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*6 COLERE
=MYOPE

Le soir du premier jour o— j'ai port‚ mes lunettes, je me souviens avoir demand‚ … Maman si je devais les garder pour la nuit.

Rigolez si vous voulez, mais il ne m'apparaisaŒt pas comme ‚vident de devoir les enlever une fois au lit. Maman, elle, ne comprit visiblement pas trŠs bien le sens de ma question. C'est peut-ˆtre ce jour l… que quelque chose s'est d‚finitivement bris‚ entre nous.

J'avais imagin‚ que ma myopie r‚cement d‚busqu‚e se devait d'ˆtre une sorte de sacerdoce, un ‚tat d‚sormais immuable et b‚tonn‚ que je me voyais (pas trŠs bien) colporter, lunettes aux nez, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Maman, qui ‚tait trŠs terre-…-sol, me demanda si c'‚tait pour mieux voir mes rˆves. "Pffff" soupirais-je en haussant les ‚paules. Les rˆves existaient bien avant les ophtalmos. Mais … son ƒge, Maman ne pouvait d‚j… plus comprendre ces choses l….

Et moi, je d‚testais mes lunettes.

*4 ENVIE
&MYOPE
=APPAREIL

Etre myope passait encore, mais porter des lunettes ‚tait trop pour moi. Voil… pour ma premiŠre grande frustration.

La seconde grande frustration, du moins durant ma prime jeunesse, f–t de n'avoir jamais port‚ d'appareil pour les dents. J'enviais le sourire d'acier et ce charme si particulier, ce petit quelque chose d'indescriptible. A la limite du signe ext‚rieur de richesse.

Ma foi, m‚tal pour m‚tal, j'aurais bien ‚chang‚es mes montures contre un appareil … redresser les torts dentaires.

H‚las, la Nature en avait voulu autrement. Dieu s'‚tait tromp‚ de quelques centimŠtres dans le sens de la hauteur et m'avait flanqu‚ sa tare aux yeux plut“t qu'aux dents. Il avait mal vis‚. Il s'en foutait certainement comme de son premier pardon ("enfant de salaud" lui disais-je … l'‚poque, sans que jamais il n'ait r‚pondu).

J'avais comme le sentiment d'une profonde injustice.

Je me trouvais moche … cause de ces saloperie de lunettes … la con. Elles faisaient plus que faire partie de moi, elles ‚taient moi. Celui qui m'aimait aimait d'abord et avant tout mes putains de lunettes, que moi je detestais.

J'avais presque irr‚m‚diablement assimil‚ ma paire de prothŠses … une partie de mon corps. Mirote … plein temps, binoclarde non-stop. Tout bien r‚fl‚chi, j'avais quelque part l'impression d'ˆtre coupable. Sans doute d'autre chose, certainement mˆme.

Mais quelqu'un devait payer, vomir et expier cette faute de quelques dixiŠmes en pas assez. Evidement, c'‚tait moi. Et le repentir tardait.

*5 LUXURE
&APPAREIL
=SEDUCTION LUNETTES

Pour moi, l'effet que pouvait avoir sur les gar‡ons une machoire brillant au soleil ne faisait aucun doute. Il en ‚tait tout autrement pour les lunettes. Je me souviens mˆme avoir pris l'attirance que certains ‚prouvaient pour moi comme une sorte de d‚sordre, … placer sur le mˆme plan que la scatophilie ou quelque horreur de ce genre.

Je la voyais v‚ritablement comme une perversion. Et encore, ‚tais-je loin de les connaŒtre toutes … l'‚poque.

Ma s‚duction s'op‚rait plut“t MALGRE mes lunettes qu'… cause d'elles. C'‚tait surtout mes jolies gambettes, si vous voulez mon avis (ainsi que mes petits nichons qui, quand ils eurent pouss‚, en rendirent fous plus d'un).

Si j'avais eu un appareil … me mettre sous la dent, tout aurait ‚t‚ bien diff‚rent.

*7 PARESSE
&MYOPE
=SUITE

Pourtant, malgr‚ mes lunettes, j'avoue ne pas avoir ‚t‚ tout … fait desservie par le Seigneur ("C'est un autre nom pour Dieu" me disait ma mŠre, enfin Maman. Je crois vous avoir d‚j… un peu parl‚ de l'un et l'autre). Le Tout-puissant, quelques mois aprŠs avoir ‚tal‚ mon infirmit‚ optique au grand jour, se montra provisoirement plus cl‚ment.

Que je vous raconte. C'‚tait dans un gymnase.

Vous savez, ces vastes ‚tendues placard‚es d'un linoleum verdƒtre bigar‚ de lignes jaunes, de lignes en pointill‚s blanches, de lignes ‚paisses en pointill‚s bleux, de lignes fines violettes et de lignes ‚paisses hachur‚es de rouges (repr‚sentant respectivement les limitations des terrains de hand-ball, de tennis, d'un jeu inconnu, de volley-ball et de hockey sur glace, ces derniŠres restant relativement peu utilis‚es sous nos latitudes temper‚es).

*8 SUITE
=SUITE

C'‚tait donc dans le gymnase, AU gymnase, le gymnase du collŠge. J'‚tais en sixiŠme, en sixiŠme dans le gymnase du collŠge. L…, Un professeur d'Education Physique et Sportive (encore que les termes "physique et sportive" puissent ˆtre sujets … caution) fa‡onnait nos petits corps ch‚tifs et nos jeunes esprits avides de savoir.

Telle ‚tait l'exaltante mission que lui avait fix‚e l'Education Nationale (o—, avouons-le, la pr‚sence du TrŠs-Haut mentionn‚ ci-dessus s'avŠre souvent moins imm‚diatement perceptible que celle des d‚crets minist‚riels fixant les quotas hebdomadaires de sudation).

C'‚tait donc … notre tour de nous initier … la franche camaraderie de l'effort collectif. On jouait au hand-ball. On jouait souvent au hand-ball (le filet de volley avait myst‚rieusement disparu ce jour l…).

*8 suite
=SUITE

Et moi j'‚tais rempla‡ante. Mais pas toujours, c'‚tait le roulement: on ‚tait trop (et les ‚vŠnements qui vont suivre d‚montrent si besoin ‚tait que les dangers physiques li‚s aux ph‚nomŠnes de surpopulation au sein du monde scolaire constituent un des problŠmes les plus pr‚ocupants de la s‚curit‚ moderne).

Je suivais benoŒtement le match, sans r‚aliser que -r‚flexion faite- il n'y avait rien du plus ridicule au monde que deux ‚quipes de filles de sixiŠme B jouant au hand-ball. Le hand-ball est un jeu d‚bile, et les cuisses des filles de sixiŠme B gigotaient grassement en faisant floc-floc pendant qu'elles driblent.

Nous ‚tions tous bien nourris. Pas moi en particulier, mais en g‚n‚ral, oui. Et la tribune sur laquelle, flanqu‚e de l'‚quivalent de deux ‚quipes masculines je suivais les gauches ‚volutions de mes cong‚nŠres cuissues, avait d–e ˆtre con‡ue dans des temps recul‚s o— les tickets de rationnement compensaient largement l'exc‚dent de masse corporelle li‚ aux semelles de bois.

*8 suite
=SUITE

La tribune s'‚croula sous le poids. (L'attraction terrestre a des raisons que le manque de cr‚dit allou‚ … l'entretien de l'‚quipement para-sportif ignore).

Tous les gars s'en sortirent indemnes. Sauf moi (qui ne suis pas un gars). Et c'est l… que Dieu devient trŠs fort. AprŠs une semaine d'h“pital et un contr“le de fran‡ais en mon absence, j'effectuais un come-back triomphal en classe d'anglais le lundi matin, un plƒtre fa‡onn‚ de frais … ma jambe, deux b‚quilles … mes bras (une … chaque).

L'impact de mon accident sportif aupr‚s du microcosme du collŠge (je d– attendre longtemps avant de connaŒtre la signification exacte du mot "microcosme") ‚tait s‚curisante et ind‚niable. En mˆme temps, ce plƒtre n'‚tait autre qu'un espace immacul‚ offert … l'amicale cr‚ativit‚ de quelques privilegi‚s.

*8 suite
=SUITE

Peu … peu la place s'y fit rare. Un peu comme la crise du logement. On d– m'examiner sous toutes les coutures afin d'y d‚nicher un terrain vierge pour y apposer au stylo bille son paraphe accompagn‚ d'une fleur ou d'un papillon. (Les tags ‚taient moins … la mode qu'aujourd'hui, mais l'esprit y ‚tait, et c'est plus hyg‚nique que de pisser partout pour marquer son territoire).

Mes nuits restaient n‚amoins perturb‚es. Je pouvais enlever mes lunettes (qui m'auraient g‚n‚e pour dormir … plat-ventre), mais pas mon plƒtre (qui m'obligeait pour un temps … dormir sur le dos, je d‚teste ‡a).

Je me souviens mˆme avoir rˆv‚ que F‚lix, jaloux des ‚gards dont j'‚tais l'objet, ait appos‚ surnoisement au marqueur un certain nombre de grossieret‚s qui bouleversaient et ma r‚putation de jeune fille s‚rieuse et l'harmonie esth‚tique de la zone de travaux qui capuchonait ma jambe gauche. Ceci reste un mauvais souvenir que je pr‚fŠre ne pas raconter plus en d‚tails.

*8
=SUITE

C'est g‚nial d'avoir un plƒtre. On n'ose plus faire de mal … une ‚clop‚e, on lui pardonne les retards, tout quoi. Mˆme les profs devenaient presque gentils. J'en oubliais mes lunettes.

Mais la concurrence ‚tait rude (telle est la dure loi de la Vie me direz-vous). Victime d'un autre accident (une des barres asym‚triques, celle du haut, s'‚tait bris‚e sous son poids) G‚raldine Marcius, cette salope de G‚raldine Marcius, s'‚tait cass‚ le bras droit (r‚duisant ainsi … n‚ant les efforts d'aust‚rit‚ d‚ploy‚s afin de r‚sorber le d‚ficit de l'assurance scolaire dans le secteur de la classe de sixiŠme B).

Mais mes b‚quilles et moi gardions l'avantage.

*8 SUITE
=PLATRE

Faut-il pr‚ciser que devant la recrudescence des accidents, ma mŠre songeait … faire venir un exorciste afin de d‚senvouter le collŠge pendant que Police-Secours envisageait d'ores et d‚j… d'y installer une permanance.

Ne pouvant pas courir, j'‚tais uniquement dispens‚e de sport. Ne pouvant pas ‚crire, cette merluche de G‚raldine Marcius s'‚tait quelque peu d‚tach‚e du quotidien des cours de maths ("€a n'est pas parce que tu as un plƒtre que tu es dispens‚e de suivre" lui grin‡ait la prof. "Hein, quoi?" r‚pondais-je interloqu‚e, puisque que je suivais parfaitement. "C'est … Mademoiselle Marcius que je parle" r‚pliquait-elle en montrant les canines … l'interess‚e).

Doit-on voir dans la disparit‚ des ce deux exemptions l'‚ternelle querelle opposant les manuels aux intellectuels? La question reste pos‚e.

*1 ORGUEIL
&MYOPE
=HYACINTHE

Moi-mˆme je me le demande. Comment ai-je pu vivre aussi longtemps sans m'apercevoir de mon handicap? Car il faut bien parler de handicap. Le mot est lach‚, il est dur, je sais, mais il faut ˆtre forte: Je suis une d‚ficiente visuelle contrainte d'intercaler une prothŠse entre mes r‚tines et la r‚alit‚.

C'est l… une concession au monde occidental moderne que nous nous devons d'accorder: si j'avais v‚cu dans une societ‚ primitive (situ‚e grosso-modo avant l'invention de la correction occulaire), j'aurais ‚t‚ tout de mˆme bien emmerd‚e. Comment aurais-je pu passer mon bac et mon permis de conduire? Comment aurais-je pu apprendre … tricoter?

Sans compter que, priv‚ de ressources pour subvenir correctement aux besoins de sa famille, mon ophtalmo aurait sans doute eut du mal … s'int‚grer et sombr‚ rapidement dans la petite d‚linquance.

Mais il est curieux que de toutes les prothŠses, palliant chacune … l'atrophie d'un sens ou d'une fonction pr‚cise, les lunettes soient encore celles qui classent le moins comme assist‚e m‚dicale. Les moins honteuses, en somme.

Pourtant, elles se remarquent plus qu'un dentier, n'innovent pas aussi significativement que le sonotone dolby-st‚reo de grand-pŠre Hyacinthe, et font moins viriles qu'une jolie moumoute. Alors pourquoi?

*1 ORGUEIL
&SEDUCTION LUNETTES

En fait, les binasales sont les seules proth‚ses qui peuvent aussi servir … draguer. Mais j'ai mis du temps … m'en rendre compte.

Car les hommes d'aujourd'hui sont bien diff‚rents des gar‡ons d'hier, du moins dans le domaine pr‚cis de l'appr‚ciation du sex-appeal vitrier (je parle des hommes de go–t, bien entendu. Ceux qui ont compris que l'esprit des filles myopes et autres hyperm‚tropes -mais surtout des myopes- surnage au dessus de la meute visqueuse et grouillonde de la commune des visuelles. Les sondages le prouvent, c'est inattaquable. Reste … savoir si c'est valable aussi pour les mecs).

Voil… pourquoi entre parenthŠses j'ai pr‚f‚r‚ renoncer … des verres de contact trop peu voyants: … quoi bon subir tous les inconv‚nients de l'atrophie visuelle sans en avoir aucun des avantages? Au fil du temps, j'avais appris … tenir … mes lunettes comme … la prunelle de mes yeux.

En attendant, pas mal se s'ont mordu les doigts de ne pas pouvoir me l‚cher les pieds et faire en mˆme temps de l'´il … mes deux ronds de verre. Les grands fous...

*3 GOURMANDISE
&MYOPE
=SUITE

Surtout n'allez pas croire que c'est grƒce … une fr‚quentation assidue des ‚tablissements scolaires que ma myopie f–t d‚pist‚e. Il ne me reste de l'‚cole qu'une maŒtrise … peu pr‚s satisfaisante de la langue fran‡aise et le souvenir de deux ou trois su‡ons.

Bien s–r, il y avait les visites m‚dicales (les ‚lections des chefs de classe sont faites pour nous habituer plus tard au suffrage universel, et les visites m‚dicales … la m‚decine du travail). Sans que nous sachions ni l'une ni l'autre que j'‚tais aussi myope qu'un plat de nouilles, Maman remplissait chaque ann‚e un pli confidentiel pendant que je remplissais un flacon d'urine, tous deux destin‚s … tenir les plus hautes instances m‚dico-scolaires au courant de mon ‚tat de sant‚.

Je me suis longtemps demand‚ pourquoi, une fois que j'eus pass‚ la serpillŠre dans les toilettes, Maman me remettait ce pli d–ment cachet‚, puisqu'il n'y avait rien de secret.

Avec le recul du temps, je crois avoir compris pourquoi elle prenait soin de colmater le document: par tact. Disons par soucis d'‚galit‚ envers les autres elŠves. Imaginez en effet la gˆne de mes camarades cachant des maladies honteuses, rendus d'un coup suspects en comparaison de la transparence que mon ‚tat sanitaire me permettait. Plus de lettres ouvertes.

Et chacun-chacune de s'agripper … ses enveloppe bleu varices pli‚es en deux, aux lisiŠres solidaires et ondul‚es de salive parentale.

*8
=ALLERGIES FELIX

A chaque visite m‚dicale au collŠge, je me souviens avoir remarqu‚ que l'enveloppe confidentiel-d‚fense de F‚lix ‚tait plus grosse que la mienne. Maman devait sans doute ajouter des feuilles suppl‚mentaires tellement il ‚tait malade (il ‚tait allergique au lait, … l'eau, au sucre, … l'air, … sa propre sueur et couvait sans cesse une grippe ou quelque chose d'approchant, enfin tout sauf myope). Remarquez malgr‚ tout qu'il ne connut ses premiers problŠmes d'acn‚e qu'… l'age de vingt-quatre ans.

Une visite m‚dicale, c'‚tait surtout deux ou trois heures de cours qui sautaient. Personne n'avait jamais rien. Les porteurs de lunettes restaient myopes, et moi je r‚citais par c´ur le tableau de test pour la vue (je me souviens que ‡a se termine par Z et U, attendez ‡a va me revenir). Vous avez tous fait ‡a avant moi.

La vue est un sens relatif. Rien ne m'a jamais d‚montr‚ que ma mŠre voyait le rouge de la mˆme fa‡on que moi (F‚lix est daltonien, c'est encore autre chose). Je voyais la vie comme une toile impressionniste: c'‚tait un peu flou, mais pas d‚sagr‚able. Comment aurais-je pu savoir que Dieu pr‚f‚rait la ligne claire? Les moyens de comparaisons manquaient entre ma vue et la r‚alit‚ divine qui s'offraient … mon regard. C'est pourquoi lors du premier jour de ma nouvelle vie de miracul‚e de l'ophtalmologie, je p–s pour la premiŠre fois reconnaŒtre mes parents autrement qu'… l'odeur.

*5 LUXURE
&JOCELYN
=SUITE

Mais dŠs lors qu'il est ‚tabli que j'ai pris l'heureuse habitude de retirer mes lunettes pour dormir, sans doute vous demandez-vous (puisqu'on en est … parler gaudriole) si je les garde ou non pour faire l'amour.

Consid‚rons le problŠme selon la pr‚sence de certains paramŠtres. Il se peut, par exemple, que l'on choisisse d‚lib‚rement d'‚teindre la lumiŠre. Soit pour faire plaisir … l'un des deux b‚llig‚rants se voulant plus sensuelolfactif que visuel, soit pour ‚conomiser l'‚lectricit‚ (l'autre d‚sirant syst‚matiquement que la lumiŠre f–t gard‚e en l'‚tat, allant parfois jusqu'… r‚clamer l'ampoule 100W de la lampe du salon afin de savoir o— il met les pieds durant les ‚bats).

(Pour simplifier, nous n'‚tudierons que les cas de figure … deux personnes dans le plus simple appareil).

Il nous faut ‚galement consid‚rer l'hypothŠse dans laquelle l'action se d‚roule en plein jour o— lorsqu'un accord bilat‚ral … ‚t‚ conclu afin de laisser fonctionner l'‚clairage artificiel.

*8 SUITE
=AMOUR SANS LUNETTES

On le voit, les sujets de discorde ne manquent pas. C'est pour cette raison que l'arriv‚e sur le march‚ des lampes halogŠnes … intensit‚ modulable a permis … nombre de couples de se rencontrer en terrain neutre et d'appr‚cier le compromis et le romantisme jamais d‚suet de la lumiŠre tamis‚e.

La question s'est toujours pos‚e ainsi (je n'ai certes pas toujours port‚ des lunettes, mais ma sexualit‚ a vue le jour aprŠs ma vie de myope. Je ne r‚pond de rien si le destin en avait d‚cid‚ autrement). Quoi qu'il en soit, je v‚nusse souvent dans le noir et toujours sans lunettes.

En contrepartie, il m'arrive fr‚quement de ne retirer mes appƒts correcteurs qu'en dernier. Histoire de garder le meilleur pour la fin.

Avouons-le, Jocelyn ne m'aime pas que pour mes lunettes. J'ai aussi d'autres choses pour moi. Mais de toutes mes qualit‚s, ma myopie est celle qui saute le plus vite aux yeux.

*2 AVARICE
&MYOPE

J'ai mis du temps … me rendre compte que ma s´ur Jos‚phine n'avait pas d'odorat. Si vous me permettez l'expression, j'ai mis du temps … ˆtre au parfum. Comprennez-moi, la c‚cit‚ peut se voir, la surdit‚ s'entendre, la connerie se comprendre, l'anodorat ne se sent pas.

C'est pourtant un handicap comme un autre, mais qui a la particularit‚ de pr‚senter parfois des avantages, notament dans le m‚tro. Enfin moi je suis bien myope, et mon nez sert aussi … porter mes lunettes. Chacun son truc.

Mais infirmit‚ pour infirmit‚, la mienne me revient visiblement plus cher. Que voulez-vous, les montures minimum-social de la s‚curit‚ vitale ne vous donne que le droit de voir les autres vous voir avec de vilaines lunettes.

Pour la s‚cu, la correction est un devoir civique mais la beaut‚ un luxe.

*FIN