois ˆ la tŽlŽ. Sa m<>re ne s'en lassait pas.
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*"N'oubliez pas que Radio Nudiste est une radio culturelle associative. Pour conserver une indŽpendance absolue, Radio Nudiste refuse toute ressource publicitaire. Aidez-nous ˆ demeurer libres, adhŽrez ˆ notre association! Et maintenant, les programmes de l'aprŽs-midi: de 14H ˆ 15H, le panorama du jour, avec une anthologie de la littŽrature nudiste parue aux *Žditions de la feuille de vigne. A partir de 15H et ce jusqu'ˆ 16H, une minute de silence ˆ la mŽmoire des martyrs de la cause nudiste. Aujourd'hui: Michel Polnareff. Nous continuerons en musique jusqu'ˆ 20H, avec notamment "Bodies" par les Sex Pistols, "Nue au soleil" par Brigitte Bardot, "Stripped" par Depeche Mode et "Et vlan, passe moi l'Žponge" -dans une *version tr<74>s dŽpouillŽe- par Dick Phimosis et les Ejaculateurs PrŽcoces. 20H, heure ˆ laquelle nous retrouverons le journal rŽduit ˆ l'essentiel pour la mise ˆ nu de l'actualitŽ. A 20H01, dans le cadre des annales du rŽvisionisme nudiste, deux des plus grands naturistes amŽricains se pencheront sur une question Žpineuse: "et si le p<>chŽ originel n'avait *jamais existŽ?". Vous pouvez d<>s maintenant poser vos questions par tŽlŽphone au 90 60 90. Et tout de suite, nous retrouvons Julio pour le Top 69!"
*C'Žtait comme <20>a l'amour. a rend con, mais c'est beau quand m<>me. Un dr™le de monop<6F>de qui tenait mal debout, malodorait du pied et pour un peu n'aurait jamais existŽ. On partait ˆ la chasse, avec le choix des armes (Žpuisette, Golf GTI, Almanach Vermot). Certains restaient sur la file de droite, d'autres grillaient les limitations, mais tous finissaient en gŽnŽral par isoler au moins un spŽcimen d'occasion garanti pi<70>ces et main d'Ïuvre. On le bichonait le temps du r™dage, on l'astiquait, on oubliait la vidange.
*Souvent, l'un des deux passagers (il vaut mieux <20>tre deux en amour, on se sent moins seul) se prenait d'envie de s'incrŽmenter. Tom voulait un garcon, Amandine ne voulait rien entendre. Grand reportage avant tout. Une carte de presse revenait moins cher ˆ l'usage qu'un bŽbŽ, et classait plus qu'un chauffe-biberon, m<>me ˆ prise RS232.
*C'Žtait comme <20>a l'amour. Marrant. Dire que si Amandine avait craquŽ pour la machine ˆ laver qu'essayait de lui nŽgocier un vendeur ConforamŽ poli et astiquŽ, jamais elle n'aurait rencontrŽ Tom. Jamais Tom n'aurait senti ses cheveux, mordu sa bouche, tentŽ de dormir contre son Žpaule (un peu osseuse au demeurant). Jamais ils n'auraient ŽcoutŽ Satie en se tenant chaud de toutes leurs forces, et en voulant que <20>a soit comme dans un grand film en Panavision, avec la musique qui passe en m<>me temps.
*On devrait toujours garder un peu de linge sale sur soi, au cas o<>. Mais Amandine s'Žtait arr<72>tŽe en chemin, elle lui avait mis le bagne au doigt mais prŽtendait que sa descendance n'Žtait ni au contrat ni ˆ l'ordre du jour. Son reportage lui avait montŽ la t<>te et baissŽ les idŽes. Amandine condamnait son couple ˆ ne jamais baiser utile.
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*FIN